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par Antoine Champagne - kitetoa

Les étranges déclarations de Gérard Collomb sur les victimes de pédophiles

Photo cc Arthur Empereur Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb a une façon très particulière de dédouaner le cardinal Philippe Barbarin. Ce dernier était accusé de ne pas avoir signalé à la justice des actes pédophiles de la part de prêtres. In fine le cardinal n'a pas été poursuivi, les faits étant prescrits.

Photo cc Arthur Empereur

Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb a une façon très particulière de dédouaner le cardinal Philippe Barbarin. Ce dernier était accusé de ne pas avoir signalé à la justice des actes pédophiles de la part de prêtres. In fine le cardinal n'a pas été poursuivi, les faits étant prescrits. Le parquet avait tout de même indiqué : "les autorités diocésaines avaient eu connaissance de soupçons visant le père Preynat entre 2005 et 2010, mais que cette période était couverte par la prescription, qui est de trois ans en matière de non-dénonciation". Quant au cardinal, archevêque de Lyon et primat des Gaules, il avait pour sa part estimé que "[La majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits, mais certains peut-être pas](http://www.lepoint.fr/societe/mgr-barbarin-la-prescription-et-la-grace-de-dieu-15-03-2016-202555823.php)_". Pas sûr que Dieu se réjouisse de ce genre de choses. Gérard Collonb, à l'époque maire de Lyon et désormais ministre de l'intérieur, avait pris la défense du cardinal, comme plusieurs personnalités, estimant qu'il lui était fait un faux procès. On peut penser ce que l'on veut de cette prise de position, mais vu le nombre de cas de pédophilie dans l'église catholique, une forme de prudence, par simple respect des victime aurait peut-être été plus appropriée. Mais le plus troublant est à venir.

Le Figaro, avec l'AFP, expose en mai 2016 la position de Gérard Collomb. C'est la chute du papier qui retient l'attention :

"L'Église à la fois doit demander pardon et promettre que cela ne se fera plus jamais". Mais "quand on voit par exemple que pour quelques cas de jeunes gens, ce sont les parents qui à l'époque leur ont interdit de porter ces faits sur la place publique, cela montre que c'est un peu plus compliqué", a également déclaré Gérard Collomb.

Hors contexte de l'interview, la dernière phrase est particulièrement sournoise. Elle sous entend que si des parents n'ont pas voulu mettre ces faits sur la place publique, c'est que, peut-être, ils n'ont pas eu lieu, ou, que cela excuserait la non dénonciation de ces faits à la justice par l'église.

La faute de l'un n'excuse pourtant pas celle de l'autre. En outre, Gérard Collomb ne tient absolument pas compte de la situation dans laquelle des parents dont l'enfant a été victime d'actes de pédophilie sont plongés. Ni du cataclysme provoqué sur l'enfant.

L'enfant lui-même peut refuser que son drame soit rendu public. Entre le sentiment de honte qu'un tel traumatisme peut susciter, les conséquences à l'école, le droit à l'oubli rendu impossible par l'existence d'Internet, il y a mille raisons pour ne pas vouloir porter plainte. Bien entendu, il est préférable de le faire, ne serait-ce que pour protéger les futures victimes potentielles, mais comment peut-on juger des parents qui ne le feraient pas, à la demande de leur enfant, ou pas ?

La culture du viol est encore bien ancrée lorsqu'un homme politique sous-entend qu'un acte de pédophilie, "c'est un peu plus compliqué que cela".

 

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