Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

Ne dites plus "débat sur la place de l'islam", dites "débat sur la laïcité"

Tirer parti des erreurs du passé n'est pas l'une des qualités premières du président de la république. Le naufrage du débat sur "l'identité nationale" ne l'a pas empêché de remettre le couvert. Sa chute dans les sondages et la progression de Marine Le Pen l'ont poussé à proposer un débat sur "la place de l'Islam dans la République". Et pourquoi pas un débat sur la place du catholicisme ? Sur la place des témoins de Jéhovah ? Sur celles des Raeliens ? De la droite décomplexée ?

Tirer parti des erreurs du passé n'est pas l'une des qualités premières du président de la république. Le naufrage du débat sur "l'identité nationale" ne l'a pas empêché de remettre le couvert. Sa chute dans les sondages et la progression de Marine Le Pen l'ont poussé à proposer un débat sur "la place de l'Islam dans la République".

Et pourquoi pas un débat sur la place du catholicisme ? Sur la place des témoins de Jéhovah ? Sur celles des Raeliens ? De la droite décomplexée ? Des bouddhistes ?

Pourquoi pas ? Parce que ça ne ferait pas baisser Marine Le Pen dans les sondages. Ni grimper Nicolas Sarkozy.

Il y a au gouvernement des gens (Juppé et Fillon notamment) qui ne sont pas aussi décomplexés que le président. La nuance est infime, mais elle existe. Ils sont peut-être aussi un peu plus pragmatiques et clairvoyants. Ces personnes ont donc milité pour que le "débat sur la place de l'islam dans la république" change de nom. C'est de la com. Rien de plus. Le but reste le même. Stigmatiser les musulmans, attiser la haine, le rejet, trouver un ennemi intérieur sur lequel focaliseront les Français. Mieux vaut concentrer l'attention des électeurs sur ce sujet que sur la profonde crise économique, sur les errements de la diplomatie, sur les scandales à répétition ou sur l'échec du "président du pouvoir d'achat". Bref. Le débat sur la place de l'islam dans la république va désormais s'appeler le "débat sur la laïcité". Ne nous y trompons pas, le coeur du débat restera l'islam. En d'autre temps, les français s'interrogeaient sur les Juifs. Fort heureusement, les musulmans français ne finiront pas dans des trains à destination de camps de la mort.

Le ministre chargé des Affaires européennes, Laurent Wauquiez était ce matin l'invité de France-Info. Comme nous l'indiquions hier, Laurent Wauquiez parle comme Nicolas Sarkozy. Mêmes intonations, même phraséologie. C'est très intriguant.

La journaliste l'a interrogé sur le lancement demain de ce débat sur la place de l'islam dans la république par le président de la république. Cela va se passer dans la bonne ville de Puy-en-Velay dont Laurent Wauquiez est le maire. Etrangement cette ville est le point de départ des pèlerinages vers Saint Jacques de Compostelle. "C'est un symbole", explique décomplexé Laurent Wauquiez pour qui notre pays doit "assumer son identité, son histoire, son histoire et ses racines chrétiennes". "Quand on nie son identité, l'identité se venge et aboutit à l'intolérance, insiste-t-il. Comme disait la journaliste, les musulmans qui prient dans la rue, c'est mal, en revanche, les chrétiens qui font leur pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle, c'est autorisé. Question d'identité et de décomplexitude sans doute.

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée