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Dossier
par Jet Lambda

Gaza bombardé, l'info outragée

La nouvelle opération militaire d'Israël sur Gaza se poursuit allègrement avec le concours d'une grande partie de la presse internationale qui reprend en cœur la novlangue guerrière sans précaution. Il est question d'une "offensive contre les groupes armés du Hamas", voire même de "représailles israéliennes" suite aux "tirs de roquettes palestiniennes sur Isräel". Vendredi sur France 2, on parlait même de "missiles palestiniens"!

La nouvelle opération militaire d'Israël sur Gaza se poursuit allègrement avec le concours d'une grande partie de la presse internationale qui reprend en cœur la novlangue guerrière sans précaution. Il est question d'une "offensive contre les groupes armés du Hamas", voire même de "représailles israéliennes" suite aux "tirs de roquettes palestiniennes sur Isräel". Vendredi sur France 2, on parlait même de "missiles palestiniens"! Le déséquilibre des forces est pourtant criant, les armes palestiniennes sont de misérables pétards comparés aux missiles guidés au laser à partir d'avions de chasse F-16, sans parler des drones tueurs dont les images de frappes "chirurgicales" sont balancées en boucle pour prouver leur dextérité, alors qu'ils font tout autant de morts collatéraux dont on ne parle pas. Tout ça prépare les opinions à une invasion armée dans le territoire palestinien. Le petit nom de cette opération militaire est "Colonne de Fumée" (traduction à partir de l'hébreu), alors que les médias occidentaux lui préfèrent celle de… "Pilier de défense" (!).

Nous faisons suivre un texte de Claude Sarah Katz, une démographe proche de l'ONG International Solidarity Movement (ISM) qui vit depuis deux semaines sur place à Gaza et tente tant bien que mal de témoigner...

 

Désinformation

Gaza, 16 novembre 2012. — Non, le gamin qui adorait porter ce T-shirt [ci-dessus] n'est pas "un terroriste du Hamas". Non, sa mort ne peut pas être imputée à des représailles "obligées" après l'action réussie de la Résistance contre une jeep militaire. Il est mort le jour précédent, un 8 novembre semblable aux jours ordinaires de Gaza. Israël n'était pas "en opération". Juste, les tanks israéliens ont franchis la "frontière", comme ils en sont accoutumés, et attaqué les fermes les plus proches. Avec des tirs puissants, contre des fermiers sans moyens de défense, atterrés. A quelques centaines de mètres de là, quand le gamin s'est jeté à terre, ses copains qui jouaient avec lui devant sa maison ont cru qu'il plongeait sur la balle. Non, un éclat venait de le faucher.

Alors quand l'AFP commet la dépêche suivante : "Israël mène ce jeudi un deuxième jour d'offensive contre les groupes armés dans la bande de Gaza" , que les médias reprennent à leur compte (le Monde, Médiapart), elle commet une mauvaise action, contre l'information, contre la population de Gaza. Il faut dire, dire sans relâche, que c'est la population qui est visée. Que cette population est humiliée, bousculée, niée dans ses droits, assassinée, depuis tant d'années maintenant. Et qu'au jour d'aujourd'hui cette population est pilonnée, écrabouillée au sol par des moyens militaires aberrants.

Ce que nos médias appellent en se bouchant le nez "les groupes armés de la bande de Gaza", c'est le deuxième des deux seuls moyens de résistance que possède la population à Gaza. Le premier, c'est survivre ("survivre un jour encore, une heure, obstinément"). Et c'est de cela qu'elle est d'abord punie. Quand on a conquis l'essentiel d'un territoire, que faire de ces imbéciles (1 millions 800 000 quand même !) qui se serrent sur le petit bout qui leur reste. Les tuer jusqu'au dernier ? Cela rappelle quelque chose, n'est-ce pas ? Mais probablement difficile à mettre en oeuvre. Alors la terreur. Pour qu'au bout du compte, quand on ouvre la cage, des parents à bout de pleurs et des jeunes écœurés s'en aillent. Le "monde arabe" est grand vous savez. Et ça n'a pas de patrie ces gens là... Mais le plus borné des "observateurs" finis par se rendre compte que ces andouilles se croient palestiniens, et ce avec obstination...

Et le deuxième moyen, c'est la lutte armée. Pour qu'il en soit autrement, il faudrait qu'il y aient des relais significatifs de la cause palestinienne, qui permettent d'avoir une stratégie de conviction. Mais quand le monde est sourd, toujours des combattants se lèvent. Cela s'appelle la Résistance.

Claude Sarah Katz

Lire aussi le billet qu'elle a publiéla veillesur le blog du Monde diplomatique

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