Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

Fuck you ! We rule your Babylon, signé, les financiers

Libération publie un long article (abonnés) de Renaud Lecadre (la Une du journal) titré « Les banquiers font moins les malins ». A en croire le journal, le scandale du Libor, les subprime, le blanchiment d’argent des cartels, on en passe, auraient eu raison de la passivité des politiques et des autorités de contrôle. Ca va saigner. Les amendes pleuvent, la prison n’’est pas loin. Banquiers, tous aux abris ! C’est oublier un peu vite la réalité.

Libération publie un long article (abonnés) de Renaud Lecadre (la Une du journal) titré « Les banquiers font moins les malins ». A en croire le journal, le scandale du Libor, les subprime, le blanchiment d’argent des cartels, on en passe, auraient eu raison de la passivité des politiques et des autorités de contrôle. Ca va saigner. Les amendes pleuvent, la prison n’’est pas loin. Banquiers, tous aux abris !

C’est oublier un peu vite la réalité.

Le secteur financier est la pierre angulaire du « système ». Sans lui, il n’y a plus de politiques, plus de « société ». Tout s’écroule. Entendons-nous, un autre type de société est sans doute possible. Mais celui que l’on connaît n’existerait plus. Les politiques perdraient donc leurs emplois confortablement rémunérés. Alors dire que les politiques vont s’en prendre au secteur financier et lui faire payer ses dérives, c’est faire preuve d’un chouilla  d’angélisme.

Démontons tout de suite un mythe. Il est impossible de faire pression sur le secteur financier. Il détient en effet une formule magique qu’il utilise régulièrement, en période de crise. Nous vous la livrons en exclusivité mondiale : « risque systémique ». Un souci ? Des faillites en cascade à l’horizon ? Il leur suffit d’aller voir les politiques et de dire « risque systémique ».

Immédiatement, la formule magique agit et les politiques utilisent l’argent des contribuables pour renflouer les institutions financières en difficulté. Bien entendu, de temps en temps, tout ce petit monde fait une concession. On sacrifie un établissement pour sauver la face.

Souvenez-vous, lorsque la bulle des subprime a explosé (et ce n’était pas la première), les politiques, Nicolas Sarkozy en tête ont martelé que ça ne se passerait pas comme ça et que le capitalisme, le secteur de la finance allaient être « régulés ». On attend toujours. On nous avait dit que les paradis fiscaux, c’était fini. A tel point que l’on a mis en place une liste noire. Pour en sortir ? Signer des accords de coopération fiscale. Ni une ni deux, les paradis fiscaux ont signé des accords de coopération fiscale…  entre eux. Et sont sortis de la liste noire.

Aujourd’hui, c’est le scandale du Libor qui explose. Un truc connu depuis des années mais que la presse a découvert récemment.

Et l’on reparle de sanctions, de justice, de prison, même. De régulation.

Ce à quoi les financiers répondent : « Fuck you ! We rule your Babylon ».

Commençons par les autorités de tutelle.

La SEC, le gendarme de la Bourse américain est très méchant avec les financiers et protège le contribuable américain.  Par exemple, alors que l’économie mondiale s’écroulait, avec la crise des subprime, les salariés de la SEC passaient leur temps à télécharger du porn.  Attention, hein, pas un peu. Enormément. Des gens payés une misère, entre 99.000 et 223,000 dollars, téléchargeaient jusqu’à 8 heures par jour du porn,  remplissaient tout l’espace de leur disque dur et commençaient donc à graver des Cds et des DVD…

Ça surveille dur à la SEC. Le monde de la finance tremble.

Le rapport de la SEC sur le flash crash du 6 mai 2010 a montré que la SEC était incapable de comprendre ce qui se passait sur les marchés. En outre, la SEC reconnaissait, comme l’AMF (le gendarme français) qu’elle était dans l’impossibilité de traiter le volume de data issu des transactions pour traquer efficacement les cas douteux. Trop de données, trop de formats.

Le patron de la FED, Ben Bernanke, indiquait hier devant le Sénat américain qu’il ne savait pas si les banques américaines avaient un part de responsabilité dans le scandale du Libor. Il a par ailleurs affirmé qu »il ne savait pas si le Libor était désormais correct ou pas. Ne perdons pas de vue que la FED était au courant des problèmes depuis 2008

La crise de la dette souveraine est en train d’engloutir l’Europe ? Pas de souci, avec le président du changement, dont les plans de sauvetage n’ont pas un temps de vie supérieur à ceux de l’ancien (l’agité) tout va aller mieux. Et François Hollande d’annoncer une d’union bancaire européenne. Avec une supervision renforcée. A qui vat-on confier ce rôle ? A la Banque centrale européenne (BCE) et à la European Banking Authority (EBA).

La première a injecté 1000 milliards sur les marchés via les établissements financiers, contribuant à masquer la réalité de la crise de la dette. La seconde a réalisé deux séries de fameux stress tests supposés mesurer la santé des banques européennes (2010 et 2011). Or pas plus lors des stress tests de 2010 que lors de ceux de 2011, l’EBA n’a vu venir la catastrophe en Espagne.  Pas plus, non plus, que celle qui a frappé Bankia la banque espagnole qui vient d’être sauvée par le gouvernement Rajoy, que celle d’autres banques qui, bien qu’ayant passé haut la main lesdits stress tests se sont écroulées par la suite.

Nous voilà bien partis, avec des gens aussi perspicaces.

La responsabilité très limitée des financiers

Quand on gagne, on gagne. Quand on perd… on gagne aussi. C’est un peu la devise du secteur financier. Certains investisseurs institutionnels, très justement surnommés –sur les marchés- les « zinzins » ne perdent rien si les banques s’écroulent ou si un pays fait partiellement défaut. Les autres, si.

Marrant, non ?

Et pendant que le monde tel que nous le connaissons s’écroule, que les politiques font semblant de s’agiter, que les autorités de tutelle rabâchent : « c’est mal, c’est mal, c’est mal, nous allons sévir, nous allons sévir, nous allons sévir », sans jamais passer à l’acte, le secteur de la finance s’achète les services de prostituées, l’argent continuant de couler à flots à base  quantitavie easing, de renflouements variés . Il y en a même pour redécorer leur bureau à hauteur d’un million de dollars, pour s’installer des toilettes à 35.000 dollars

Alors… Les prostituées, le porn, le renflouement de l’outil de travail avec les éconocroques des citoyens, tout ça, c’est bien. Mais peut-on faire mieux ? Oui.

L’inventivité des financier est sans limite, il faut bien que les bonus mirobolants payent quelque chose.

HSBC vient d’être épinglée pour de supposées  opérations de blanchiment d’argent de la drogue, de fourniture de services bancaire à des terroristes. Bref, que des trucs cools. En même temps, l’argent n’a pas d’odeur, n’est-ce pas ?

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée