Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
Édito
par Antoine Champagne - kitetoa

Kitetoa, une vraie Mme Irma gratos : quelle belle affaire !

Dès l'instant où Bluetouff et moi avons décidé de créer Reflets, nous avons opté pour une autre forme de journalisme. Une sorte de mélange entre bloggeur, hacker, journaliste, analyste à 2 cents d'euros et une pincée de Mme Irma. Ah, mais ça ne va pas du tout ça nous diront les grands journalistes qui peuplent les rédactions. Notre métier n'est pas de prédire l'avenir, mais de raconter l'actualité, sans prendre parti.

Dès l'instant où Bluetouff et moi avons décidé de créer Reflets, nous avons opté pour une autre forme de journalisme. Une sorte de mélange entre bloggeur, hacker, journaliste, analyste à 2 cents d'euros et une pincée de Mme Irma.

Ah, mais ça ne va pas du tout ça nous diront les grands journalistes qui peuplent les rédactions. Notre métier n'est pas de prédire l'avenir, mais de raconter l'actualité, sans prendre parti.

Voyez-vous, un peu de bon sens près de chez vous et un peu de recul permettent de prévoir - en gros - ce qui va se passer pour une bonne partie des événements qui bouleversent chaque jour ce monde. Bien entendu, c'est un jeu périlleux car la probabilité de se tromper lourdement et de passer pour un imbécile est assez forte. Ceci dit, un peu d'analyse mêlée à du bon sens ne nuisent pas.

Alors, Reflets peut-il vous raconter des histoires abracadabrantes ? Pouvez-vous nous faire confiance ? Oui et non. D'une part, nous ne souhaitons qu'une chose : que vous disposiez de tous les outils nécessaires pour déclencher votre propre réflexion et votre propre analyse. Il vous revient donc de remettre en question tout ce que nous écrivons et de le passer à votre propre moulinette. D'autre part, nous nous trompons rarement. Vous pouvez donc nous faire confiance. La plupart du temps.

Prenons un exemple simple qui me permet de me lancer quelques fleurs, ce qui de temps en temps, fait plaisir.

Le 7 janvier 2011, je publiais un article chez Owni dans lequel j'expliquais que la finance joue souvent avec les chiffres et que l'introduction prévue de Facebook à 50 milliards de dollars (à l'époque), c'était, pour résumer, une blague, mauvaise, qui plus est, et que cela nous ramenait en 2000 avec la bulle Internet qui va bien.

La vache... Qu'est-ce que j'ai pris. Les commentaires n'ont pas été tendres. Citons-en quelques uns :

antoine le 7 janvier 2011 - 20:09

comme les commentaires précédents, je suis surpris par la légèreté de cet article. Tout d’abord, on parle en ce moment d’un resultat de FB de 1Md, et de marges d’ebit approchant les 40%. Des lors, le PER retombe à 50. Le PER ne reflete pas seulement la situation actuelle (et les multiples d’ebitda non plus) ou l’historique de la société mais son potentiel. Un PER de 50 sur une boite qui fait du +30% par an ça n’a rien de choquant, d’abracadabran. Pour info, en ce moment, il y’a des intros qui se font à plus de 100x le PER en Chine. Et sur la durée, le multiple se maintient au dela de 50. Bulle ? Non. Avec le potentiel du marché interieur chinois, meme à ce prix il y’a des fortunes à se faire.

 

Moi le 8 janvier 2011 - 2:49

Sans rire, avec votre calcul de coin de table vous vous croyez plus intelligent que des gens qui mettent 2M$ dans l’affaire ? On hésite entre arrogance, bêtise ou idéologie. Je vais vous en faire un autre calcul de coin de table: 1Md d’users à 1$/mois de revenu en pub, ça fait 12 Mds de $ de revenus par an. Pour le 3eme site mondial. Quand le 1er, Google va sur ses 30Md$… Le journalisme de données, très bien, mais il faut bosser un peu !

 

Mes "calculs de coin de table" valent ce qu'ils valent, et les experts qui les remettaient en cause peuvent utilement lire la tripotée d'articles qui on suivi l'introduction en bourse de Facebook. La pire de tous les temps, si l'on en croit les journalistes financiers et les analystes. Et ce n'est pas la pire de tous les temps simplement parce que le titre s'est effondré après l'introduction. C'est la pire parce que les banques ont surévalué la société. C'est à dire, exactement ce que je me permettais de raconter en prédisant un peu l'avenir, façon Mme Irma.

Et pour tout vous dire, les financiers ne font pas véritablement autre chose que de jouer à Mme Irma, la plupart du temps. Ils évaluent la valeur d'une société au doigt mouillé, enrobent le résultat avec un jargon incompréhensible du commun des mortels (c'est fait exprès, je vous rassure) et récoltent les fruits.

Pour vous aider à mesurer l'étendue de nos pouvoirs de Mme Irma, ici, chez Reflets, je me permets de citer un article du Monde daté du 23 mai dernier. Là, ce n'est ni du Reflets ni du Mme Irma, c'est le journal de référence qui le dit. Après l'introduction et donc après que les prédictions de KitetIrma soient devenues une réalité. Place aux faits :

Facebook : le ratage pourrait tourner au scandale

L'entrée en Bourse de Facebook est déjà un échec financier. Va-t-elle tourner au scandale judiciaire ? La question se pose, au vu des événements survenus mardi 22 mai. Pour la troisième fois en trois jours d'existence, l'action Facebook a chuté à Wall Street (de 8,90 %). Introduite vendredi à 38 dollars (30 euros) par le consortium bancaire chargé de la mise sur le marché - opération que les banquiers appellent IPO, pour Initial Public Offering -, et proposée à la vente à 42,05 dollars, elle a clôturé mardi à 31 dollars. Soit une chute de 26,3 %, par rapport au premier prix proposé aux investisseurs.Il n'en fallait pas plus pour que les marchés découvrent avec une innocence confondante que Facebook était vraisemblablement survalorisé, que son "modèle économique" restait à préciser, que sa croissance, jusqu'ici effrénée, ne pouvait plus dès lors que décélérer, que sa stratégie dans la téléphonie mobile (premier vecteur de connexion au réseau) était très floue et sa capacité à engranger des recettes publicitaires loin d'être démontrée...Quant à Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, il est la risée de Wall Street: "Avec son ego, il était obnubilé par l'idée de dépasser les 100 milliards de valorisation, rien d'autre ne comptait", y entend-on.Au-delà de ces questions, la mise en Bourse de Facebook pose aujourd'hui des questions sur la manière dont l'opération s'est déroulée. "Il y a toutes les raisons d'avoir confiance en nos marchés et en leur intégrité, mais, concernant Facebook, il y a des questions que nous devons regarder plus spécifiquement", estime Mary Schapiro, la présidente de la Securities & Exchange Commission (superviseur des Bourses américaines). Et d'annoncer une enquête.La Financial Industry Regulatory Authority, principale administration fédérale de contrôle du secteur bancaire et financier, s'intéresse aussi de très près aux conditions dans lesquelles l'IPO s'est déroulée. _L'Etat du Massachusetts a, pour sa part, assigné la banque d'affaires Morgan Stanley, le chef de file du consortium de 33 institutions financières qui ont géré l'opération de mise en Bourse de 16 milliards de dollars, pour qu'elle réponde de la façon dont elle a informé les investisseurs.__ Le directeur financier de Facebook, David Ebersman, devra répondre à nombre de questions. Tout comme le Nasdaq, qui voyait dans l'arrivée du réseau social l'occasion de s'affirmer comme le lieu de cotation de toutes les firmes high-tech, pas seulement des "jeunes pousses". Et qui devra justifier les ratés de son système informatique qui ont perturbé l'opération. Mais c'est Morgan Stanley, plus que tout autre, qui est désormais soupçonné, au mieux d'incompétence, au pire de tromperie. La banque d'affaires, qui souhaitait asseoir sa primauté dans la gestion des IPO de valeurs technologiques, se voit reprocher d'avoir largement surestimé la valeur boursière de Facebook. Elle a "surjoué l'enthousiasme et mal lu l'état d'esprit réel des marchés", juge Keith Wirtz, directeur des investissements d'une société de gestion d'actifs, Fifth Third Asset Management. Dans ce type d'opérations, les banques sont juge et partie. Elles évaluent l'entreprise, le prix de l'action et le volume de titres mis en vente, et elles sont rémunérées en fonction de la capitalisation boursière qu'elles promettent à leur client. Dans le cas Facebook, Morgan Stanley n'a pas lésiné sur les moyens pour gonfler celle-ci. L'action, dont le prix d'introduction en Bourse avait d'abord été fixé à 28 dollars, a été réévaluée à 34 puis à 38 dollars. Et, à la veille de la cotation, le nombre d'actions mises sur le marché a été augmenté de 25 %, aidé par un "buzz" très favorable entretenu par Facebook et ses banquiers. "ILS ONT TOUT FOIRÉ" Prix trop élevé, volume d'actions trop important... "Ils ont tout foiré. L'offre aurait dû être moitié moindre et la clôture se serait faite à 45 dollars" le premier jour, clamait lundi Michael Pachter, analyste du conseil en investissements Wedbush Securities. Pour nombre de ses confrères, si le prix et le volume des actions avaient été maintenus au premier niveau prévu (28 dollars), avec le même résultat obtenu le premier jour (34 dollars), chacun aurait conclu à une réussite, et le titre n'aurait ensuite pas plongé.Cette erreur était-elle évitable ? C'est là qu'intervient le soupçon, dès lors que Morgan Stanley aurait disposé d'informations qui auraient dû l'alerter. Selon des sources encore anonymes, plusieurs analystes de la banque - dont Scott Devitt, spécialiste du secteur de l'Internet - auraient fait valoir à leurs supérieurs, dans les jours précédant l'IPO, qu'à leur avis, la banque survalorisait Facebook. M. Devitt, en particulier, pronostiquait une croissance du chiffre d'affaires du réseau social en 2012 inférieure aux estimations fournies aux investisseurs. D'autres indiquaient que les prévisions de bénéfices au second trimestre avaient reculé de 5 %. Des inquiétudes similaires seraient apparues chez Goldman Sachs et JPMorgan, également banques conseil de Facebook. La direction de Morgan Stanley et le directeur financier de Facebook auraient minoré ces alertes et mis une forte pression pour que les investisseurs n'en sachent rien. Seuls quelques clients privilégiés auraient été informés des craintes des analystes. Pourtant, indique une source proche du dossier dans l'une des banques chargées de l'introduction en Bourse, Facebook aurait demandé, le 9 mai, à Morgan Stanley de "revoir ses modèles à la baisse". On ne sait pas à ce jour qui chez Facebook aurait effectué cette démarche, ni quels analystes auraient été contactés. On sait en revanche que ce jour-là, l'entreprise a enregistré auprès de l'autorité des marchés financiers américains un amendement à son prospectus d'introduction en Bourse, qui incluait une mise en garde à propos des revenus publicitaires sur le mobile : ils risquaient de ne pas être à la hauteur des attentes. Ce document était consultable et public. Autre interrogation : pourquoi avoir poussé à augmenter fortement le volume des actions proposé alors que des indices concordants montraient que des investisseurs institutionnels amorçaient un mouvement de repli ? Face à une demande bien plus faible que prévu, la banque interviendra le premier jour pour éviter que le cours ne descende sous son niveau initial de cotation. Si les enquêtes démontrent que Morgan Stanley a sciemment maintenu un cours d'introduction artificiellement haut et placé un volume d'actions trop important, s'il s'avère, pire encore, qu'elle a fourni à des clients des informations cachées à d'autres, le scandale pourrait être retentissant. En attendant, Morgan Stanley percevra 67,8 millions de dollars de commission. Mardi, la banque s'est contentée d'un communiqué lapidaire : les "procédures ont été conformes aux règles en vigueur"._Sylvain Cypel (New-York, correspondant)

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