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par Antoine Champagne - kitetoa

Frédéric Mitterrand repasse bien ses vêtements. Trop ?

Si vous le voulez-bien, commençons par une petite digression. Parlons du métier de journaliste. Il est courant qu'un journaliste s'enorgueillisse de donner la parole à la personne dont il va parler dans son article. Il y a même des gens, et parfois des journalistes, pour vous dire que c'est une règle d'or. Oui, mais non. Prenons un exemple simple. Vous avez découvert qu'un homme public a détourné de l'argent et qu'il égorge des petits enfants dans sa cave.

Si vous le voulez-bien, commençons par une petite digression. Parlons du métier de journaliste. Il est courant qu'un journaliste s'enorgueillisse de donner la parole à la personne dont il va parler dans son article. Il y a même des gens, et parfois des journalistes, pour vous dire que c'est une règle d'or. Oui, mais non.

Prenons un exemple simple. Vous avez découvert qu'un homme public a détourné de l'argent et qu'il égorge des petits enfants dans sa cave. Vous 'appelez pour lui demander son avis sur votre info ? Que peut-il répondre ? Au mieux, une gadgétophrase. Du genre : "absolument pas, d'ailleurs j'ai toujours payé mes dépenses personnelles sur mes propres deniers et je peux le prouver. J'ajoute qu'il n'y a que des grands crus dans ma cave. Mes adversaires politiques ont dû tomber bien bas pour véhiculer ces ragots. En outre, vous, espèce d'immonde gratte-papier, je vais vous attaquer en justice pour oser véhiculer ce genre de choses".

Voilà, la messe est dite. Qu'apporte le témoignage de l'homme en question dans l'article ? Rien.

L'autre marotte des journalistes (souvent), c'est d'être dans les listes de toutes (et tous) les attaché(e)s de presse pour recevoir les communiqués, des invitations à plein de trucs, bénéficier de prêts de matériels, de cadeaux variés.

Maintenant, passons aux attachés de presse. Depuis toujours, ils sont bien mieux payés que les journalistes. Et ce n'est que justice, puisqu'ils rédigent les articles d'une bonne tranche de la population journalistique. A base de communiqués pré-mâchés.

Vous êtes sur les listes ? Vous recevez des articles pratiquement rédigés, avec des phrases entre guillemets, prêtes à l'utilisation. Même pas besoin de mettre au micro-ondes.

Du coup, on retrouve parfois des paragraphes similaires sous la plume de deux journalistes, dans des supports complètement différents.

Par ailleurs, les attachés de presse ont souvent tendance à faire barrage, à ériger une muraille de Chine entre le journaliste et la personne que le journaliste veut joindre. Ça les rend, pensent-ils (elles), indispensables. Ou alors, les attachés de presse vont orienter sur la bonne personne qui aura la bonne promo enrobée de storytelling à fourguer.

Tout ça pour dire quoi ? Pour dire que Reflet a voulu faire, pour une fois, comme une grosse partie des journalistes. Nous avons pris notre cyber-plume et nous avons écrit aux services de presse Christine Lagarde (Bercy) et de Frédéric Mitterrand (Culture).

Résulat ? Néant.

De deux chose l'une, soit nos questions n'étaient pas politiquement correctes, soit les services de presse des deux ministres n'en foutent pas une rame sont débordés. Ni l'un ni l'autre n'ont répondu. Même pas un petit "kikoolol, on a bien reçu votre mail et on va vous répondre l'année prochaine, ptdr".

Nous avions quelques questions pour le service de presse de Frédéric Miterrand. A propos d'un document.

Il se trouve que Google, indexant les serveurs de la terre entière et de la galaxie des Kligons au passage, il y a un petit fichier qui traînait sur le Net.

Dans ce fichier, la liste des marchés notifiés par le ministère de la Culture et de la communication en 2010. C'est très instructif.

On y trouve par exemple une ligne énigmatique :

 

Attendez... Soit on ne sait pas lire, soit le ministère de la Culture paye 120.000 euros pour faire repasser les costumes de Frédéric Mitterrand...

Ah.... Attendez...

On a un appel au standard de Reflets. C'est un certain Frédo M. de Paris : "Bonsooooooaaaaaarrrr, je voulais vous demander, pour le cirage des chaussures, on fait comment ? Qui paye ?"

Plus sérieusement, Reflets voudrait saluer l'ambiance studieuse qui règne au ministère. Au ministère, on étudie. On étudie énormément.

Si l'on ajoute les colonnes qui contiennent "Etude", on obtient la modique somme de : 783 230 euros. Une paille.

Attention, hein, ça nous fait quand même un quart de campagne de pub d'Agence H, tout de même.

Oui, on ne compte plus en "Kerviels", mais en "Agence H".

Et puis, pour rassurer les ours qui développent des sites complexes au fond de leurs grottes, sachez qu'un jour, vous allez être riches. Prenons un exemple... Il suffit que vous décrochiez par exemple, le contrat de "refonte du site culture.gouv.fr". D'un coup, ce sont 529 065 euros qui tomberont dans votre poche.

Il est toutefois plus rentable de fournir, comme SFR, "deux réseaux privés virtuels Ethernet en fibre potique (sic) pour l'interconnexion de sites du" Ministère de la Culture.

 

 

 

 

 

Message personnel : je veux bien repasser les chemises du ministre, pour moitié moins. Ecrire à journalistepasriche@gmail.clom

 

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