Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

Faut y croire

“L’important, c’est d’y croire”. Ainsi parlait Zarathoustra… Heu… Non, ainsi parlait l’un des patrons de l’agence de com’ qui m’emploie. C’est sûr. Si l’on y croit pas, la com’ ne marche plus. Imaginez ! Si d’un coup, le monde entier se mettait à douter : “et si finalement, tous ces messages visant à me faire consommer bien plus que ce dont j’ai besoin, étaient, creux, inutiles, faux, tendancieux, mensongers ?” Oullaaaah. Je n’ose imaginer. Mais alors…

“L’important, c’est d’y croire”. Ainsi parlait Zarathoustra… Heu… Non, ainsi parlait l’un des patrons de l’agence de com’ qui m’emploie. C’est sûr. Si l’on y croit pas, la com’ ne marche plus. Imaginez ! Si d’un coup, le monde entier se mettait à douter : “et si finalement, tous ces messages visant à me faire consommer bien plus que ce dont j’ai besoin, étaient, creux, inutiles, faux, tendancieux, mensongers ?”

Oullaaaah. Je n’ose imaginer. Mais alors… Plus besoin de la crème aux enzymes termo-hyponucléiques qui font maigrir de 10 kilos en moins de 3 jours ? Plus besoin de la pastille miracle qui fait rajeunir de 10 ans -testée et approuvée par 100% des femmes qui l’ont essayée-, plus besoin du dernier écran plat plus plat que plat et qui offre l’incroyable : zéro pixel défaillant ? Plus besoin de la troisième voiture dépolluante ? Ni de ce fabuleux ordinateur de poche qui fait calculette pour le même prix ?

La croissance en prendrait un coup (ah, c’est déjà le cas me dit-on dans l’oreillette. Le président n’a pas ramené des points de croissance avec les dents comme promis dans son message de com’ – en bas de l’article… ?).

Mince.

Non, non, il faut y croire.

C’est une sorte d’idée partagée en silence par tout le monde. De bas en haut et de haut en bas dans la hiérarchie d’une agence de com’ : “on y croit”. Personne ne se posant jamais ouvertement de questions bêtes du genre le produit tient-il ses promesses ? Le message que nous véhiculons n’est-il pas idiot ? Est-ce que l’on s’adresse à l’intelligence des clients potentiels ou flatte-t-on de bas instincts ?

On pourrait imaginer que tout le monde y croie sans trop se poser de questions. Mais non. Tout le monde sait bien au fond, que tout cela est vain, faux, ridicule… Mais, comme le dit le chef, “l’important c’est d’y croire”. Et donc tout le monde fait semblant. Personne ne parle. C’est comme un tabou.

Sauf que de temps en temps, c’est le client qui n’y croit pas. Il ne croit pas en son produit, qu’il n’arrive pas à vendre. Il ne croit pas en sa capacité à motiver ses clients sur son offre. Il pense que quand même, avec une si faible part de marché, c’est un peu la honte. Que même en faisant des cadeaux aux prospects depuis des mois, rien ne se passe. Il s’interroge. Que faire… Et quand il s’interroge de la sorte, il interroge l’agence qui lui fait sa com’.

Et que croyez-vous qu’il se passa au sein de l’agence ? Tout le monde s’interrogea ? Pas le moins du monde. On se lança dans un projet pour “vendre” le produit. Le rendre plus “appealing”, moins “anxiongène”, moins “déceptif”. Et tout cela, il a fallu le faire en dépit des crises d’angoisses sur son produit énoncées dans le détail par le client tout au long du “brief”. En faisant semblant de ne pas les voir.

Brief ? Qu’est-ce que c’est encore que ce machin me direz-vous ? Oui, vous avez raison, il faut que je vous explique ça…

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée