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par Antoine Champagne - kitetoa

Portugal : 0 - Reflets.info : 1

Dans la série « tout va bien » et "on vous prend pour des cons", nous retrouvons en cette fin de semaine le Portugal, l’Espagne et l’euro. A en croire le FMI, l’Espagne n’a aucun besoin de l’aide de l’Europe. A en croire, encore cet après-midi, le Portugal et l’Europe, ce pays n’a pas besoin de l’aide internationale. A en croire les commentateurs très éclairés, l’euro va très bien, d’ailleurs, il atteint des sommets face au dollar, renforcé qu’il est par Nicolas Sarkozy.

Dans la série « tout va bien » et "on vous prend pour des cons", nous retrouvons en cette fin de semaine le Portugal, l’Espagne et l’euro. A en croire le FMI, l’Espagne n’a aucun besoin de l’aide de l’Europe. A en croire, encore cet après-midi, le Portugal et l’Europe, ce pays n’a pas besoin de l’aide internationale. A en croire les commentateurs très éclairés, l’euro va très bien, d’ailleurs, il atteint des sommets face au dollar, renforcé qu’il est par Nicolas Sarkozy.

Manque de bol, ce soir, le Portugal a officiellement appelé l'Europe à l'aide pour éviter la faillite (même si un Etat ne fait jamais faillite). Lors de son arrivée sur le Web, Reflets.info pronostiquait un appel à l'aide du Portugal en dépit des dénégations de l'Europe de Lisbonne. Nous avons gagné notre pari et croyez-le, cela ne nous fait pas plaisir.

Bien entendu, il serait plus reposant de croire sur parole les optimistes invétérés. Mais une autre lecture est possible et elle est particulièrement inquiétante.

Prenons les choses dans l’ordre. Le Portugal a placé mercredi 1 milliard d’euros sur les marchés en titres à 6 et 12 mois. Le taux servi à 6 mois est passés de 2,984% il y a trois semaines à 5,117% tandis que celui à 12 mois est passés de 4,311% à 5,902%. Qu'en serait-il dans quelques semaines à ce rythme sans l'aide internationale ? Ahem...

Alors que l’Europe et le Portugal démentaient encore mercredi après-midi que des négociations soient en cours, les marchés estimaient que le pays ne passerait pas le cap du mois de juin sans une aide internationale. Bingo, dans la soirée, le premier ministre José Socrates a officiellement formulé sa demande.

En fin de journée, le ministre portugais des finances, Fernando Teixeira dos Santos, expliquait au journal Negocios que le pays allait « devoir faire appel aux mécanismes de financement dans le contexte européen en fonction de la situation politique actuelle. Cela demandera également le concours et l’engagement des forces et institutions politiques ».

Relisons les mots du ministre en question il y a quelques mois:

Le Portugal "ne prévoit pas" de recourir à l'aide extérieure et "fait tout pour éviter une telle éventualité"C'est ce qu'a affirmé mardi le ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos, alors que la pression s'est accentuée ces derniers jours sur Lisbonne pour accepter un plan de sauvetage.

Cela "causerait des dommages très significatifs à la réputation du pays" qui "mettrait des années à récupérer", a-t-il ajouté.

Et le 1er mars dernier :

Le ministre des finances portugais, Fernando Teixeira dos Santos, a exclu jeudi soir que le pays y soit confronté, tout en reconnaissant qu'il n'était "plus aussi confiant" de pouvoir éviter le recours à une aide extérieure.

Les banquiers du pays eux, sont clairs : « au secours », crient-ils en cœur.

Mince… Ca va mal donc.

Ajoutons à cela, ce qu’en pensent les investisseurs. Leur niveau d’inquiétude, si l’on se réfère à l’évolution des CDS au cours du premier trimestre 2011 explose les limites.

La Grèce est toujours le pays le plus risqué, comme au trimestre précédent. Voilà une bonne preuve que le « sauvetage » de la Grèce par l’Europe est une vraie réussite. Si les investisseurs n’y croient pas, à quoi ont servi ces milliards grillés pour « redonner confiance aux marchés » ? A rien puisque comme nous l'avons déjà expliqué, on ne peut pas "rassurer les marchés". C'est simplement contre nature.

Dans la liste des pays dont la dette publique est la plus risquée, suivent le Vénézuéla, l’Irlande (tiens, un autre pays sauvé par l’Europe…) et, surprise : le Portugal…

L’Irak et l’Egypte arrivent respectivement en neuvième et dixième position.

Pour CMA qui publie ce rapport trimestriel, les investisseurs estiment qu’il y a 58% de chances pour que la dette de la Grèce intervienne dans les cinq années à venir. Ce que, bien entendu, Bruxelles dément le plus fermement du monde. Pourtant, à moins d’ouvrir en grand les vannes du crédit gratuit et avec la signature de la BCE comme assurance, il n’y a probablement pas d’échappatoire… Cette dette grecque devra un jour ou l’autre être restructurée. Mais du côté de Bruxelles et des capitales européennes, dont Paris, qu’on se le dise, c’est gravé dans le marbre dans cet ordre chronologique :

La Grèce n’a pas besoin de l’aide de l’Europe, oups, la Grèce a été sauvée par l’Europe, l’Irlande n’a pas besoin de l’aide de l’Europe, oups, l’Irlande a été sauvée par l’Europe, le Portugal n’a pas besoin de l’aide de l’Europe, oups, le Portugal va être sauvé par l'Europe, la dette de la Grèce ne sera pas restructurée, on ne laissera jamais tomber l’euro…

Reste à voir comment les marchés vont réagir jeudi après cette nouvelle confrontation  avec le mur de la réalité et alors que la BCE compte annoncer une hausse des taux d’un quart de point. Une idée saugrenue d'ailleurs, mais on n’est pas à une erreur de stratégie macro-économique près. De toutes façons, ce sont les ménages qui paieront. Les plus pauvres, bien entendu. Donc, pas de souci.

Paradoxe du rapport de CMA : l’Espagne s’est très bien comportée ce trimestre. Ce qui a soutenu l’Autriche, l’Italie et la Belgique. On verra ce que cela va donner dans les mois à venir après le sauvetage en fanfare du Portugal. Vu l’exposition des banques espagnoles vis-à-vis de la dette portugaise et vue la situation macro-économique générale du pays, il y a fort à parier que le prochain sur la liste soit, justement, l’Espagne.

Les classements étant ce qu’ils sont, il faut prendre en compte l’entrée dans les charts de pays amusants comme l’Arabie Saoudite, vous savez, ces démocraties que l’on invite à aller flinguer du manifestant à Bahreïn. Ou encore, justement, Bahreïn.

Maintenant, l’euro. Avez-vous noté qu’il atteint des sommets face au dollar ? Selon la fenêtre depuis laquelle on regarde cette situation, cela peut vouloir dire que les marchés ont confiance dans cette monnaie merveilleuse et que Nicolas Sarkozy l’a « renforcée » avec tous ses coups de menton et ses petits tressaillements nerveux.

Ou alors… Cela veut dire que le dollar s’affaiblit. D’une part en raison de la politique économique et monétaire des Etats-Unis. D’autre part parce que les investisseurs commencent à comprendre que la plus grosse économie du monde atteint des niveaux d’endettement dramatiques. Que l’inflation pourrait être au rendez-vous, qu’en l’absence d’un accord au congrès, le pays ne pourra plus payer 800.000 fonctionnaires d'ici vendredi. C’est grave docteur ? Oui et non. L’important étant que la chaîne de Ponzi puisse continuer de fonctionner. In fine, c’est Paulo, pardon… John, qui paiera la note.

Les entreprises du CAC 40 ont annoncé des bénéfices record, les banques américaines ont renoué avec la pratique des bonus, les banques françaises engrangent des bénéfices hallucinants.

Et pendant ce temps-là, aux Etat-Unis, l’utilisation des bons d’alimentation n’a ajamsi été aussi importante depuis la grande dépression de 1939.

Souvenez-vous : tout va bien.

Reflets.info milite dès aujourd’hui pour la création d’un hashtag #toutvabien soutenu par la BCE, la FED, Nicolas Sarkozy et Barck Obama. @Elysee, un commentaire ? Et tant que vous y êtes, vous pourriez peut-être répondre à notre question : « où peut-on consulter la liste des avoirs libyens saisis en France » ?

 

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