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par bluetouff

La Tunisie : une nation appelée à devenir un acteur incontournable du Net

Reflets était le mois dernier invité par l'ATLN, CFI et FHIMT au forum 4MTunis. Reflets était d'ailleurs également partenaire de l'évènement. Comme vous devez vous en douter, nous y avons fait de passionnantes rencontres. Au menu des tables rondes, le rôle des nouveaux médias, activisme, révolution, journhacklisme, OpenData et OpenGov.

Reflets était le mois dernier invité par l'ATLN, CFI et FHIMT au forum 4MTunis. Reflets était d'ailleurs également partenaire de l'évènement. Comme vous devez vous en douter, nous y avons fait de passionnantes rencontres. Au menu des tables rondes, le rôle des nouveaux médias, activisme, révolution, journhacklisme, OpenData et OpenGov. Nous n'avons pu que constater l'incroyable vitesse à laquelle la Tunisie avance sur tout ces sujets, et surtout constater le décalage incroyable entre l'orientation d'ouverture tunisienne et la logique de fermeture dans laquelle semble s'orienter la France. La Tunisie peut elle devenir un nouvel eldorado du Net ? Oui à n'en pas douter. Pour y parvenir, elle dispose de nombreux atouts. Sa situation politique de pays en pleine reconstruction la pose dans une situation duale, entre crainte de voir renaître d'anciens démons et l'espoir d'une liberté retrouvée.

Nous y avons fait des rencontres peu ordinaires, constaté que le réseau wifi de l'ambassade de France à Tunis était chiffré en WEP, rencontré les acteurs de l'OpenData et de l'OpenGov qui en une année ont réussi à en mettre 10 dans la tête de la France, visité le HackerSpace de Tunis hébergé dans les locaux de nos confrères de Nawat, un média dont nous nous sentons très proches...

Un engagement exemplaire des internautes tunisiens

Nul ne peut aujourd'hui contester le rôle qu'ont joué les internautes, particulièrement les blogueurs tunisiens, dans l'éveil du peuple tunisien qui a offert un terrain propice au soulèvement du pays. Ces internautes débordent aujourd'hui de projets, ils participent activement à la construction démocratique du pays. La Tunisie est aussi un pays qui a subi une censure d'Internet particulièrement oppressante et les tunisiens redoutent son retour. L'usage d'Internet en Tunisie a été quasi sacralisé par la révolution. Ennahda, le parti islamiste qui a certainement un peu profité de l'importante dispersion des votes, liée au grand nombre de listes présentées, pourrait très bien, du jour au lendemain, remettre en question beaucoup de choses dans la société tunisienne, et en tout premier lieu, Internet. L'une des premières mesures du parti a été de vouloir réactiver Ammar 404 dans le but de filtrer la pornographie (soit tout de même 1/3 du web mondial). L'ATI, l'Agence Tunisienne d'Internet, s'est pourvue en cassation pour s'opposer à cette censure, qui comme le souligne Nawat, est une boite de Pandore pour la censure de tout et n'importe quoi dans un pays où même les fournisseurs d'accès à Internet ne disposent pas de statut juridique clair.

L'ATI une institution unique au monde Reflets a eu le plaisir d'interviewer Moez Chakchouk, le nouveau directeur de l'ATI, l'Agence Tunisienne d'Internet. Nous l'avons questionné sur les infrastructures tunisiennes, sur les modalités techniques de la censure qui était autrefois opérée, sur le nouveau rôle de son institution, unique au monde, et son orientation maintenant pro défense de la neutralité du Net.

À l'origine un Peer Exchange (PeX), l'ATI fut ensuite tristement connue comme étant le prestataire technique chargé de la maintenance des équipements de censure d'Internet. Aujourd'hui, l'ATI est un véritable rempart contre la censure du Net en Tunisie, une institution moteur du développement du Numérique.

Si la censure politique peut un jour revenir, l'ATI est aujourd'hui très claire-voyante et s'interroge elle-même sur le bien fondé de concentration des pouvoirs relatifs à la gouvernance d'Internet dont elle jouissait jusque là. Reflets n'a pu obtenir le nom de l'entreprise qui vendu le dispositif technique de censure à la Tunisie par le directeur de l'ATI (les contrats courent toujours à l'heure qu'il est, Moez Chakchouk n'a donc pas souhaité nous communiquer cette information). D'autres sources nous ont, en revanche, appris que Reflets pourrait bien retrouver prochainement une vieille connaissance (française) en Tunisie.

C'est donc une interview rafraîchissante, pleine d'optimisme pour la suite que nous vous proposons ici. Nous nous excusons par avance pour le son pas très propre, surtout en début d'interview.

[haiku url="http://reflets.info/wp-content/uploads/ATI-ITW.MP3" title="Interview de Moez Chakchouk"]

Reflets remercie Monsieur Chackchouk pour le long entretien qu'il nous a accordé, ce, malgré un planning chargé. khelil, Heykel, KanGouLya, tous les organisateurs, merci encore et rendez-vous en mars /-) 

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