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par Antoine Champagne - kitetoa

Nicolas : mentir, c'est pas beau...

Bon, c'est fait, il l'a eue sa petite guerre, l'agité de l'Elysée. Et en plus, avec une belle excuse qui marche bien, façon storytelling de première catégorie : Nicolas Sarkozy, seul au monde, avec ses super-pouvoirs, a forcé le reste des pays de la planète à prendre la défense d'un peuple martyrisé. Et oui, Nicolas Sarkozy se préoccupe des populations martyrisées. Comme au Yémen, comme à Barhein, comme ce qui risque bien d'arriver en Syrie, en Arabie Saoudite...

Bon, c'est fait, il l'a eue sa petite guerre, l'agité de l'Elysée. Et en plus, avec une belle excuse qui marche bien, façon storytelling de première catégorie : Nicolas Sarkozy, seul au monde, avec ses super-pouvoirs, a forcé le reste des pays de la planète à prendre la défense d'un peuple martyrisé. Et oui, Nicolas Sarkozy se préoccupe des populations martyrisées.

Comme au Yémen, comme à Barhein, comme ce qui risque bien d'arriver en Syrie, en Arabie Saoudite...

Ca va être chaud les mois à venir. Espérons que nous avons plein de Rafales, de Mirages et que les Américains ont beaucoup de Tamahawks. Par qu'il faut bien l'avouer, si on a dégommé quelques tanks avec nos mirages, ce sont surtout les missiles Tomahawk qui ont fait le ménage dans la défense anti-aérienne libyenne. De même le général américain en charge des opérations a bien voulu concéder en conférence de presse que les Français étaient bien les premiers à voler au dessus de la Libye, mais qu'à partir du moment où les missiles sont partis en promenade, c'était bien les Etats-Unis qui prenaient la tête de l'opération. Bref.

Donc Nicolas Sarkozy, pour la bonne cause, a lancé sa guerre. Fort bien. Mais espérons qu'il a bien réfléchi à la suite. Parce que comme souvent avec celui qui se précipite plus vite que son ombre,  ça pourrait mal tourner.

Le mandat de l'ONU est un peu bancal. Pourquoi ? Simplement parce qu'il permet aux puissances qui décident de faire partie de cette nouvelle coalition du bien de faire respecter une zone de non survol aérien au dessus de la Libye afin de protéger les populations civiles pourchassées par un dictateur fou. Or, que fait-on lorsque la zone de non survol est établie, ce qui, au dire des Américain est désormais chose faite ? On attend que, poliment, le colonel Kadhafi comprenne qu'il doit partir ?

Parce qu'une fois la zone de non survol et les populations "protégées", cela ne change rien au problème. On se retrouve avec un colonel Kadhafi toujours aussi dingue, qui reste en place et attend le moment où il pourra se venger de ces crypto-insurgés en leur balançant une bonne série de missiles Milan sur le coin de la figure.

Il faut donc faire partir Kadhafi. Ce que la résolution ne permet pas. C'est pourtant ce qu'à déclaré hier Barak Obama.

"C'est la ligne des Etats-Unis : M. Kadhafi doit partir (...) et je dois vous dire que cela se fera dans quelques jours, pas dans quelques semaines", a-t-il précisé.

Comment compte-t-il obtenir ce résultat sans troupes au sol ? Mystère. D'autant que la coalition répète à loisir qu'elle ne coordonne pas avec les insurgés les frappes, et qu'il n'y a pas de troupes au sol. Pour le premier point, même si c'est difficile à croire dans la mesure où les insurgés sont les mieux placés pour déterminer qui sont les méchants et où ils se trouvent, faisons confiance à la coalition. Pour le second point, on prend les observateurs pour des imbéciles. Les frappes aériennes sont "pointées" par des troupes au sol qui ont été déployées à l'intérieur des lignes ennemies. C'est toujours ainsi que cela se passe. Cela a été le cas en Irak, en Afghanistan, on voit mal comment il pourrait en être autrement en Libye. Passons.

Donc, la situation déclenchée dans la précipitation par notre président aux super-pouvoirs risque bien de s'enliser. Il n'y a pas de sortie de crise possible sans un départ du colonel Kadhafi. L'isoler est une situation espérée par la coalition, mais il semble bien qu'il puisse encore compter sur ses équipes... Le temps et les bombardements aideront peut-être. Mais rien n'est certain. Dans le pire des cas, il faudra renégocier une résolution à l'ONU, ce qui peut prendre très longtemps et aliéner l'appui des pays voisins de la Libye qui critiquent déjà l'étendue des bombardements alors qu'ils étaient initialement d'accord pour imposer une zone de non survol. A titre d'exemple, il avait fallu pas moins de 78 jours de bombardements de la Serbiepour obtenir quelque chose.

Nicolas Sarkozy, qui ne fait rien sans arrière pensée politique a déclenché cette opération, alors qu'il était resté outrageusement silencieux sur les situations en Tunisie et en Egypte, et qu'il l'est toujours pour le Yémen et Bahreïn, compte énormément sur cette guerre pour sa réélection en 2012. Ce n'est pas Reflets.info qui le dit, avec son mauvais esprit légendaire et revendiqué, mais Le Monde.fr :

En attendant les analyses fines du scrutin, les responsables de la majorité se sont attachés à minorer l'ampleur de l'apparente défaite. En chantant un même refrain, qui tient en trois couplets : le niveau record de l'abstention interdit de tirer toute leçon ; cette faible participation invalide la thèse d'un vote sanction contre l'exécutif, car, s'ils avaient voulu faire passer un message de mécontentement, les Français se seraient mobilisés massivement ; et, enfin, le scrutin, local, ne permet pas d'extrapoler au niveau national.

La consigne avait aussi été passée, manifestement, d'élargir le débat vers la Libye. Au pupitre de l'UMP, M. Copé a ainsi commencé son intervention sur les élections cantonales... en saluant "nos soldats" et en rendant "hommage à l'action du président de la République, au courage et à la détermination dont il a fait preuve au nom de la France".

Avouons-le, à ce stade, Nicolas Sarkozy ne fait plus pitié. Pitié en raison de ses pathétiques opérations de com'. Non, il fait juste honte. Profondément. Pour longtemps. Très longtemps. Définitivement, même.

 

 

 

 

 

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