Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Fabrice Epelboin

Le Parti Socialiste est-il complice de crime numérique contre l'humanité? #UEPS

L'atelier consacré au numérique et aux Droits de l'Homme de l'Université d'été du Parti Socialiste laisse rêveur. Citant le Printemps Arabe comme exemple positif, désignant la Chine comme coupable de traquer ses opposants politiques sur le net et dénonçant le "scandale Prism", il se donne comme ambition de déterminer si le numérique est un allié ou un ennemi des Droits de l'Homme. Malaise.

L'atelier consacré au numérique et aux Droits de l'Homme de l'Université d'été du Parti Socialiste laisse rêveur. Citant le Printemps Arabe comme exemple positif, désignant la Chine comme coupable de traquer ses opposants politiques sur le net et dénonçant le "scandale Prism", il se donne comme ambition de déterminer si le numérique est un allié ou un ennemi des Droits de l'Homme. Malaise.

_ « Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire » _

Pour ceux qui réfléchissent à la question depuis de nombreuses années, ceux qui se sont confrontés à de multiples reprises à des violations diverses et variées des Droits de l'Homme faites à l'aide du numérique, cet atelier pose des questions de fond sur le Parti Socialiste : Est-il frappé d'un Alzheimer mâtiné de schizophrénie ? Maintient-il délibérément ses troupes dans une ignorance crasse ? Est-il complice de crime contre l'humanité ?

Le parti socialiste, mobilisé aux cotés du gouvernement, peut-il ignorer que ce dernier fourni à de nombreuses dictatures les outils indispensables à la mise sous surveillance électronique de leur opposition politique ? Pour ce qui est de ses dirigeants, certainement pas.

Du temps où l'abjection qui consiste à équiper les pires dictatures en systèmes de surveillance était l'apanage du camp d'en face, ils étaient nombreux à s'indigner, à promettre le changement, a chanter les louanges d'une démocratie universaliste... Mais ça, c'était avant.

_ « Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots » _

De nos jours, Alexis Bachelay, porte parole de la "gauche forte" est également vice-président du groupe parlementaire d'amitié France-Qatar - grand consommateur de solutions Bull/Amesys, une société innovante dont l'Etat Français est lourdement actionnaire et qui équipe, outre le Qatar, une multitude de dictatures arabes.

Des technologies indispensables pour traquer des opposants, orienter les séances de torture, faire taire les journalistes et contrer les ONG. Précisément ce que semble dénoncer l'intitulé de cet atelier des Université d'Eté du Parti Socialiste, qui a défaut d'être utile, promet de battre des records en matière d'hypocrisie et de cynisme.

C'est aussi ça, la gauche forte. La différence avec la droite forte tient plus du marketing qu'autre chose.

_ « Déjà la guerre apparaissait comme une immense industrie » _

De nos jours Ségolène Royal est co-présidente de la Banque Publique d'Investissement, le grand argentier de l'armement numérique, qui finance aussi bien Bull que Qosmos, deux des fleurons français de la surveillance, et qu'évoquait récemment Fleur Pellerin comme possible sauveur d'un Alcatel à la dérive, qu'elle concède comme étant une pièce maitresse de la cyber-surveillance Française. Quant au directeur commercial, n'en parlons pas...

Hé non, accoler 'justice' et 'égalité' à tout et n'importe quoi ne fait pas de vous un socialiste, mais un communiquant.

La France et son régime politique, qu'on appelle démocratie par habitude plus que par conviction, ne fait guère qu'exporter la répression, la torture et l'arbitraire. Contrairement aux USA, dont le gouvernement se garde bien de fournir à des dictatures les technologies en usage au sein de la NSA, la France, elle, le fait. Tout comme la Chine, qui  a toutefois le mérite de ne pas prétendre à l'universalisme de sa philosophie politique.

_ « Agis de telle sorte que tes actions soient compatibles avec la permanence d'une vie humaine authentique sur la terre » _

Le socialisme est mort, depuis longtemps, aussi mort que la tradition artisanale dans une usine Fleury Michon. Ca n'empêche pas ce dernier de vous chanter les louanges de ses recettes authentiques dans des spots publicitaires, et les leaders socialistes d'utiliser ce terme avec la même sincérité.

Mais qu'en est-il des militants ? Quel est la proportion d'entre eux qui - sachant cela - continuent de s'aveugler ? Quand Reflets dénonçait ces abjections début 2011, il était encore aisé de nier les faits. Un fanzine de hackers - fusse-t-il fondé par un journaliste du Canard - doit-il être pris au sérieux ? Ou doit-on se contenter de le cataloguer aux cotés des conspirationistes ?

Mais aujourd'hui que ces informations sont publiées aussi bien dans le Canard Enchainé, le Wall Street Journal, le Washington Post, Mediapart, le Guardian, le New York Times, Le Monde, Le Parisien, France 24 ou encore Le Point, peut-on encore se mettre la tête dans le sable ?

Peut-on encore se regarder dans la glace et se dire : "je suis fier d'être socialiste" ? Peut-on encore s'émouvoir des images en provenance de Syrie et feindre d'ignorer que les technologies Qosmos, financées en toute connaissance de cause par la banque dirigée par Ségolène Royal, ont leur part de responsabilité dans l'indiscutable efficacité de la répression du régime de Bachar El Assad ?

_ « L'abondance est le fruit d'une bonne administration » _

Pour ceux qui répondent par l'affirmative, félicitations. Un avenir radieux et une carrière prometteuse s'ouvre à eux. Les plus brillants peuvent espérer terminer maires, députés, voir ministres. Les moins doués peuvent légitimement s'attendre à un coup de pouce providentiel qui les mettra à l'abri des vicissitudes d'une société dont les classes moyennes disparaissent petit à petit.

Pour les autres... Le réveil risque d'être brutal.

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