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par Fiasco

La Guerre de Troie n'a pas eu lieu...

Jeudi 22 décembre, l'assemblée a adopté en première lecture, dans le boucan médiatique et diplomatique, la loi "de répression de la contestation de l'existence des génocides reconnus par la loi"... Une loi qui, comme vous n'avez pas pu le manquer, a déchaîné  les passions et installé une querelle diplomatique entre la France et  la Turquie visée par la référence qui est faite au génocide arménien de 1915-1916... D'un  point de vue purement électoraliste, un battage est toujours bon à prendre.

Jeudi 22 décembre, l'assemblée a adopté en première lecture, dans le boucan médiatique et diplomatique, la loi "de r _é__ pression de la contestation de l'existence des génocides reconnus par la loi"..._ Une loi qui, comme vous n'avez pas pu le manquer, a déchaîné  les passions et installé une querelle diplomatique entre la France et  la Turquie visée par la référence qui est faite au génocide arménien de 1915-1916...

D'un  point de vue purement électoraliste, un battage est toujours bon à prendre. Les arméniens de France sont contents, on reconnait le martyre de leur peuple, les politiques s'attendent visiblement à ce que, reconnaissants, ces derniers leur confient leurs voix... Rien de bien étonnant jusque là.

Tout ça vous l'avez lu, vu, entendu partout.  Il y a cependant un détail que le boucan couvre, et qui échappe au  débat. Nous sommes sur le point d'entamer le droit à nier, et donc à  questionner un pan d'histoire. Soyons clairs, il n'est pas question dans ces lignes de minimiser quoi que ce soit, l'horreur c'est toujours l'horreur, en Turquie, en Algérie,  mais aussi en Indochine, en Amérique du nord...etc... La France a assez  de sang sur les mains elle aussi... Nier un génocide est une abomination et le nier revient à assassiner à nouveau les victimes.

 

Concours de boucherie

 

Au travers de cette loi, c'est la question de savoir qui est le plus gros boucher de l'histoire, qui est fautif du crime absolu, qui est posée. On accuse les uns, donne des leçons aux autres.Mais personne ne semble s'interroger sur la portée de cette  loi à long terme. À très long terme.

Si l'on y prend garde, ce type de loi peut ouvrir la voie à un Ministère de l'Histoire qui expliquerait comment s'est passé tel évènement et entérinerait cette version en la protégeant par une loi, dans l'absolu tu as le droit de pas être d'accord avec cette version, avec cette lecture des faits...  Mais   tu peux pas le dire, sinon tu violes la loi...

N'a-t-on pas vu, au cours du quinquennat écoulé la création d'un ministère de l'identité nationale ? N'a-t-on pas vu naître un projet visant à inscrire dans la loi les "bienfaits de la colonisation française" ? Les dérives possibles d'un "ministère de l'Histoire" sont  légion...

L'idée que l'Etat, et non les historiens puissent définir  que tel pan de l'histoire de France et du monde est la bonne, qu'il puisse  faire reconnaitre sa version de l'histoire, et interdire qu'on la  mette en doute fait un peu peur. Non ?

L'avantage que représente le fait d'introduire cette mécanique par une  loi qui interdit de nier les génocides, réside dans l'émotion que suscite  l'évocation de ces  horreurs. Personne ne peut justifier ça, et personne n'insultera la  douleur d'un peuple en mettant en doute le fait qu'il ait souffert  l'horreur. On fait donc un amalgame argumentaire, si tu contestes cette  loi, par extension tu contestes l'horreur et tu refuses de la reconnaître, il n'est pas moral de refuser une telle loi ou même de mettre en doute  les intentions qu'elle affiche. En gros les citoyens sont obligés d'être d'accord avec  cette loi, sinon ils sont forcément négationnistes.

Pour autant, les négationnistes ne peuvent se ranger à la vérité historique, quelles que soient les preuves qui leurs sont soumises. Il leur faut malheureusement un texte de loi pour leur indiquer jusqu'où ils ne peuvent pas aller. Reste à définir ce qui est un génocide et ce qui ne l'est pas. A partir de combien de morts ? Peut-on nier le massacre de milliers de personnes et pas au delà de 1, 2 ou 3 millions ? N'est-ce pas un peu ridicule et insultant pour les milliers de morts qui peuvent, du coup, être niées.  Quoi qu'il en soit, le travail d'historien trouve ici toute sa valeur et mérite d'être largement inclus dans le processus de réflexion sur ces sujets.

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