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par Antoine Champagne - kitetoa

Grèce : attention aux ventilateurs !

Un président de la République expliquait, dit-on, il y a quelques années qu'il faut faire attention à ne pas être dans les parages lorsqu'il y a de la merde dans les ventilateurs. Image poétique qui s'applique fort bien à la situation de la Grèce. Depuis quelques jours, les rumeurs sur une restructuration de la dette grecque se renforcent. Reflets.

Un président de la République expliquait, dit-on, il y a quelques années qu'il faut faire attention à ne pas être dans les parages lorsqu'il y a de la merde dans les ventilateurs. Image poétique qui s'applique fort bien à la situation de la Grèce. Depuis quelques jours, les rumeurs sur une restructuration de la dette grecque se renforcent. Reflets.info table sur une restructuration depuis belle lurette, et comme pour l'appel à l'aide du Portugal, écarté par toutes les autorités européennes, mais qui a finalement eu lieu, il y a des chances pour que le Marabout Reflets ait une fois encore raison. Maintenant que l'idée est pratiquement acquise, il s'agit de maquiller au mieux cette restructuration afin que la merde atteigne le moins de monde possible.

Les premières grandes manoeuvres (on s'occupe comme on peut) ont porté sur le nom à donner à cette restructuration. Premier test : Sovereign Liability Management Exercise. Pas de bol, ZeroHedge a noté que cela donnait SLIME. La tendance actuelle est à "reprofiling".

Les politiques peuvent s'accrocher à ce qu'ils veulent, l'effet attendu est toujours le même. Et les agences de notation, fort critiquables pour leur rôle dans le déclenchement de la crise des subprimes, ont l'air de finalement faire leur travail et ne s'en laissent pas conter.

Moody's a été très claire, comme le rapporte l'agence Reuters :

A Greek debt default would hurt other peripheral euro zone states and could push Portugal and Ireland into junk territory, Moody's said on Tuesday, warning it would classify most forms of restructuring as a default.

Soyons clairs, si la dette de la Grèce était restructurée, de manière forte ou douce, les agences considèreraient cela comme un défaut. Point barre. Passons sur le fait que le pays ne disposerait pas de l'arme de la dévaluation pour accompagner la crise qui suivrait (l'exemple le plus proche étant l'Argentine). Attachons nous à ce que les pays Européens et ce que le FMI, sous la houlette de Dominique Strauss-Khan, ont fait pour sauver la zone euro ces derniers temps...

Ils ont octroyé aux pays en difficulté (Grèce, Irlande, Portugal) des fonds pour qu'ils puissent faire face à leurs échéances. Fort bien. Mais à quel prix ? Alors que le monde est toujours plombé par la traine de la crise des subprimes,  ils ont imposé à ces pays, déjà dans une situation catastrophique, des plans d'austérité drastiques. Ces plans ont un effet direct sur les populations et particulièrement sur les plus pauvres. Ceux-là même, qui de l'aveu de Dominique Strauss-Khan (dans "Inside Job") sont ceux qui payent le tribut le plus lourd. Les plus riches sortent généralement plus riche de ce genre de crises, mais les plus pauvres...

Avec ces prêts et ces plans d'austérité, les Européens ont gagné du temps. Ces pays n'ont pas fait défaut tout de suite. Mais ils ont aussi tué la croissance. Enclenchant un cercle vicieux qui ne peut que mal finir : pas de croissance, pas de recettes fiscales, pas de recettes fiscales, pas de sortie de crise. Les plans de sortie de crise concoctés par les autorités européennes ont eu un effet... assez nul, il faut bien le dire. Les CDS de la dette grecque ont doublé depuis l'annonce du plan de soutien, ce qui dresse un portrait assez clair de la "confiance" des investisseurs... Les taux à dix ans de ce pays sont à un plus haut historique et parfaitement insoutenable.

Depuis des mois, la Banque centrale européenne achète de la dette des pays périphériques. Une restructuration de la dette grecque ne sera pas sans conséquences pour elle. Déjà les banquiers privés pleurnichent. Expliquant doctement que c'est aux Etats d'assumer les coûts d'une restructuration et pas aux investisseurs privés. Car si cela était le cas, ils ne prêteraient plus. Ben voyons... Depuis des mois, les responsables européens mettent la main dans la poche de leurs contribuables pour sauver, non pas des pays en difficultés, mais le secteur financier. Secteur déjà sauvé de la crise des subprimes avec l'argent des contribuables. Méfiance, quand la poche des contribuables est complètement vide, ceux-ci descendent dans les rues et courent tout nus, drapeau noir au vent, en criant "en avant". Et ça, c'est mauvais pour le business et pour les politiques...

Les banques françaises sont avec les banques allemandes les plus exposées au risque grec et une restructuration aurait un effet cataclysmique. Souvenez-vous, lors des derniers stress tests des banques européennes, le secteur avait paradé : à peu près toutes les banques s'en sortaient tranquillement, quel que soit le scenario retenu.

Déjà Christine -Boulette- Lagarde avait fait preuve de cette perspicacité si particulière qui est la sienne :

“Les banques françaises passent le test haut la main (…) ça signifie qu’on va pouvoir financer l’économie, financer les ménages, les entreprises, et que la défiance des marchés devrait maintenant disparaître, compte tenu de cet exercice de transparence”

Il y a comme une sorte d'incertitude sur l'avenir en ce moment... Personnellement, je suis très curieux de voir comment tout cela va finir...

 

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