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par Antoine Champagne - kitetoa

Les tambours de la révolte résonnent fort

Ah, mais, me souffle-t-on dans l'oreillette, tout cela commence à être éclipsé par la reprise de l’activité volcanique de l’Islande qui risque, ou pas, de perturber la navigation aérienne. L'Espagne votait ce week-end pour renouveler les communautés autonomes et les équipes municipales. Le Partido Popular, de droite, a balayé le Parti socialiste avec 37,53% des suffrages contre 27,79 pour le PSOE et 6,31% pour IU (gauche).

Il a beau s’époumoner à dire qu’il a sauvé la France de la crise financière mondiale et donc, de la crise économique dans laquelle s’enfoncent les pays dits développés, Nicolas Sarkozy n’a pu nous éviter les conséquences ni de l’une ni de l’autre. Quant aux répercussions qui approchent à grand pas… Combien sont-ils, les dirigeants de la planète à marteler que la reprise est là, alors que les fondamentaux macro-économiques montrent le contraire ? Que le bon sens près de chez vous laisse entrevoir des soucis majeurs ? Rien n’y fait, la machine à produire du « same old bullshit » continue de s’emballer. Et les politiques de s’entêter à grands coups de méthode Coué. J’ai réussi, j’ai réussi, tout va aller mieux. Ayez confiance… Justement… Les peuples n’ont plus confiance, ni n’avalent les vieux discours aussi éculés que foireux.

Le printemps arabe est évidemment spécifique à ces pays. Mais comme il y a un tronc commun à tous les arts martiaux, il y a un tronc commun au mouvement mondial de contestation populaire qui a commencé.

Ce rejet des discours marketing politiques, du storytelling politique, est le tronc commun. Désolé messieurs, ça ne prend plus. Trop gros… passera pas.

Lors des révolutions tunisiennes et égyptiennes, Reflets.info s’était interrogé : comment réagirait Nicolas Sarkozy si des milliers de Français se mettaient à camper place de la Concorde, de l’Arc de Triomphe ou, de la Bastille. En demandant son départ avec un vibrant « casse toi pauv’con »  ou « dégage » ? Un peu, mais sans doute pas beaucoup,  mieux que ses anciens amis Zine ben Ali ou Hosni Moubarak. Et depuis la révolution tunisienne, tout le monde sait que la police française a un savoir-faire internationalement reconnu pour la gestion des « émeutes ».

Ce n’est pas en France que le virus a pris en premier, mais en Espagne, après un soubresaut aux Etats-Unis.

Il y a désormais une bonne semaine que les Espagnols campent dans les rues du pays, réclamant un changement profond, sur une tonalité apolitique, façon printemps arabe. Ce n’est pas une révolte politique, c’est une révolte populaire, un ras-le-bol général bien au delà des oppositions politiques traditionnelles droite-gauche. Ces mouvements sont très intéressants mais peuvent évoluer de plusieurs manières. S’ils partent en vrille, la violence sera au rendez-vous. Un bon moyen éculé pour discréditer le mouvement, les politiques ont l’habitude, ils savent d’ailleurs envoyer des provocateurs.

Ce n’est pas la première fois que les Espagnols nous donnent des leçons de démocratie. Combien de casserolades pour dire leur désapprobation de la guerre en Irak tandis que les Français étaient outrageusement silencieux ?

Cette fois, ils ont décidé de camper puerta del Sol. Et ça marche. Les manifestations ont été interdites ce week-end, en raison des élections. Rien n’y a fait, ils n’ont pas bougé. L’un des hashtags sur Twitter est d’ailleurs #nonosvamos (on ne s’en va pas). Mieux. Alors qu’il était prévu de démonter les camps spontanés, décision a été prise de continuer le mouvement au moins  jusqu’à dimanche prochain.

Des revendications de bon sens

Que demandent ces empêcheurs de faire de la politique à la papa ?

El Pais a tenté de dresser une liste non exhaustive :

  • Plus de démocratie directe (l’accès pour de petits partis à la représentation nationale.
  • La fin du « bipartisme » (PP, PSOE).
  • La fin de la corruption.

- Une véritable lutte contre le chômage des jeunes.

Une réforme des méthodes de licenciement. - Un assainissement du système financier qui tienne la route. - Une égalité des droits. - Un accès au logement facilité. - Plus de transparence dans le financement des partis

Le mot d’ordre « Indignez-vous » de Stéphane Hessel -dont le livre vient d'être traduit en espagnol- semble avoir porté et s'affiche sur les banderoles dans les rues.

Le mouvement du 15-M (15 mai) a par ailleurs lancé une journée de la réflexion. Et visiblement, cela a plutôt bien marché. Les propositions économiques, dans le domaine de l’éducation, etc. ont fusé. Oh, mais… Mon dieu, le peuple pense ?!

Heureusement, la presse française a donné à ce mouvement toute la visibilité qu’il mérite. Largement plus que l’entrée en prison de DSK, la demande de remise en liberté de DSK, le calcul du coût de la remise en liberté de DSK, les modalités de la remise en liberté de DSK, la remise en liberté de DSK, le premier jour de remise en liberté de DSK, le deuxième jour de remise en liberté de DSK, le…

Ah, mais, me souffle-t-on dans l'oreillette, tout cela commence à être éclipsé par la reprise de l’activité volcanique de l’Islande qui risque, ou pas, de perturber la navigation aérienne.

L'Espagne votait ce week-end pour renouveler les communautés autonomes et les équipes municipales. Le Partido Popular, de droite, a balayé le Parti socialiste avec 37,53% des suffrages contre 27,79 pour le PSOE et 6,31% pour IU (gauche).

Reste que les votes comptabilisé ont atteint 66,23% des votes, les abstentions 33,77%, les nuls 1,7% et les blancs 2,54% (record historique pour ces deux derniers). Soit 38% de votants qui ne se retrouvent dans aucun des partis politiques présents.

En France, quelques personnes se sont réunies place de la Bastille cette fin de semaine. Mais pour l'instant, on est loin de l'engagement citoyen observé dans pays comme la Tunisie, l'Egypte ou l'Espagne. Question de temps.

L'Espagne est dans une situation économique terrible et non avouée. Si les politiques martèlent que l'Espagne n'est ni la Grèce, ni l'Irlande, ni le Portugal, la population sait bien ce que c'est que de vivre dans un pays dont le taux de chômage est au delà de 20%...

Le système financier du pays est en mauvaise posture (un euphémisme). Les Espagnols sont largement propriétaires de leurs logements. Mais avec les effets de la crise des subprimes, les banques se sont retrouvées "propriétaires" d'une foultitude de logements qui ne valent plus grand chose. Les programmes de construction sont en rade. L'économie souterraine du pays a toujours eu un poids très important.

Bref, la situation est explosive et il suffirait de peu de chose pour que la réalité s'impose avec sa cohorte d'effets terribles pour la population, comme cela s'est vu en Grèce.

 

 

 

 


 

Les photos d'Irene Romano

 

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