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par Rédaction

Grosdidier, un sénateur bien casserolé

François Grosdidier, sénateur-maire de Woippy en Moselle, chiraco-juppéiste à tendance macrono-compatible, veut rempiler à la haute-assemblée. Mais une batterie complète de cuisine sonorise ses déplacements.

François Grosdidier, sénateur-maire de Woippy en Moselle, chiraco-juppéiste à tendance macrono-compatible, veut rempiler à la haute-assemblée. Message pour ses 2.910 grands-électeurs : c’est l’heure de s’informer ! Connaissent-ils la batterie complète de cuisine qui sonorise ses déplacements ?

On commence par les ennuis récents. Cet été en juillet, l’association Anticor a déposé un recours en Cassation pour demander une nouvelle fois à la Justice de se pencher sur les activités de François Grosdidier, lorsqu’il était député. En cause, sa réserve parlementaire qui a servi par deux fois en 2009 et 2011 pour un montant total de 160.000 euros, à financer l’association Valeur Ecologie, présidée par un certain Grosdidier François. Selon l’association de lutte anticorruption, il s’agit ni plus ni moins, d’une prise illégale d’intérêt et d’un financement illégal de campagne électorale. Selon elle, Valeur Ecologie ne sert en effet qu’à la promotion personnelle de l’élu. Toutefois, en première instance comme en appel, la Justice n’a rien vu de mal, estimant que « Valeur Ecologie a toujours eu une activité réelle en lien avec ses statuts ».

Sauf qu’Anticor n’en démord pas, un député ne peut pas faire verser l’argent de sa réserve parlementaire à une association qu’il préside. Anticor pose aussi des questions à la Justice : pourquoi Valeur Ecologie paie en plusieurs fois, entre novembre 2010 et septembre 2012, la somme de 32.000 euros « tout ronds » à l’un de ses ex-salariés ? Pour le rembourser de frais avancés entre 2005 et 2010, des frais « tout ronds » et sans centime, dont aucune justification n’a d’ailleurs été retrouvée ?

Anticor relève également une troublante coïncidence : deux jours après son dépôt de plainte avec constitution de partie civile en février 2013, François Grosdidier régularise les statuts de Valeur Ecologie. Il produit un savoureux procès-verbal d’assemblée générale, daté du 9 novembre 2010. Celui-ci prévoit le transfert du siège dans les locaux du Sénat, et précise la nouvelle adresse en donnant le numéro de bureau du sénateur François Grosdidier. Sauf qu’il n’y sera élu, au Sénat, que le 1er octobre 2011... Le député Grosdidier possédait sans doute des dons de divination extra-lucides, au point de connaître, un an avant son élection à la haute assemblée, le numéro de bureau qui lui serait attribué ! A suivre donc, puisque la demande de poursuites demandées par Anticor sera examinée d’ici quelques mois par la Cour de Cassation.

En mars de cette année, c’est la Chambre régionale des Comptes qui a sévèrement étrillé la gestion de François Grosdidier, cette fois-ci comme maire de Woippy. Elle lui reproche d’avoir embauché deux collaborateurs de cabinet au lieu d’un seul, plafond légal calculé en fonction de la taille de la ville. François Grosdidier aurait vu un peu gros, classant sa commune dans la catégorie des 20 à 40.000 habitants, alors que Woippy n'en compte que 13.000. Le surcoût pour la petite ville a été évalué à 400.000 euros. Seconde entorse aux règles, le directeur de cabinet a été surpayé de 169.000 euros, il touchait près de 7.000 euros par mois au lieu des 4.000 maxi pour ce type d’emploi dans une commune de cette taille. La Chambre des Comptes ajoute un autre poste au tableau, celui d’un chargé de mission pour lequel elle pointe des irrégularités portant le total de rémunérations indues à près de 1,4 million d'euros en contradiction avec la loi et sans base réglementaire. Anticor a encore une fois signalé les faits à la Justice.

Pour rappel, François Grosdidier a été condamné à 6.000 euros d'amende dont 2.000 avec sursis en 2015 pour détournement de fonds publics. Comme député-maire, il se faisait rembourser deux fois ses aller-retours à Paris en Citröen C5 de fonction : par l'Assemblée nationale et par la mairie.

Enfin, l’image d’un François Grosdidier défilant la larme à l’oeil à Metz en janvier 2015, en tête du cortège quelques jours après le sanglant attentat visant Charlie Hebdo, avait ému. C’était oublier qu’en 2013, François Grosdidier était un peu moins Charlie, après avoir perdu en appel son procès en diffamation, contre le journal satirique. En 2017, les grands électeurs seront-ils tous Grosdidier ?

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