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par Antoine Champagne - kitetoa

Gérard Gribouille Collomb explique aux préfets la police de proximité

La "police de sécurité du quotidien" est une promesse de campagne du président Emmanuel Macron. En même temps, comme dirait Jupiter, ce n'est pas évident à mettre en place, puisque la police de proximité avait été supprimée en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur du gouvernement Raffarin.

La "police de sécurité du quotidien" est une promesse de campagne du président Emmanuel Macron. En même temps, comme dirait Jupiter, ce n'est pas évident à mettre en place, puisque la police de proximité avait été supprimée en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur du gouvernement Raffarin. La police de proximité, établie par Lionel Jospin, visait à "transformer l'image de la police nationale afin de favoriser ses rapports avec la population au plus près" et à faciliter le "vivre-ensemble", explique doctement Wikipedia. Las, la droite au pouvoir avait jugé qu'il était honteux d'affecter des policiers à "jouer des matchs de rugby" avec des gamins de quartiers défavorisés. Mais Emmanuel Macron, qui a un grand projet de "vivre ensemble", a décidé de la remettre sur pied. Et en mode concertation s'il vous plaît. Gérard Collomb s'est donc fendu d'une longue lettre aux préfets afin de les solliciter sur ce que devrait être cette nouvelle police de sécurité du quotidien, qui auparavant était sans doute la police de sécurité de la semaine, ou mensuelle... Qui sait ? La lettre estampillée "diffusion restreinte" est toutefois tombée entre les mains de Reflets.

Gérard Collomb ne semble pas mettre comme priorité le retour des poulets sur les terrains de sport. La première partie de sa lettre aux préfets établit une sorte constat de café du commerce : "l'insécurité ressentie par nos concitoyens provient tant de la menace terroriste que des infractions et incivilités subies au quotidien, qui contribuent pour partie au malaise démocratique qui s'exprime dans le pays". OK, le malaise démocratique ne vient pas des milliards de promesses de campagne non tenues (quand ce n'est pas l'inverse qui est appliqué). Non, il ne vient pas non plus du sentiment qu'ont les Français de vivre dans une oligarchie où quelques politiques de carrière et quelques entreprises se partagent un gros gâteau au chocolat fabriqué par la majorité des citoyens. On espère que ce pauvre ministre ne subit pas trop d'infractions et d'incivilités en bas de son immeuble. Ni trop d'attentats. Quoique cela se rapproche, une tentative d'attentat ayant eu lieu dans un immeuble du 16ème arrondissement.

Le ministre accumule les truismes en tentant maladroitement de redémarrer une carrière sans doute contrariée de sociologue. Attention ça décoiffe : "La lutte contre la petite et moyenne délinquance ne s'oppose pas à celle contre le terrorisme et à la grande criminalité". On serait tenté de dire : heureusement. "Elle en constitue le socle". Ah ? "Cet impératif doit aujourd'hui être replacé au cœur de la mission confiée à la police et à la gendarmerie, qui seront ainsi confortées dans leurs fondamentaux. Leur mission centrale est, en effet, de répondre aux préoccupations premières de la population et de faire reculer l'insécurité du quotidien". Sans blague ? Pourquoi, jusqu'ici, elles ne pouvaient pas le faire ?

De nouvelles nouvelles lois en perspective

S'en suit une interminable liste à la Prévert de calinotérapie mâtinée de poncifs sur la police. Elle n'a pas assez de moyens, on va lui donner des locaux décents et des véhicules qui ne tombent pas en ruine (c'est bien le moins), on a modernisé, renforcé les effectifs ces dernières années, on a annoncé des recrutements (10 000 pour les cinq années à venir), on va alléger les tâches administratives, transférer des missions (au privé ?). Et bien entendu... de nouvelles lois.

Oui, car il ne suffit pas d'appliquer la loi existante, il en faut d'autres pour que les policiers puissent mieux traiter les infractions de la vie quotidienne. Mieux, on va simplifier la procédure pénale et octroyer, peut-être, de nouveaux pouvoirs de police à l'administration. Quand on voit ce que cela donne pour les écoutes administratives ou la période d'état d'urgence, on a de quoi s'inquiéter. Toujours moins de juges (rouges) pour contrôler.

Le gloubi-boulga des choses à a faire pour améliorer la relation avec la population passe par une meilleure communication, notamment en utilisant les incontournables "outils numériques" et, tenez-vous bien, "il sera nécessaire d'évoquer le sujet des contrôles d'identité, outil nécessaire à l'action des forces de l'ordre mais dont l'usage peut parfois rendre plus difficiles, dans certains territoires, le rapport avec la population". Qu'en termes diplomatiques cela est dit...

Ceci étant posé, comment fait-on pour se concerter dans les cercles autorisés qui réfléchiront sur les modalités de mise en place de cette nouvelle police voulue par Emmanuel Macron ?

Simple, toujours à son discours façon Maire de Champignac, Gérard Collomb explique qu'une "équipe dédiée, placée sous l'autorité de mon cabinet, est chargée d'expertiser et d'enrichir les premières propositions qui ont été transmises par les services centraux. Au delà, l'ensemble des acteurs concernés par ce projet doit être associé à sa conception". Imparable logique que celle du ministre.

"C'est pourquoi j'ai engagé un large cycle de consultations à l'échelle nationale et décidé d'associer les travaux des organisations représentatives des personnels de la police nationale, les structures de concertation de la gendarmerie nationale, les représentants des polices municipales, les professionnels de la sécurité privée et des transports, des associations d'élus locaux ainsi que des chercheurs, spécialistes des sujets de sécurité". Tout de suite, ça rassure le quotidien.

Mais le ministre veut aussi que les préfets engagent une réflexion et une consultation au niveau local pour qu'ils puissent lui faire remonter des "propositions d'évolution concrètes, qui tiennent au renforcement de l'efficacité de nos forces de sécurité sur le terrain, de la coopération entre partenaires locaux et des liens entre les forces de l'ordre et de la population". Allez, au boulot les préfets, concertez-vous avec les policiers, les gendarmes, les militaires, les élus locaux, les organismes sociaux, les associations locales, les bailleurs sociaux, les sociétés de transport en commun, etc. Et accessoirement, "vous proposerez à l'autorité judiciaire de s'associer à ces travaux".

Pas bête...

Il faut souligner que pour la mise en place de sa police de proximité, pardon, de sécurité du quotidien, Gérard Collomb n'aborde le renforcement des liens avec la population que dans moins d'un tiers des annexes de son document qui décrivent les pistes de réflexion. Et rien qui ne traite de la restauration de la confiance mutuelle entre les forces de police et la population.

C'est pas gagné...

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