Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Yovan Menkevick

Global economic crisis : comment ça va se passer (ou pas)

Allelouia ! Le monde était sauvé jeudi soir ! Et pourtant il replonge dans le chaos le mardi suivant ! Mais par tous les dieux de l'Olympe, comment est-ce possible ? Notre petit (et hargneux) président nous avait pourtant assuré qu'il avait sauvé l'Europe, non, que dis-je, le Monde, suite au super-sommet de Bruxelles avec Angela et tout et tout. Et patatras, ça re-dégringole, en pire que 29…y'a pas de justice, on ne sait plus à quel expert se vouer. Mais que va-t-il se passer ? Hein ?

Allelouia ! Le monde était sauvé jeudi soir ! Et pourtant il replonge dans le chaos le mardi suivant ! Mais par tous les dieux de l'Olympe, comment est-ce possible ? Notre petit (et hargneux) président nous avait pourtant assuré qu'il avait sauvé l'Europe, non, que dis-je, le Monde, suite au super-sommet de Bruxelles avec Angela et tout et tout. Et patatras, ça re-dégringole, en pire que 29…y'a pas de justice, on ne sait plus à quel expert se vouer. Mais que va-t-il se passer ? Hein ? On va avoir quoi en 2012 ? La fin du monde ? L'apocalypse de Jean version 2.0 ? L'invasion extra-terrestre en 3D full planet ? Le retour à la bougie ? C'est quoi ce bazar là ? Comment qu'on va faire ? Pourquoi qu'ils font rien pour nous tirer de ce bourbier ?

Back to the futur : comment on a scellé notre destin économique il y a 40 ans

Revenons à la veille du crack pétrolier, en 1971 : c'est là que tout commence. A l'époque, il n'était pas possible pour les ricains de fabriquer de la thune en veux-tu en voilà au cas où ils en auraient manqué. L'étalon-or n'était pourtant plus la règle : depuis Bretton-Woods (1944), toutes les monnaies étaient définies en dollar et seul le dollar était défini en or. Mais en 71, Nixon fait sauter la règle du dollar en changes fixes pour passer à un dollar en changes flottants. Les conséquences sont une dépréciation du dollar et une baisse des revenus pour les pays producteurs de pétrole. Pas contents les producteurs : pour faire court, en 2 ans le prix du baril est multiplié par 6. Et dans le même temps les cousins d'Amérique se donnent le droit d'emprunter des biffetons qu'ils fabriquent eux-mêmes. Le plus drôle est que 2 ans après la disparition du taux de change fixe de Nixon, en 1973, Giscard , aidé de Mesmer et par la voix de Pompidou fait modifier les statuts de la Banque de France : l'Etat est désormais obligé d'emprunter aux banques d'affaires privées, avec intérêts et selon les fluctuations du marché. Exit la banque de France et ses 0% d'intérêts avec obligations en or…

Tout est super logique, au point que ça en fait peur

Une fois qu'on a pigé le basculement majeur de 71-73, on peut quand même vérifier la théorie au niveau de l'endettement des Etats, endettement qui ne va plus pouvoir s'arrêter désormais. Un petit graphique nous le démontre (colonne de gauche, en % du PIB) :

Comme vous pouvez le constater, la décrue de l'endettement est très nette entre la sortie de la guerre (94% d'endettement aux USA, 41% en France) jusqu'à la fin de la décennie de 1970 (33,4% et 20%). La fin des taux de change fixe au profit des changes flottants, définit alors les taux de change en fonction des forces du marché, et cette nouvelle règle est signée et gravée dans le marbre en 1976 (accords de la Jamaïque). Dès le début des années 80 les dettes des grandes nations industrielles vont commencer à grimper. Dans le même temps, c'est sur cette période que la libéralisation des échanges économiques (politiques ultra libérales) va se mettre en place avec son lot de crises boursières (USA, 1987), Asiatique (1997), Argentine (2001) et socio-économiques qu'on ne peut plus dénombrer tellement elles sont fréquentes. Après les deux mandats du cow-boy ultra-libéral Reagan (1981-1989), la dette américaine sera amenée de 33% à 53%. La super-crise que nous sommes en train d'observer, les yeux ébahis, est en fait une étape absolument logique et incontournable du système économique, monétaire et financier mis en place depuis 3 décennies.

Le (seul) prix nobel d'économie français, Maurice Allais (même si ses théories ont été reprises par le FN, il n'avait rien à voir avec ces tristes sires) affirmait dès la fin des années 90 que "le flottement des monnaies introduit un risque nouveau dans les contrats et qu'il est une des sources du développement de produits financiers complexes, comme les produits dérivés dont le gonflement est critiqué au début du xxie siècle". Maurice Allais annonçait alors la forte possibilité d'une crise systémique dans un bouquin intitulé "La crise mondiale d'aujourd'hui" (éditions Clément Juglar, 1999).

T'as voulu jouer avec le marché : le marché t'emm…

Alors pour résumer un peu et faire le point sur la situation au niveau global : on a laissé filer pendant plus de 30 ans l'équilibre et la stabilité monétaire des banques centrales au profit des "forces du marché". Le flottement des monnaies conjugué à l'assouplissement des règles pour les opérateurs boursiers ont créé un marché financier mondial ultra spéculatif et permis la circulation de produits bancaires hyper-toxiques, voir "tout pourri"s. Quand des bulles spéculatives éclatent (subprime américains), que les marchés tentent de se débarrasser de ces produits dits toxiques, les banques perdent beaucoup d'argent et les Etats doivent les re-financer. La dette des Etats gonfle alors au point que les mêmes marchés qui criaient à l'aide se retournent contre ces mêmes Etats et spéculent sur la dette qu'ils ont eux-même générée (par leurs grosses conneries et leur course sans fin au profit-à-tout-prix). Les marchés boursiers se cassent la gueule, les monnaies des Etats se déprécient, les Etats les plus fragiles doivent déclarer forfait (non remboursement des emprunts), les banques ne récupèrent pas leurs billes, les marchés prennent peur et accentuent la descente aux enfers…des banques et des Etats.

Reprenons nos deux pays, USA et France, et voyons l'évolution de leur dette entre 2001 et 2010 (colonne de gauche, en % du PIB)

Ca fait très mal à partir de 2009 : les ricains grimpent à 85,6%, les mangeurs de grenouille à 79%, et en 2010, respectivement 92,9% et 82,3%. Tout ça est absolument logique, annoncé. Et doit mener normalement à plusieurs choses :

  1. Dépréciation de l'euro (mais on s'en fout un peu, l'euro est presque mort)

  2. Sortie de la zone euro des pays en cessation de paiement des intérêts de la dette et du reste (la Grèce, l'Italie, le Portugal paraissent être de bons candidats  à la sortie, mais ça va leur permettre de dévaluer leurs monnaies respectives, donc de respirer)

  3. Déchainement des marchés sur l'euro-zone restante avec une crise bancaire se transformant en krack boursier

  4. Récession globale : croissance zéro en Europe, aux USA, moins de 2% de croissance dans le monde, chômage massif (entre 10 et 20%)

  5. Eclatement de la bulle immobilière chinoise (gros, gros souci de crise sociale avec 1,4 milliards d'indignés potentiels)

  6. …(Est-ce qu'on veut vraiment savoir la suite ?)

Pour tenter de finir cet article spéculatif (oui, la spéculation n'est pas que financière ces temps-ci), il paraît sinon intéressant, voir nécessaire, de donner des pistes données par certains économistes. Ces pistes pourraient permettre de sortir de la spirale infernale que les dirigeants européens ont décidé de suivre sans jamais vouloir en sortir. En plus, une grande partie de ces pistes était dans la bouche de ces mêmes dirigeants il y a 2 ans…mais ils ont dû oublier.

  1. Imposer des mesures d'urgence interdisant toute une somme d'opérations boursières spéculatives (trop complexes et pénibles à expliquer ici les dites opérations, mais très bien cernées par les économistes de bonne foi)

  2. Contrôle et suppression véritable des paradis fiscaux avec rapatriement des fonds issus de la spéculation planqués dans ces paradis

3.Création d'une taxe sur les transactions boursières pour effectuer des plans de relance économique équivalents au New deal de Rossevelt

  1. Suppression des niches fiscales des 10 dernières années ayant entraîné la perte de centaines de milliards de recette (niches données aux entreprises sans gains en termes de croissance ou d'emplois, elles sont nombreuses)

  2. Ré-évaluation de la fiscalité des multinationales et des grandes fortunes (au niveau des PME pour les premières et des taux fixés aux classes moyennes pour les secondes)

  3. Et pourquoi pas, s'ils avaient des burnes, retour au taux de change fixe ! Parce qu'après tout, ça permettait quand même d'arrêter de faire n'importe quoi au niveau de la valeur réelle de la monnaie des Etats…et ça empêchait que la valeur d'une monnaie fluctue en permanence sous les aléas des marchés.

Pour conclure, même si nos dirigeants continuent à jouer aux pompiers de la dette tout en "laissant faire le marché", imposent la rigueur et l'austérité pour nous faire croire qu'on va s'en sortir mais qu'on finit par arriver aux 5 points spéculatifs décrits plus haut, pas de panique, de toute manière tout ça a du bon : ça va nous obliger à fonctionner différemment. Et le changement, c'est bien, non ?

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