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par bluetouff

Foued Mebazaa nouveau président Tunisien

Cette semaine a bien été historique pour le peuple tunisien, il a repris sa liberté. La journée du vendredi 14 janvier 2011 restera gravée dans le marbre, le président Ben Ali, après avoir révoqué son gouvernement et annoncé des élections législatives anticipées, a fini par fuir son pays, l'armée a fermé l'espace aérien trop tard, mais il se pourrait bien que cette dernière ait tenté de stopper la fuite du président sortant.

Cette semaine a bien été historique pour le peuple tunisien, il a repris sa liberté. La journée du vendredi 14 janvier 2011 restera gravée dans le marbre, le président Ben Ali, après avoir révoqué son gouvernement et annoncé des élections législatives anticipées, a fini par fuir son pays, l'armée a fermé l'espace aérien trop tard, mais il se pourrait bien que cette dernière ait tenté de stopper la fuite du président sortant. Ben Ali a finalement trouvé refuge en Arabie Saoudite après avoir été annoncé à Malte, en Libye, en Italie... et surtout en France. Ben Ali, l'ami de 23 ans de la France, se serait vu refuser poliment son séjour sur le territoire français par l'Élysée, tant mieux, les français ne voulaient pas de lui. Il sera maintenant compliqué pour la Tunisie de le faire extrader pour qu'il soit jugé mais, ironie du sort pour Ben Ali, il se retrouve dans un pays imprégné d'un Islam traditionaliste contre lequel il a lutté pendant tout son règne en Tunisie.Certes la situation est encore très agitée, le peuple tunisien n'a plus de police et si la Tunisie s'est bien débarrassée de son dictateur, elle ne s'est peut-être pas encore débarrassée de la dictature. Les espoirs se focalisent donc sur l'armée, qui bénéficie d'une très bonne image. Elle a toujours fait preuve d'une grande neutralité politique et d'une grande retenue. L'armée aurait d'ailleurs repris la nuit dernière les rues de Tunis et entamé des arrestations de policiers. Le président par interim Mohamed Ghannouch ne pouvait assurer une transition démocratique. Du moins il y avait matière à en douter fortement. Mohamed Ghannouchi, premier ministre depuis 1999, a été nommé par décret par le président en fuite Ben Ali lui-même. Il a ainsi placé à la tête de l'État tunisien un proche, un pilier de l'appareil du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti politique unique, celui là même qui est la cause de cette révolution tunisienne. Ghannouchi ne pouvait ignorer la corruption et le pillage des richesses de la Tunisie, il a donc été complice du régime de Ben Ali. A l'instant, on apprend que Ben Ali est  officiellement destitué par le conseil constitutionnel et que Foued Mebazaa (président du Parlement, âgé de 86 ans) remplacerait Ghannouchi,qui aura donc été président d'un jour.  L'article 57 de la Constitution tunisienne devrait s'appliquer, selon les dernières informations, ce qui voudrait dire que le nouveau président pourrait, selon cet article, rester au pouvoir jusqu'aux prochaines élections présidentielles, prévues pour 2014. Une situation qui ne parait pas vraiment tenable. Comment ne pas offrir rapidement des élections démocratiques en Tunisie ? Il sera donc en toute logique compliqué de faire du "tout neuf démocratique" avec du "tout vieux autoritariste". La société civile tunisienne est à un carrefour de son histoire, comment trouver l'équilibre entre la continuité de l'État et la rupture avec le monopartisme tout puissant ? Comme le souligne le député Dupont Aignan, le rôle de la France dans cette crise a été indigne.

  • La France n'a pas su anticiper cette révolution, ce malgré des signes forts, et le fait que la France est le premier partenaire commercial de la Tunisie ?
  • La France n'a pas entendu le cri du peuple tunisien et contre toute logique, contre les valeurs que notre drapeau est sensé défendre, elle a proposé au pouvoir vacillant de Ben Ali un renfort policier, ce alors que l'on savait que la policie tunisienne tirait à balles réelles sur la population ;
  • La France n'a pas entendu les intellectuels, les artistes, les journalistes tunisiens, elle est restée sourde et aveugle, et elle aurait du coup mieux fait de rester muette. Il faut tout de même relativiser un peu les choses. Bien que les évènements durent depuis près d'un mois, la rapidité de la chute du pouvoir a bien surpris tout le monde, en dehors des internautes qui ont senti venir de loin que cette révolte était bien une révolution. L'Algérie a commencé a s'embraser elle aussi. La situation n'y est pourtant pas du tout comparable et les causes des affrontements qui s'y sont tenus la semaine passée ne tirent pas leurs motivations dans l'aspiration à la liberté ou à la fin de la censure. Le Maroc est pour l'instant spectateur, lui non plus ne s'attendait pas à la révolution du peuple tunisien. La révolution tunisienne est celle de tout le peuple, des jeunes frappés par le chômage qui sont morts dans la rue afin de libérer le pays mais c'est aussi celle de classes moyennes, très instruites, armées de comptes Facebook, blogs et sur tout Twitter, qui à l'image de notre confrère Nawaat,ont su distiller une information brute, intelligente, neutre, et ont su éveiller l'opinion internationale en intellectualisant ce que beaucoup de monde n'avait perçu que comme une simple révolte. Internet a joué un rôle central dans l'éveil du peuple Tunisien, Twitter est un outil redoutable, nous le savions déjà, il est maintenant devenu très officiellement une armé informationnelle pour révolutionnaires capables d'exposer et diffuser leur cause sur les réseaux. Twitter a été le reflet d'une expression démocratique internationale, universelle, même si elle est très loin d'être représentative de l'opinion politique mondiale. Mais comme j'aime à vous le dire depuis quelques années : sous les octets, la plage. La France est la grande perdante de cette affaire et autre fait historique bien ridicule au regard de la révolution tunisienne, nous avons assisté à la première grosse bévue politique de Michèle Alliot. Marie qui a jeté le discrédit sur notre propre République en galvaudant ses fondements.
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