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par Antoine Champagne - kitetoa

Faire de la politique autrement, ou pas…

Emmanuel Macron, ministre de l'economie.Visite de l'usine auto Iveco bus d'Annonay, photographie au volant d'un car Iveco de la societe Starshipper©Laurent CERINO/REA C’était un peu son argument massue de campagne. Emmanuel Macron allait faire table rase du passé et faire de la politique autrement. Jusqu’ici, c’est assez réussi. Si l’on en croit la majorité de la presse qui ne tarit pas d’éloges et de superlatifs sur notre étoile filante nationale.

Emmanuel Macron, ministre de l'economie.
Visite de l'usine auto Iveco bus d'Annonay, photographie au volant d'un car Iveco de la societe Starshipper
©Laurent CERINO/REA

C’était un peu son argument massue de campagne. Emmanuel Macron allait faire table rase du passé et faire de la politique autrement. Jusqu’ici, c’est assez réussi. Si l’on en croit la majorité de la presse qui ne tarit pas d’éloges et de superlatifs sur notre étoile filante nationale. Mais à bien y regarder, notamment dans le Canard Enchaîné, les choses ne sont pas exactement aussi sublimes que ce que le storytelling en marche tente de nous faire accroire.

Bien sûr, les jeux d’égo continuent, politique autrement ou pas. Ainsi, le Canard rapporte que François Bayrou et Edouard Philippe se sont tiré la bourre sur le nom de la future (énième) loi visant à moraliser la politique. Attention, c’est du lourd. Edouard Philippe voulait qu’elle porte le doux nom de loi « pour redonner confiance dans la vie démocratique ». Tandis que le garde des Sceaux préférait la loi de « moralisation de la vie publique ». Emmanuel Macron a tranché : c’est Edouard qui a eu gain de cause. Sauf que lors de la conférence de presse, François Bayrou a inscrit « moralisation » sur le pupitre. Des gamineries, a pesté le président jupitérien. Il est perspicace en tout cas.

Au delà des gamineries, il y a les pantouflages qui font tâche. Ceux-là non plus n’ont pas disparu. Le Canard cite ainsi les cadres très supérieurs d’entreprises, ex-fonction publique, qui reviennent dans l’administration, au sein des ministères, à l’occasion de l’arrivée de celui qui allait renverser la table. Areva, Thales, Citigroup, HSBC, Crédit Agricole, Aéroports de Paris, Danone, Nestlé, Schneider Electric, Esso, Total, Dassault Systèmes, Havas, MSC Croisières. C’est bien la peine de faire une nouvelle loi interdisant d’être à la fois député et dans des activités de conseil...

Jean-Luc Mélenchon, lui qui promettait également de faire de la politique autrement, en fait à peu près comme Marine Le Pen, tout au moins sur un point précis : le refus de répondre aux juges lorsqu’il les convoque. Ainsi, Jean-Luc qui a attribué mille vilénies, y compris des accusations de meurtre à un journaliste, a refusé de se rendre aux convocations des juges lorsque le journaliste a porté plainte pour diffamation. Les magistrats, ne parvenant pas à le faire venir pour le mettre en examen ont fini par classer l’affaire. Désolé, ce citoyen est trop fort, il nous échappe…

Les élections législatives donnent à Emmanuel Macron une majorité absolue avec un taux d’abstention record (plus de 51%). C’est dire si l’Assemblée est représentative de la population… Déjà la République en marche fait marche arrière sur la proportionnelle. Là où elle ne recule pas, c’est sur son programme économique. C’est intéressant, parce que si la majorité de la population (et ça ne va pas en s’arrangeant) est « pauvre », elle choisit la plupart du temps des gens pour gouverner, qui vont les essorer un peu plus.

Ministère du temps libre...

Pour que le « système » perdure, il faut des pauvres à présurer. Et quand il n’y a plus de pauvres, parce qu’ils sont trop pauvres, il faut des classes moyennes à siphonner. Ce qui a été fait sous les derniers quinquennats. On se demande où celui-ci va aller chercher la richesse que le « système » veut s’approprier.

Le système, ce n’est pas une cabale, un truc organisé comme l’imaginent les complotistes. C’est simplement un machin composé des tranches les plus hautes de la population et dont le seul but est de perdurer. Il regroupe les politiques, le monde de la finance, les personnes les plus riches, les grandes entreprises. Des gens qui ont du temps libre, qui savent comment l’occuper et qui ont les moyens de le remplir avec mille idées amusantes.

Souvenez-vous, en 1981, la gauche avait créé un ministère du temps libre. Justement, le truc dont les classes les moins aisées ne disposent pas. Et quand elles en ont, elles n’ont pas les moyens de le transformer en quelque chose d’agréable. Vous pouvez partir pour une croisière en yacht dans les Cyclades ou aux Bahamas ? Vous pouvez aller faire un petit parcours sur le Golf de Saint-Cloud, où François Mitterrand (ah, tiens, le même que celui du ministère du temps libre) avait ses habitudes ? Vous pouvez aller arroser vos copains et vos copines avec des bouteilles de Champagne à 1000 euros pièce sur les plages d’Ibiza ? Dépenser 300.000 euros en une soirée dans un Casino à Monte-Carlo ? Eux, oui. Et ce sont les premiers à s’être gaussé de l’intitulé de ce ministère…

Soutenir les partis politiques habituels et celui d’Emmanuel Macron, c’est permettre au « système » de perdurer. Merci pour eux.

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