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par Antoine Champagne - kitetoa

En France, la Démocratie, on l'exporte, on ne la pratique pas beaucoup...

Le pays des Droits de l'Homme. Le pays qui donne des leçons de démocratie à toute la planète. C'est un peu ça la France. Sur le papier. Parce qu'en matière de Droits de l'Homme et de Démocratie, on le pratique avec parcimonie. Nous avons un savoir-faire vanté par la NSA et le GCHQ en matière d'écoutes massives des populations. Ce savoir faire, on l'exporte volontiers. Prenez Amesys par exemple.

Le pays des Droits de l'Homme. Le pays qui donne des leçons de démocratie à toute la planète. C'est un peu ça la France. Sur le papier. Parce qu'en matière de Droits de l'Homme et de Démocratie, on le pratique avec parcimonie. Nous avons un savoir-faire vanté par la NSA et le GCHQ en matière d'écoutes massives des populations. Ce savoir faire, on l'exporte volontiers. Prenez Amesys par exemple. La France a vendu ses Eagle (si, si, il y a un accord politique pour ces exportations) à la Libye, au Qatar, au Maroc, au Kazakhstan, à l'Arabie Saoudite, aux Emirats Arabes Unis, au Gabon... Et puis on a Qosmos, qui raconte actuellement à toute la presse qui veut bien l'écouter qu'elle n'est pas comme Amesys et que elle, elle ne vend pas aux méchants. Oubliant ainsi qu'elle fait un métier contrevenant à l'article 12 de la déclaration universelle des Droits de l'Homme :

Article 12

Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.

En France, donc, on parle beaucoup de Droits de l'Homme, de Démocratie, mais on pratique peu.

Les récentes évolutions des révélations liées aux documents d'Edward Snowden le démontrent chaque jour un peu plus.

Aux Etats-Unis, les patrons du renseignement ont dû venir s'expliquer devant les représentants du peuple. On objectera que cela ne changera pas grand chose, que les représentants sont impuissants (au mieux) et qu'ils ont avalisé ou détourné le regard des agissements révulsants de  ce pays depuis des années et des années (soutien de dictatures, formation des sbires de ces dictatures, renversements de régimes démocratiques, tortures, enlèvements, assassinats). Pour autant, certains représentants s'énervent, annoncent des projets de loi, posent les questions qui fâchent.

En Grande-Bretagne, qui a appliqué à la lettre 1984, le manuel d'instructions de George d'Orwell, les services de renseignement sont également venus s'expliquer devant les représentants du peuple. Bien sûr, on objectera qu'ils en ont profité pour vomir leur délire paranoïaque et panoptique. Que rien ne changera. C'est à voir. Au moins, un dialogue public a eu lieu. Seul les marabouts savent ce que ce dialogue produira sur les populations à long terme et quelles seront leurs réactions à ce qu'elles auront entendu.

La France parle aux Français... Ou pas...

En France...

En France... Rien.

Les politiques se taisent.

Nous sommes aujourd'hui le 8 novembre 2013 et le silence est assourdissant.

Pourtant, depuis le 25 octobre, tout le monde sait grâce à un journal... Allemand, le Süddeutsche.de, que la France a signé un accord ("Lustre") avec les membres de l'accord UKUSA (USA, Canada, Australie, et Nouvelle Zélande). L'accord "Lustre" aurait notamment permis à la France de transmettre 70,3 millions de données téléphoniques collectées en France à la NSA.

Pourtant, depuis le 1er novembre, tout le monde sait grâce à un journal... Britannique, le Guardian, que la NSA, via son homologue britannique, le GCHQ, avait noué des rapports très étroits avec la DGSE. Celle-ci se serait engagée dès 2008 dans la mise en place d'un système d'écoutes massives des Français et de pays africains avec l'aide d'une société du secteur des télécoms dont le nom n'est pas révélé.

Ces révélations ne déclenchent aucune discussion publique.

Pas un politique pour interpeler le gouvernement.

Pas un journal pour monopoliser sa Une le temps nécessaire pour que le gouvernement s'explique sur ce qui  a poussé le gouvernement de François Fillon, sous la pression de Nicolas Sarkozy, à se lancer dans un système d'écoutes massives. Personne pour demander à Jean-Marc Ayrault pourquoi son gouvernement, avec l'aval de François Hollande, continue sur cette voie.

La France pays démocratique ?

Reflets a demandé à la NSA quels étaient les contrats qui la liaient à la société Narus (le champion américain du DPI). Quatre semaines plus tard, nous avons reçu une réponse. Démarche compliquée ? Non. Un formulaire rempli sur le Web. En France, une demande CADA implique des délais, des documents et des courriers sans fin. Quelqu'un pour demander à la DGSE les contrats qui la lient à Amesys et Qosmos ? Bon courage.

 

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