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par Antoine Champagne - kitetoa

Oussama ben Geronimo

Mais où diable vont-ils chercher tout ça ? Le nom de code de l'opération visant à assassiner Oussama ben Laden a été baptisée "Geronimo", le surnom du fameux guerrier Apache. Et lorsque Oussama Ben Laden a été tué, les forces spéciales ont simplement dit que Geronimo était mort. Geronimo, le vrai, est un symbole de la résistance des Apaches contre les exactions commises par les Américains blancs contre les Amérindiens.

Mais où diable vont-ils chercher tout ça ? Le nom de code de l'opération visant à assassiner Oussama ben Laden a été baptisée "Geronimo", le surnom du fameux guerrier Apache. Et lorsque Oussama Ben Laden a été tué, les forces spéciales ont simplement dit que Geronimo était mort. Geronimo, le vrai, est un symbole de la résistance des Apaches contre les exactions commises par les Américains blancs contre les Amérindiens. Dès lors, le choix de son surnom pour désigner Oussama ben Laden est pour le moins incongru. En même temps, ce ne sera pas seule incongruité de cette histoire.

Comme nous le disions hier, la démocratie ne sort pas renforcée de cette action. Pas plus qu'elle ne l'était par la légalisation de la torture, l'enfermement pour une période indéfinie et sans procès dans une prison coupée du monde, les enlèvements, la multiplication des lois liberticides, on en passe. Généralement, les démocraties trainent les terroristes devant des tribunaux. Elles n'envoient pas des tueurs dans des pays étrangers pour leur coller une balle dans la tête. On ne parle pas des femmes et enfants qui semblaient présents dans cette maison et dont on ne sait pas grand chose.

Oussama ben Geronimo est donc mort. Du coup, comme ça, à première vue, celui qui était la cause de la "guerre globale contre le terrorisme" a disparu. Il est donc maintenant possible de rappeler très vite les militaires officiels et officieux qui imposent la démocratie en Irak et en Afghanistan à coup de bombes et de mitrailleuses lourdes.

Ah... Oui, mais non. A peine les dirigeants de la planètes avaient-ils dansé la carmagnole autour de la dépouille du grand méchant loup, qu'ils se reprenaient, comme surpris par ce qu'impliquaient leurs propos. C'est une grande victoire sur le terrorisme, disaient-ils. Du coup ? C'est fini ? On va pouvoir abroger le Patriot Act ? Sortir de Vigipirate (6 ans de période rouge quand même), etc. ? Ben non. Les voilà qui ajoutent prestement : "mais rien n'est gagné". Ouf. On est rassurés, la guerre continue. C'est tant mieux parce que la guerre, c'est un peu comme les marchés financiers, là où quelqu'un a perdu, il y en a qui gagnent. Explication : avec près de 1200 milliards de dollars dépensés pour les guerres en Afghanistan et en Irak, il y a des industries qui s'en sont mis plein les fouilles. Ceux qui ont perdu, sont bien entendu en premier lieu les 150.000 civils irakiens morts depuis 2003 et le nombre visiblement indéterminé(nable?) des morts civils en Afhanistan. Mais aussi l'occident et son concept de démocratie qui a évolué pour devenir... autre chose.

D'ailleurs, jusqu'à il y a peu, les présidents successifs signaient des "executive orders" interdisant aux services d'aller assassiner des gens selon leur bon vouloir. Un truc que l'on appelle aussi des exécutions extrajudiciaires et que l'on rencontre normalement plutôt dans les dictatures. Bref. Voilà ce que dit l'Executive Order 12333 (pour ceux qui n'ont pas suivi le lien):

No person employed by or acting on behalf of the United States Government shall engage in, or conspire to engage in, assassination.

Oui, bon, ça c'était avant que les terroristes nous obligent à faire comme eux.

Relisez trois fois la phrase ci-dessus. Si rien ne vous choque, relisez ça.

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