Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Yovan Menkevick

Pourquoi la planète pourrait être sauvée, mais ne le sera probablement pas

Le "climatoscepticisme", tel qu'il a été défini, est proche d'une maladie mentale dans les esprits modernes. Ou bien procéderait encore d'un sophisme lobbyiste afin de protéger des intérêts industriels, ceux des grands groupes pétroliers et charbonniers.

Le "climatoscepticisme", tel qu'il a été défini, est proche d'une maladie mentale dans les esprits modernes. Ou bien procéderait encore d'un sophisme lobbyiste afin de protéger des intérêts industriels, ceux des grands groupes pétroliers et charbonniers. De l'autre côté du champ de réflexion, se trouveraient mêlés dans un grand et unique "concert réconciliateur" dirigeants politiques, militants écologistes, économistes, scientifiques, citoyens et autres grandes multinationales soudainement désireux de "sauver la planète" d'un désastre climatique généré par l'activité humaine.

Quelle discussion peut avoir lieu, entre des gens qui émettent des doutes sur la réalité du facteur anthropique du changement climatique, et ceux qui établissent que 90% des 1,1°c d'élévation de la température moyenne planétaire en 130 ans sont causés par des gaz à effet de serre rejetés par l'homme — prétendant que toute la communauté scientifique mondiale en est d'accord ?

Aucune. Et c'est bien normal, puisque le débat ne se situe que sur un seul phénomène qui enferme l'ensemble de la réflexion sur le problème de fond qui lui — n'est pas abordé. Mais quel est-il ce problème ? Sauver la planète. Enfin, disons plutôt : les écosystèmes et l'un de ses membres : l'Être humain.

Analyser un seul problème majeur

La science d'observation du changement climatique comporte de nombreux acteurs issus de différents champs scientifiques, et pas seulement la climatologie. Ces champs scientifiques ont été — et c'est unique dans l'histoire des sciences — mis sous tutelle politique, via le GIEC, une instance de l'Organisation des nations unies (ONU). Un "consensus scientifique" (lui aussi unique dans l'histoire des sciences) a donc été déclaré sur les causes du réchauffement climatique : il n'y a plus besoin d'apporter de preuves de ces causes, puisque la "communauté des scientifiques de la planète" (autre concept unique) — établie par le GIEC — accepte les conclusions… Du GIEC.

Ce consensus amène alors une nouvelle étape, qui succède à celle de la démonstration scientifique des causes du réchauffement, celle "des moyens de le freiner", puisque l'arrêter ou l'abaisser n'est — selon ces théories — pas vraiment possible. Les moyens sont simples : réduire drastiquement les rejets de gaz à effet de serre des activités humaines, dont le plus fréquent est le CO2. Ainsi, le problème central et crucial pour l'humanité — le réchauffement en cours calculé pour les 100 années à venir par des modèles informatiques — pourra-t-il être, si ce n'est maîtrisé, au moins amoindri.

Si nous nous accordons avec cette analyse du problème majeur de l'humanité, du "défi" établi par le GIEC et repris par les gouvernements, les ONG, et accepté par une grande partie des citoyens occidentaux — majoritairement européens — toute contradiction sur ce sujet est intolérable. C'est bien compréhensible : comment oser contester la pire crise planétaire que l'homme n'ait jamais connu sans être vraiment ou bien corrompu, ou bien inconscient, si ce n'est complotiste, voire délirant ? C'est très vrai. Sauf si cette contestation est biaisée : le problème majeur et crucial de l'humanité a été déplacé par cette analyse du GIEC, au détriment de celui-ci. Et ce problème est une catastrophe en cours qui continuera  et aura des conséquences planétaires bien plus prévisibles et dramatiques que celui du réchauffement calculé par le GIEC.

Déplacer le problème : le meilleur moyen d'éviter de le régler

Le problème planétaire actuel est celui de la pollution industrielle. Oui, et donc tous ceux qui militent pour la lutte contre le réchauffement climatique — et croient que c'est une lutte contre la pollution qui est en cours — applaudissent des deux mains les mesures onusiennes, convaincus de participer au "sauvetage de la planète". Alors que c'est exactement l'inverse qui se produit.

Si l'on regarde plus attentivement ce qu'il se passe aujourd'hui concrètement en termes de "crise planétaire", les éléments les plus catastrophiques sont la pollutions des océans, des sols, des nappes phréatiques, de l'air ambiant. Les cancers chez l'homme sont en pleine explosion, les perturbateurs endocriniens contaminent la plupart des populations au point de mettre en danger les capacités cognitives des générations les plus touchées. La diversité et la quantité de la faune est en train de se réduire drastiquement, le nombre de morts provoquées par la pollution de l'air explose, l'érosion des côtes par les activités humaines est exponentielle. Des millions d'enfants meurent chaque année du fait de la contamination des eaux. La nourriture manque majoritairement à plusieurs milliards de personnes à cause des défaillances de leurs gouvernements en matière de gestion alimentaire, d'organisation économique. La planète est pillée, les écosystème savamment détruits, les ressources naturelles privatisées pour engranger des profits toujours plus importants.

Existe-t-il un groupe international sous égide de l'ONU pour régler ce problème actuel, visible, quantifié et que l'on sait mener l'humanité dans un mur terrible ?

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture ? Le Fonds monétaire international ? La Banque mondiale ? Le GIEC ?

Quelle bonne blague.

Pourquoi n'y a t-il pas un GIEP : Groupe d'experts intergouvernemental d'étude sur l'évolution de la pollution ? L'équivalent du GIEC, mais pour étudier l'impact des pollutions humaines sur le globe terrestre et sur l'écosystème afin de calculer leurs effets dans le futur ? Avec des conférences internationales et des engagements sur 30 ans, 40, ans, 50 ans des pays signataires pour diminuer leurs pollutions des sols, de l'eau, de l'air, avec des engagements pour sortir des énergies risquées et ultra polluantes en terme de contamination radioactives et de gestions de déchets ?

Oui, pourquoi ?

Et bien parce que ce problème a été écarté. Au profit de celui du changement climatique et des rejets de gaz à effets de serre.

La planète ne sera vraisemblablement pas sauvée

La seule fois où les scientifiques travaillant pour le GIEC ont constaté une baisse des émissions de gaz à effet de serre a été durant les années 2009-2010. Au plus fort de la crise financière, alors que toutes les grandes économies régressaient. Quand des récessions frappaient des pays. La solution à la diminution des rejets de CO2 est donc toute trouvée : faire décroître l'économie. Continuons après tout de rêver, puisque malgré des tas d'accords antérieurs (le protocole de Kyoto date de 1995) dont ceux de Paris en 2015, les rejets de CO2 et autres gaz à effet de serre continuent d'augmenter.

Mais des milliards de dollars, d'euros, de yuans, vont être consacrés à l'abaissement de ces rejets. Tandis que les sols continueront d'être contaminés, avec des mines de cobalt, de lithium incroyablement polluantes (où des enfants de République du Congo travaillent), ouvertes pour construire des millions de batteries pour les véhicules électriques, ou encore des mines d'uranium pour des centrales nucléaires de nouvelle génération.

"Dans un monde 100% véhicule électrique, UBS a calculé que le cobalt est la matière première dont les besoins devraient le plus augmenter (+1.928 % comparé à la production mondiale actuelle), derrière le lithium (+2.898 %). (Les Échos)

Les industries chimiques auront des filtres climat-compatible mais rejetteront toujours leurs particules ultra fines sur les populations et dans les rivières et continueront d'enfouir leurs déchets sous terre. L'agro-industrie sera compatible avec les accords climatiques mais l'eau, les sols seront toujours bourrés de nitrates et autre agents cancérogènes. Le GIEC et tous ses défenseurs sont-ils conscients de leur rôle dans l'accompagnement de la destruction de la planète, quand ils contribuent à focaliser l'attention mondiale et les budgets sur le seul problème des émissions de gaz à effet de serre ? Pas vraiment certain…

Ne soyons pas aveugle : que l'homme réchauffe ou non le climat n'a aucune espèce d'importance tant que l'écocide en cours perdure. Il est d'ailleurs très simple pour quelqu'un comme l'auteur de ces lignes de nier toute fabrication scientifique et politique par le GIEC et de s'accorder sur le réchauffement anthropique. Essayons pour voir.

L'homme réchauffe le climat, mais détruit la vie sur terre : et on fait quoi ?

Partons du principe que l'homme réchauffe bien le climat par ses activités. En prenant en compte tous les éléments cités plus haut au sujet de la catastrophe en cours, quelle est l'urgence ? Faire des conférences, sur le climat, signer des accords, continuer l'abaissement d'émission de Co2 ? Promettre des voitures "propres" et des centrales atomiques en complément des renouvelables ? Ou bien se préoccuper de la pollution qui ravage le globe ? Le GIEC a fait son travail : les causes du climat sont connues, les mesures à prendre sont connues elles aussi, pourquoi ne pas fermer cette institution et la remplacer par une autre ? Avec un GIEP, par exemple, comme mentionné plus haut.

Nous aurions ainsi des rapports scientifiques précis sur les effets des pollutions humaines, à tous les niveaux. Des vidéos publiées sur le Monde qui montreraient l'évolution dans le temps de la perte de biodiversité, des maladies, des morts causées par la pollution. Des modèles informatiques pourraient nous alerter sur le moment où il s'agirait de "stopper telle industrie ou telle activité humaine avant que ce ne soit trop tard". Nous pourrions vérifier les taux de maladies orphelines et de cancers sur chaque secteur où des industries polluantes sont implantées, connaître le taux de particules ultra fines (et pas seulement celle de plus 1 microgramme) dans l'air.

Tout le déroulement de la fin des espèces, de la mort des cultures, de la contamination des eaux pourrait être modélisé par les scientifiques au service du GIEP. Nous pourrions ainsi savoir quandet avec quelle prééminence des enfants naîtront avec des déficiences… Les modèles du GIEP pourraient nous permettre aussi de savoir quand il n'y aura plus de poissons dans les mers et les océans, et quand les abeilles auront entièrement disparu. Tout en continuant d'abaisser nos émissions de gaz à effet de serre. Bien entendu.

Tout ça pourrait être fait.

Oui.

Si nous avions la volonté de sauver la planète. Donc la biosphère, l'écosystème, et au final ce qu'on appelle la "nature". Si seulement si…

 

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