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par Antoine Champagne - kitetoa

Manuel Valls, réfléchir ne nuit pas à la santé

Photo AFP librement adaptée par nos journalistes clowns Il faut de la mémoire pour replacer les pièces du puzzle que nos hommes et femmes politiques construisent et  déconstruisent en permanence afin de mieux nous plonger dans l'ignorance. C'est au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy que François Fillon, alors premier ministre, lançait imperturbable : "Notre pays a besoin d’un électrochoc, on n’a pas le temps de réfléchir, d’attendre, de prendre notre temps".

Photo AFP librement adaptée par nos journalistes clowns

Il faut de la mémoire pour replacer les pièces du puzzle que nos hommes et femmes politiques construisent et  déconstruisent en permanence afin de mieux nous plonger dans l'ignorance. C'est au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy que François Fillon, alors premier ministre, lançait imperturbable : "Notre pays a besoin d’un électrochoc, on n’a pas le temps de réfléchir, d’attendre, de prendre notre temps". Presque dix ans plus tard, Manuel Valls (faites clic-clic sur ce lien, vous vous coucherez moins bêtes), premier ministre lui aussi, emprunte la même voie : «Pour ces ennemis qui s'en prennent à leurs compatriotes, qui déchirent ce contrat qui nous unit, il ne peut y avoir aucune explication qui vaille. Car expliquer, c'est déjà vouloir un peu excuser", a-t-il martelé le 9 janvier 2015. Réfléchir ? Mais pourquoi faire ?

Deux personnes, de bords politiques apparemment opposés s'adressent au bon peuple pour lui dire : ne pense pas. Ne réfléchis pas. N'essaye pas de trouver des explications à un fait qui impacte ta vie.

Ce ne peut être une coïncidence.

Agir sans réfléchir, ce que prônent ces deux personnes, c'est faire un pari dangereux. Un peu comme jouer au loto. Soit la décision prise se révèle efficace face à la problématique posée et tout va bien, soit -et c'est beaucoup plus probable, elle se révèle désastreuse. A la place où ils sont, on peut raisonnablement s'inquiéter. Et même, disons-le, il est acceptable de s'énerver. Car même s'ils l'ont oublié depuis très longtemps, les hommes politiques ne sont que dépositaires de l'autorité qu'ils exercent sur le peuple. C'est ce dernier qui leur délègue son pouvoir. Pour un temps donné et en fonction d'un programme précis. Ne pas respecter ce programme, prendre des décisions erronées par manque de réflexion, par pure bêtise, par calcul, par cynisme, cela devrait les mener tout droit dans les oubliettes de l'histoire politique. Oh, bien sûr, ce n'est pas le cas puisque les hommes et femmes politiques qui pensent nous gouverner sont là depuis... avant notre naissance pour une bonne partie et au moins trente ans pour le reste. C'est dire si le peuple est indulgent avec eux.

Mais revenons aux récentes déclarations de Manuel Valls, dans le sillage de celles de François Fillon, l'exécutant des basses oeuvres de Nicolas Sarkozy pendant les cinq ans de son règne.

«Pour ces ennemis qui s'en prennent à leurs compatriotes, qui déchirent ce contrat qui nous unit, il ne peut y avoir aucune explication qui vaille. Car expliquer, c'est déjà vouloir un peu excuser. […] Rien ne peut expliquer que l'on tue à des terrasses de cafés! Rien ne peut expliquer que l'on tue dans une salle de concert ! Rien ne peut expliquer que l'on tue des journalistes et des policiers ! Et rien ne peut expliquer que l'on tue des juifs ! Rien ne pourra jamais expliquer!»

Non, rien de rien...

La construction de la phrase autour du postulat "rien ne peut expliquer" est ridicule. "Rien ne peut excuser" peut être entendu. Qui voudrait excuser de tels meurtres ? Personne. Rassurons tous Manuel Valls qui a l'air très inquiet. Mais franchement... Rien ne peut expliquer ? Vraiment ? A quoi servent donc les sciences sociales, la psychiatrie, la philosophie, la sociologie, la théologie, et tant d'autres matières ? A rien ?

Refuser de tenter de comprendre ce qui a mené ces terroristes à passer à l'acte, c'est faire l'impasse sur les moyens de contrer les prochains. Et cela, Manuel Valls, un jour, il vous faudra peut-être en répondre devant de nouveaux cercueils. Y avez-vous seulement pensé ?

La suite de la déclaration de Manuel Valls apporte un début d'explication...

«Nous avons subi un acte de guerre et c'est une véritable guerre qui nous a été déclarée, et nous devons l'affronter et la gagner»Ceux qui ont vécu la guerre savent bien, eux, que ce qui s'est passé à Paris n'a rien à voir avec une guerre. Manuel Valls le sait aussi.

Mais avec le même cynisme que celui préside à la récupération politique des attentats depuis qu'ils sont survenus, il tente de faire accroire au bon peuple que la seule réponse est la guerre. Le gouvernement Français a décidé de répondre aux attentats par la guerre, car une guerre lui a été déclarée. Point barre. Ne réfléchissez pas, n'essayez pas de décortiquer cette assertion. C'est comme ça.

Pourtant... Le postulat de départ est faux (d'ailleurs on ne tente pas de réfléchir pour savoir s'il l'est ou pas, on n'a pas le temps) et la réponse est... Mauvaise.

Si la guerre était une réponse efficace au terrorisme, cela se saurait désormais. Car la guerre totale contre le terrorisme, elle a été lancée par George Bush au lendemain du 11 septembre 2001. Résultat ? Le terrorisme se porte toujours aussi bien. Et même, on pourrait malheureusement être tenté de dire qu'il se porte mieux.

L'Histoire est contre vous messieurs. Le terrorisme n'a été enrayé que par la réintégration dans le "jeu" politique de leurs tenants. Par la "diplomatie". Jamais par la guerre. Pas plus qu'une armée d'occupation n'a réussi à maintenir ses positions sur le long terme.

 

Muzak playin' while this paper was written : The house of the rising Sun, Cancion del mariachi, No church in the wild, Lovit, Maria.

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