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par Antoine Champagne - kitetoa

Houston, on a un problème : le lapin est mort-né

Les effets des vingt et quelques sommets de la dernière chance pour l'euro et leur cohortes de déclarations vides mais ô combien fourrées au storytelling avaient un "temps de vie" sur les marchés de quelques jours ou quelques heures. La conférence de Mario Draghi hier a eu un temps de vie de zéro minute.  Un record. Et un signal. La semaine dernière, Mario Draghi tentait le tout pour le tout. Le bluff du joueur de poker...

Les effets des vingt et quelques sommets de la dernière chance pour l'euro et leur cohortes de déclarations vides mais ô combien fourrées au storytelling avaient un "temps de vie" sur les marchés de quelques jours ou quelques heures. La conférence de Mario Draghi hier a eu un temps de vie de zéro minute.  Un record. Et un signal.

La semaine dernière, Mario Draghi tentait le tout pour le tout. Le bluff du joueur de poker... En indiquant que la BCE ferait tout pour sauver l'euro, il tentait d'infléchir la position allemande. En clair, par son discours, il "forçait" -pensait-il- les Allemands à le suivre, sans quoi, ces dernier allaient passer pour les fossoyeurs de la monnaie unique.

Las ! Les Allemands ont dit "Nein !". Et Mario, la queue basse est arrivé hier à sa conférence avec les mains liées. Liées par le mandat de la BCE et le refus des Allemands de lâcher les vannes de l'argent facile.

Mario Draghi a donc dit que la BCE "pourrait" intervenir sur le marché de la dette. Un conditionnel de trop... Comme le fait remarquer @Flotteski :

Pire, Super Mario pourrait menacer les marchés de retenir sa respiration jusqu'à ce qu'il se passe quelque chose...

Après avoir dit que la BCE ferait tout pour sauver l'euro, on aurait pu penser qu'il annoncerait un plan structuré et qui ne contienne pas que du vent. Mais non. Il lance un conditionnel et repousse à septembre. Les marchés ont plongé (CAC 40 : -2.68 % -  IBEX -5,16 % - 10 ans ESP : 7.027 % - IBEX -5,16 %). Une réussite sans précédent. C'est un must.

Comme à chaque pic de crise, un lapin devait être sorti du chapeau. Celui-ci est définitivement le pourri que l'on ait vu depuis le début de la crise de la dette souveraine. Il est mort-né.

En même temps, comme nous en discutions avec Paulo au Bar des Amis, c'est peut-être mieux ainsi.

Car si Mario Draghi avait ouvert les vannes en annonçant un rachat massif de dette espagnole et italienne, il aurait continué de dégrader le bilan de la BCE. Et ça, sur le long terme, c'est à peu près aussi inquiétant que la crise de la dette souveraine elle-même. Mais chuuuuut, il ne faut pas en parler.

Le chouette feuilleton de l'été

Le point positif de la conférence de Mario Draghi, est que nous aurons probablement un feuilleton pour l'été avec de nouveaux pics de crise, des moments de la dernière chance, des trucs systémiques, des rebondissements, et d'autres lapins à deux cents de drachme.

La journée d'hier a aussi été amusante avec son nouveau "flash crash"(voir l'analyse de Nanex) américain. Donner la main aux machines en cette période troublée, c'est sans doute le meilleur moyen d'aggraver la situation. Mais il ne faudrait pas faire les choses à moitié.

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