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par Antoine Champagne - kitetoa

M. Contraventions ne payait pas ses PV ? Quelle surprise...

Mediapart révélait hier que le préfet Jean-Jacques Debacq,, Directeur de l'Agence nationale de traitement automatisé des infractions (Antai), le bidule qui génère les contraventions pour excès de vitesse (notamment), n'avait pas payé une série de PV, évitant ainsi des retraits de points sur son permis. C'est intéressant. Mais tellement évident. Qui dans les ministères paye ses contraventions, serait peut-être une question plus appropriée.

Mediapart révélait hier que le préfet Jean-Jacques Debacq,, Directeur de l'Agence nationale de traitement automatisé des infractions (Antai), le bidule qui génère les contraventions pour excès de vitesse (notamment), n'avait pas payé une série de PV, évitant ainsi des retraits de points sur son permis. C'est intéressant. Mais tellement évident. Qui dans les ministères paye ses contraventions, serait peut-être une question plus appropriée. Élargissons : qui dans les détenteurs de voitures de fonction (dans le privé) se fait retirer des points sur son permis ?

Premier point Jean-Jacques Debacq n'a fait qu'appliquer au public ce qui est monnaie courante dans le privé. Mieux vaut être riche que pauvre et malade... Dans le secteur privé, les détenteurs de voiture de fonction ont généralement le privilège de ne jamais voir leurs permis débité des fameux points, dans la mesure où le ministère de tutelle de Jean-Jacques Debacq ne fait pas l'effort de demander qui était le conducteur de la voiture appartenant à la flotte de l'entreprise. Ce qui n'est évidement pas le cas pour les 99% qui ne disposent pas de voiture de fonction.

Second point, Jean-Jacques Debacq n'est certainement pas le seul fonctionnaire à profiter de sa position pour éviter les PV. Ni le seul particulier. Il est de notoriété publique que les PV peuvent "sauter". Comment ça marche ? Le meilleur moyen est de connaître un policier et de lui demander de l'aide. Attention, il ne faut pas insulter le policier qui a dressé le procès verbal, vous allez comprendre pourquoi. Votre ami policier à qui vous demandez de l'aide va s'adresser à celui qui a rédigé le PV et lui demander s'il peut, par pure confraternité ou parce que vous êtes "favorablement connu de son service", de faire sauter le papillon vert. Si, comme une personne que j'ai connue, vous avez mal traité celui qui a délivré la contravention, votre ami policier risque de recevoir cette réponse : "cher confrère, tu diras à ce monsieur que quand il arrêtera de m'enculer, je ferai preuve d'indulgence".

Vous pouvez également connaître un politique ou une personne bien placée dans un ministère. L'effet sera sans doute à peu près similaire.

On imagine donc aisément que la plupart des membres de l'administration, à partir d'un certain niveau, ne payent pas leurs PV. Soit parce qu'ils sautent, soit parce que l'affaire se règle de service à service. Bien évidemment, cela ne marchera pas si vous vous faites flasher à 240km/h, mais un petit excès de vitesse devrait passer.

Bref... La question soulevée par Mediapart mérite d'être approfondie, comme l'indique Stéphanie Fontaine à la fin de son article.

Mais surtout, la question des voitures de fonction devrait être posée par nos parlementaires, si l'on tient pour acquis que la loi est la même pour tous.

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