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par Antoine Champagne - kitetoa

Quand Dassault Aviation va se renseigner sur le vol en Rafale de Saadi Kadhafi - E02 S02

Le 28 décembre dernier, Reflets publiait l’épisode 1 de la saison 2 de « Les emplettes de Saadi ». Nous expliquions comment le fils du Colonel Kadhafi avait eu les honneurs d'un vol de démonstration du Rafale sur la base d'Istres. Pour cette visite top secret, Dassault Aviation avait mis les petits plats dans les grands, espérant sans doute vendre son fleuron à la Libye.

Le 28 décembre dernier, Reflets publiait l’épisode 1 de la saison 2 de « Les emplettes de Saadi ». Nous expliquions comment le fils du Colonel Kadhafi avait eu les honneurs d'un vol de démonstration du Rafale sur la base d'Istres. Pour cette visite top secret, Dassault Aviation avait mis les petits plats dans les grands, espérant sans doute vendre son fleuron à la Libye. A l'époque, Mouammar était encore entre gentil-gentil et méchant-gentil et il était toujours de bon ton de lui fourguer tout et n'importe quoi. Le président de l'époque, Nicolas Sarkozy, qui déclarait en 2012 ne « jamais avoir frayé avec Kadhafi », république irréprochable oblige, prévoyait même de lui vendre une centrale nucléaire. C'est dire. Saadi Kadhafi faisait donc la tournée des vendeurs d'armes français entre le 6 et le 10 juin 2006. Nous avions publié une vidéo, en avril 2012, montrant Saadi Kadhafi chez Panhard, chez Michèle Alliot-Marie (qui a "beaucoup aimé le souk de Tripoli" où elle avait "fait plein d'achat, surtout chez des bijoutiers, mais également chez les marchands d'armes" car son mari "collectionne les armes anciennes) et chez Thalès. L'épisode 1 de la saison 2, diffusé dans nos colonnes le 28 décembre montrait les photos de son vol de démonstration dans le Rafale. Mais il restait une inconnue : ce que Dassault Aviation avait à dire sur cet essai par Saadi Kadhafi du Rafale.

En effet, pendant la trève des confiseurs, Dassault Aviation est... fermé. Personne pour répondre à a presse. Pas plus au siège de l'avionneur, que nous avions contacté également.

Nous avons donc repris notre téléphone lundi 9 janvier au matin pour questionner le service de presse de Dassault Aviation. Un service de presse, c'est fait pour communiquer. Donc ce qu'il raconte est par nature public, voici donc à peu de choses près notre échange :

  • Bonjour, nous voudrions parler à Stéphane Fort [NDLR : responsable de la communication institutionnelle]
  • De la part ?
  • Reflets...
  • Heu, il est parti en réunion, vous l’appeliez pour quoi ?
  • Des questions sur une visite de Saadi Kadhafi il y a quelques années à Istres.
  • Heeeeeuuu... Vous... Êtes journaliste ?
  • Ah, oui, c'est d'ailleurs pour cela que j'appelle le service de presse.
  • OK, je vais essayer de vous trouver quelqu'un.
  • ................................................................... ..... ....... .......... ...........
  • Oui allô....?
  • Bonjour, je suis Reflets. Vous êtes ?
  • Mathieu Durand, adjoint du dircom de Dassault Aviation
  • Bonjour. Je vous appelle à propos d'un article que l'on a publié sur une visite de Saadi Kadhafi à Istres en 2006. Vous étiez en vacances et on n'avait pu joindre personne...
  • Oui... Oui, votre article me dit quelque chose.
  • Ah bon ?
  • Oui effectivement on m'en a parlé.
  • Je voudrais la position de Dassault, est-ce qu'il est courant d'organiser des vols à bord du Rafale ?
  • Vous faites bien de me rappeler parce que cet article m'avait attiré l'oeil et du coup il faut que j'aille me renseigner un peu plus, ce que je n'ai pas fait, j'aurais du le faire, pour savoir cette histoire, de quoi il retourne, qui, quoi, comment, et puis je vous rappelle parce que je vous avoue, être un peu sec. Donc je reprends vos coordonnées.
  • Oui, je suis Reflets, joignable au numéro suivant...
  • Vous êtes un journal indépendant, rattaché à un autre titre ? Je vous avoue que je ne connais pas. Vous êtes tout seul ou vous avez une petite équipe ?
  • Oh, on a une petite équipe, même un peu élargie...
  • Vous êtes basés où ?
  • A Saint-Cloud, tout près...
  • Ah, oui, d'accord. La localisation importe peu, vous me direz. Bon d'accord, il faut que je retrouve votre papier, que je me fasse expliquer tout ça.... parce que à cette époque là je n'étais pas du tout sur ce type de communication... Donc il faut que je me fasse briefer. Donc vos question c'est en gros ?
  • Est-ce que cette visite a bien eu lieu, mais les photos que l'on a publié sont explicites...
  • Oui, on m'a dit effectivement qu'il y avait des photos, mais heu, les photos, vous les avez eues comment parce que...?
  • Ben ça c'est un peu le secret des sources, mais vous imaginez bien qu'il s'agit probablement de quelqu'un qui est sur les photos.
  • Donc si cette réunion a bien eu lieu et...
  • Et s'il est classique d'organiser des essais en vol.
  • Faire voler un futur client ?
  • C'est un des fils de Kadhafi, pas forcément un futur client.
  • Qui à l'époque pouvait être considéré comme un futur client...
  • Si vous voulez... Oui, d'accord...
  • D'une manière générale, personne ne nous achète d'avion sans les essayer avant...
  • Oui, oui, mais là ce n'est pas le pilote le plus aguerri de l'armée indienne, c'est le fils de Kadhafi, il est footballeur...
  • Ah, parce que là c'est le fils Kadhafi. Il est toujours vivant ou il est mort pendant la guerre ? Vous l'avez interrogé ?
  • Non, il n'est pas mort, mais je ne l'ai pas interrogé.
  • Quel est votre délai ultime ?
  • Je n'en ai pas, puisque l'article est publié, mais le plus tôt c'est le mieux.
  • Très bien monsieur, je m'occupe de ça.
  • Merci. Au revoir
  • Au revoir.

Visiblement, Dassault Aviation a beaucoup de travail puisque la journée n'a pas suffi à trouver la réponse à deux questions simple, dont l'une est évidente. On aurait peut-être dû donner ce lundi midi comme heure limite avant fermeture de l'enregistrement publication ? Ou que Reflets ne ferme ni pendant les vacances, ni la nuit ?

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