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par Antoine Champagne - kitetoa

Mort de Ben Laden : l'erreur

Communions mes frères, le grand méchant loup est mort. Ben Laden a été tué par l'armée américaine. Et l'ensemble de la planète et des dirigeants de se réjouir. C'est le chemin de la facilité qui est choisi. Oussama Ben Laden n'est bien entendu pas le genre de personne qui déclenche la sympathie. Pour autant, doit-on se réjouir de sa mort comme le font aujourd'hui les principaux dirigeants de la planète ? Pas si sûr.

Communions mes frères, le grand méchant loup est mort. Ben Laden a été tué par l'armée américaine. Et l'ensemble de la planète et des dirigeants de se réjouir. C'est le chemin de la facilité qui est choisi. Oussama Ben Laden n'est bien entendu pas le genre de personne qui déclenche la sympathie. Pour autant, doit-on se réjouir de sa mort comme le font aujourd'hui les principaux dirigeants de la planète ? Pas si sûr.

"L'axe du bien", comme l'avait désigné George Bush ne sort pas grandi de son combat contre Al Qaida. Deux guerres qui ont fait des milliers de morts civils, la légalisation de la torture, les enlèvements illégaux partout dans le monde, la "livraison" de personnes kidnappées à des pays connus pour leur usage immodéré de la torture, l'emprisonnement à durée indéfinie sans que les "enfermés" sachent ce qui les amène dans une prison coupée du monde (Guantanamo)... Autant de choix qui ont lentement, mais sûrement fait glisser la démocratie vers... autre chose.

Le choix de tuer Ben Laden plutôt que de le trainer devant un tribunal va dans le même sens que les erreurs passées évoquées supra.

Les démocraties se différencient des dictatures, justement parce qu'elles permettent des procès équitables et n'appliquent pas la peine de mort.

Il est étonnant de noter que la mort de Ben LAden intervient alors que l'on commémore le début du procès d'Adolph Eichmann.

En ce temps-là, Israël avait choisi (pour diverses raisons, certaines avouables, d'autres moins) de juger publiquement l'un des protagonistes essentiels de la Shoah. Ce fut utile. Pour tenter de comprendre, pour faire le deuil, pour construire l'avenir.

Aujourd'hui, le monde a changé. Un homme est assassiné et les dirigeants se réjouissent :

"Cet accomplissement capital est une victoire pour l'Amérique, pour les peuples épris de paix et pour tous ceux qui ont perdu des proches le 11 septembre 2001" (George Bush)

Un "triomphe retentissant pour la justice, la liberté et les valeurs partagées par tous les pays démocratiques qui luttent côte à côte dans leur détermination contre le terrorisme" (Benjamin Netanyahu)

Un "grand soulagement pour les peuples dans le monde" (David Cameron)

La "victoire de toutes les démocraties qui se battent contre ce fléau abominable qu'est le terrorisme". "La France, les Etats-Unis comme d'autres pays européens coopèrent étroitement pour lutter contre le terrorisme. C'est donc une nouvelle qui me réjouit profondément". (Alain Juppé)

"On ne peut que se féliciter de ce qui s'est passé cette nuit", "Ce sera pour ce pays une façon de cicatriser une blessure ouverte depuis le 11 septembre" (Christine Lagarde)

Aucun doute, la liste des Lou Ravi va s'étendre. Et assombrir encore le ciel au dessus de la tête des démocraties.

 

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