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Édito
par antifada

Le Narkozysme : une drogue dure ou douce ?

Faust est une oeuvre de Goethe où le chercheur, obsédé par la réalisation de son ego, offre son âme au diable afin d'être le premier philosophe à trouver la formule de la pierre philosophale. Mais, ce qu'il y a de nauséeux et de nauséabond chez notre ami, est qu'il est censé servir de guide à un peuple, et veiller à son bien-être par-delà les spécificités locales, cultuelles, sociales, communautaires ou corporatistes.

Faust est une oeuvre de Goethe où le chercheur, obsédé par la réalisation de son ego, offre son âme au diable afin d'être le premier philosophe à trouver la formule de la pierre philosophale. Mais, ce qu'il y a de nauséeux et de nauséabond chez notre ami, est qu'il est censé servir de guide à un peuple, et veiller à son bien-être par-delà les spécificités locales, cultuelles, sociales, communautaires ou corporatistes. Mais voilà que le berger se mue en apprenti sorcier, et en lieu et place de rassembleur des divers pans de son peuple, se fait le chantre de la division et du clivage ; se découvre des dons de preux chevalier et se fait le défenseur de la garce et du négrier – il n'y a qu'ainsi qu'on nomme une gorgone qui ne rêve que d'être la Méduse -, et des quelques milliers d'iznogouds payés par dizaines de millions pour enterrer les entreprises qu'ils sont censés faire fructifier.

L'ouvrier ou le cadre moyen qui aurait le malheur de faire une erreur ou de s'opposer aux seppuku de son entreprise verra l'épée de son D.G Damoclès tomber lourdement sur son cou fragile, suivi d'un énorme laïus sur la morale et sur le bien commun des travailleurs qu'on ne doit pas gaspiller.

Et, voilà notre berger paré de la tunique du “chercheur philosophal” – engoncé dans son plastron métallique mediéval au blason honni – parti pérorer dans les campagnes et les faubourgs sur les méfaits commis par les gueux qui peuplent les forêts sherwoodiennes de ce bailli, ainsi que tous ces brigands et leurs acolytes qui perturbent les grands axes de la Finance de France et de Navarre; qui osent s'élever contre l'épanouissement de ce barbarisme financier qui se voudrait être la panacée du bonheur ultime pour toute société tentant d'échapper aux tourments de la récession et de la déflation, et qu'importe le nombre de “morts” - dans tous les sens du terme -, ce ne sont que des zombies qui ne cherchent qu'à nous emporter dans les limbes de systèmes morts avant que d'être nés, ou de théories fumeuses postulant une chance pure d'un devenir amélioré pour tous.

Ces zombies qui osent s'élever contre la réélection de ce shériff de Nottingham dont les impôts et autres taxes levés sur la plèbe qui se meurt sous le poids d'une dette injustement répartie, et d'une caste de “chevaliers pilleurs” s'appropriant le peu de richesse glanée grâce aux efforts de cette plèbe, qui voient ses membres grossir les rangs des zombies chaque jour un peu plus. Cette caste de vrais pilleurs et de faux notables établie et adoubée qui ne fait qu'éreinter de plus en plus les couches, pas seulement laborieuses.

Mais, si cela ne suffit pas, qu'à cela ne tienne : en plus de cette tunique et de cet accoutrement plus que douteux, ne voilà-t-il pas que notre messire apprenti sorcier mécontent revêt la bure de ces croisés appelés moines-chevaliers – qui s'avérérent n'être que des cavaliers pilleurs qui mirent Byzance à feu et à sang, chose qui ne se vit point même lors de la prise d'icelle par les “hérétiques ottomans musulmans”. Ainsi s'en va notre Sancho Pança sur son fier destrier à la rencontre de... ces pilleurs en col blanc pour sauver son peuple ?!... Que nenni !, enfourchant son âne il s'en va “courageusement” à la rencontre des hordes de sarrasins qui menacent la chrétienté (pas seulement la France) de l'intérieur.

Vrai, ce sont là les vrais problèmes qui rongent la France et la mènent vers la ruine ?... Eh bien ! Allons-y, rien de plus facile. Il ne reste plus qu'à regrouper toutes ces hordes hérétiques musulmanes dont les aïeux ont construit ce pays, ainsi que ces sauvages noirs violeurs et fainéants, de même que ces bridés sournois qui contrefont tout ce que nous crééons et tuent notre commerce ; c'est ça nos problèmes ?... Tous les autres ne sont que méchants qui ne veulent que notre perte, alors que Sancho se bat pour nous sauver et sauver le Monde (ici le monde, le vrai, c'est comme le travail, le vrai, c'est l'Occident; le reste du monde n'en est pas un, ou du moins ce n'est pas le vrai monde. Ce n'est peut-être qu'un ersatz ? Il faut le demander à Sancho tant il veut remplacer son maître absent), alors sus à ces zombies d'outre-mondes, il faut fondre tel des aigles royaux sur ces vautours faméliques, et boutons-les hors de ce monde – ce continent sacré – afin de contenir le mal et conjurer la menace du drapeau mahométan (sic) flottant sur le dôme des Invalides, ainsi que le risque de voir le clocher de Notre-Dame converti en minaret d'où partiraient les appels à la soumission (islam). Tout cela dit et répété maintes fois, toute honte bue !!!

Cela ne vous rappelle-t-il pas certains discours qui ont mené droit à la ruine ? L'Histoire en est truffée ; et pour ne prendre que de l'époque moderne à nos jours : cela va des Torquemada aux Khomeïny, en passant par les chefaillons tel un certain Hitler. Quelle Honte! Et surtout quelle misère! Quand on n'a pas d'idées pour conduire son peuple vers la paix, la prospérité, la concordance, la sérénité et la coexistence pacifique avec le reste de cette planète, on ne fait pas comme Ponce Pilate, ou du moins l'on essaie de s'élever – ne serait-ce qu'à hauteur de cheville d'hommes tel le Bafana Mandela – ou, l'on se retire pour ne rajouter des souffrances aux souffrances et laisser place à un bafana conscient de la gravité de la situation, et dépourvu de cette nostalgique ambition de monarque omniscient dont seul l'avis serait vrai.

Quand on se présente comme le dépositaire d'une profession de foi, et en charge d'une mission salvatrice : au nom du grand nombre, quand on se veut de cette grande noblesse visionnaire et magnanime, il faut avoir la larme au coeur à la vue du gueux démuni, avoir la vindicte tue et le respect de l'étranger, avoir la modestie des mots, et surtout dans les faits et gestes, et avoir par-dessus tout la colère enterrée au plus profond de soi afin qu'elle ne remonte jamais à la surface et blesse notre alter ego affaibli. Voilà, les principes dans lesquelles j'ai été élevé, et qui se sont encore plus imposé à moi avec l'âge et les voyages, et je ne dirige rien ni personne. Mais c'est ainsi que je reconnais un être vivant et humain... peut-être trop humain !?

Or, qu'en est-il de tout ça ? Nous avons eu droit à l'image et au son, bref, au film : d'une posture, et d'un étalage de faits, d'attitudes et de mots (même l'insulte vulgaire et grossière fut de la partie) toujours dans une surenchère où le kitsch le dispute au vulgaire, et ce pendant plus d'une décennie ; aux antipodes de ce que requiert cette fonction, surtout en ces moments d'incertitude et de fragilité. Ma grand-mère, sarrasine, disait toujours : “accepte le repas du noble même s'il a faim ; mais n'accepte jamais celui de l'arriviste, même s'il est repu”.

Pour finir, je dirais – pour excuser ma naïveté – que je n'avais pas remarqué que nous vivions dans un monde où les gouvernants ne sont autre chose que des dealers. Marx disait (raté ! Je ne suis pas ce mammouth rouge sorti de sa gangue de glace des steppes de l'Asie centrale), Marx donc disait, parlant des religions, qu'elles sont le narcotique des peuples ; sachant cela, on s'aperçoit très vite que le populisme en est un autre. Et si ces narcotiques sont des drogues dures, il ne faut pas croire que le narkozysme soit une drogue douce. Quand on a des problèmes et qu'on se fait un rail, passés les premiers instants euphorisants, gare au mauvais trip et à la descente, le réveil a de fortes chances de se faire dans une autre dimension, car les paradis artificiels sont, comme leur nom l'indique,  éphémères.

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