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par drapher

Economie globale : où en est-on ?

Après 3 années de gouffre financier et bancaire, l'économie mondiale semble connaître une embellie depuis 2011-2012. Sauf en Europe, où le chômage ne baisse pas, la zone euro visiblement pénalisée par une croissance économique très faible. Nombreux sont ceux qui ont parié sur un écroulement général du système économique, avec comme premiers symptômes, la mort de l'euro ou la disparition du dollar comme monnaie de référence, et pourtant, tout semble fonctionner comme avant 2008.

Après 3 années de gouffre financier et bancaire, l'économie mondiale semble connaître une embellie depuis 2011-2012. Sauf en Europe, où le chômage ne baisse pas, la zone euro visiblement pénalisée par une croissance économique très faible. Nombreux sont ceux qui ont parié sur un écroulement général du système économique, avec comme premiers symptômes, la mort de l'euro ou la disparition du dollar comme monnaie de référence, et pourtant, tout semble fonctionner comme avant 2008. Mais que se passe-t-il réellement sur la planète capitaliste ?

Les banques géantes américaines se sont écroulées, la panique s'est installée : crise des liquidités, crise des dettes, crise économique, spéculation et panique mondiale sur les marchés… L'épisode débuté en 2008 est connu, et son coût abyssal. Des milliers de milliards de dollars et d'euros injectés dans le système bancaire mondial par les Etats pour éviter qu'il ne flanche. Des dettes publiques qui explosent, des déficits qui flambent, et puis…le retour aux vieilles pratiques, comme si rien ne s'était passé. La politique libérale de baisse des dépenses publiques, des charges des entreprises, renvoie la Grèce au XIX ème siècle, et partout ailleurs sur le vieux continent, cette austérité de l'économie orthodoxe écrase les populations sous une chape de moins disant-social. Tout ça pour voir les fameux marchés financiers responsables du "quasi écroulement" de 2008-2009, retrouver des couleurs, parader et venir de nouveau donner la leçon. L'indice boursier français, le CAC40, a progressé de 18% en 2013, pendant que le chômage ne cessait de croître. Les impôts, taxes sur les foyers les plus modestes pèsent de plus en plus lourd. Mais alors que les multinationales continuent d'optimiser leur fiscalité, ou fraudent allègrement, comme certains ministres socialistes, l'économie, de façon générale ne va pas "si mal" sur la planète. Et si la majorité des pays européens ne va pas par contre pas très bien, une tendance à la reprise économique semble pourtant en cours. Décryptage des grandes tendances macro-économiques.

USA : le moteur mondial arrose tout le monde

Aux Etats-Unis, la politique de nationalisations provisoires des grands groupes en difficulté a sauvé des emplois : assurances, automobile, l'Etat fédéral n'a pas lésiné pour empêcher la faillite de ses fleurons industriels. En parallèle, la politique de relance par la planche à billet, le quantitative easing, a maintenu un rythme du crédit de plus en plus intensif : injecter 85 milliards de dollars par mois pendant plusieurs années sur les marchés financiers n'est pas sans effet sur l'économie d'un pays, même lorsqu'il est le plus important au monde en terme de PIB. Au delà de l'économie américaine, ces rachats des bons du trésor par la FED ont aidé les fonds d'investissements et autres acteurs des marchés financiers à investir un peu partout, particulièrement dans les pays émergents. Avoir trop d'argent pose parfois des problèmes, il faut savoir quoi en faire. Il n'est donc pas surprenant de voir des investissements de plus en plus massifs dans ces pays, avec des reprises dans divers secteurs, des croissances boostées par l'arrivée des liquidités américaines.

Tout cet emballement a permis à quelques uns de s'enrichir pour à moindre frais, en jouant avec le cours des devises, et quand la FED a prévenu que la fin de la récréation n'allait pas tarder,  quelques problèmes de réinvestissements et retraits impromptus ont vu le jour, avec à  la clef, des chutes de performances de certains pays émergents, comme le Brésil. Le Casino continue exactement de la même manière qu'avant, avec la FED dans le rôle du croupier. Le Dow Jones a atteint un niveau historique, plus de 16 500 points en novembre, et de nombreux analystes s'inquiètent : quand on atteint de tels sommets, le risque de crack n'est généralement pas loin. A monter trop haut, on descend obligatoirement à un moment, et plus c'est haut, plus la chute est violente.

Pourtant, l'économie américaine va mieux, le chômage baisse, l'immobilier est reparti comme à la belle époque. En Chine, après des petits passages à vide (très relatifs), le business reprend lui aussi, même si des risques de bulles sont soulignés là-bas, comme un peu partout chez les "émergents". En Inde par exemple. Mais la croissance économique mondiale est repartie. Même au Japon, grâce à une politique de relance par la planche à billet, là aussi. Pas assez d'inflation au pays du soleil levant, des risques de nouvelle période de déflation, mais dans l'ensemble, ça repart un peu. Tout ça pour ça ? Il n'y aurait rien eu de véritablement unique dans cette crise qui continue d'affecter encore sévèrement l'Europe, il suffirait de réamorcer la pompe à billets, et tout repartirait ? Voyons voir d'un peu plus près ce que peut être la suite des événements, sans parier sur l'avenir, mais en faisant des constats…nécessaires.

La France (et d'autres) va payer cher ses choix

La politique économique de réduction des déficits en pleine récession est une très mauvais idée. C'est pourtant celle qui a été retenue par les décideurs politiques socialistes aux manettes en France, comme dans tous les pays de la zone euro. Les effets sont connus : impossibilité de reprise conséquente de la croissance, fermeture d'entreprises, augmentation du chômage, paupérisation d'une part de plus en plus importante de la population. La dette ne baisse pas pour cause de manque de recettes : moins vous investissez, moins les entreprises ont de commandes, moins la dynamique générale économique est bonne, moins les entreprises payent d'impôts. Bref : un pays qui n'exporte que très peu, importe beaucoup, et dont l'Etat diminue son budget et ses dépenses, est un pays qui s'écroule. Surtout quand ce même pays a eu une politique de désindustrialisation massive durant les quinze dernières années. Les dernières prévisions des observatoires économiques ne sont pas très bonnes, et pour cause : rien n'a changé. La seule chose qui est en train de se passer est un transfert des économies des Français vers les caisses de Bercy pour satisfaire la Commission européenne. Bercy qui vient tout juste d'arriver à sortir de la liste noire des paradis fiscaux, en à peine 5 mois,  Jersey et les Bermudes…Il faut dire que les plus grandes banques française,BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole y sont très bien implantées. Ce serait dommage de les pénaliser, même si les paradis fiscaux en question n'ont absolument rien changé à leurs pratiques.

Cette problématique bancaire inquiète les analystes, qui préviennent d'un risque encore très important dans la zone euro si le ménage n'est pas fait dans les institutions financières. Mais en Europe, on se moque de toutes ces remarques : l'important c'est de réduire la dette et les dépenses sociales, abaisser le coût du travail, pour concurrencer la planète entière. Pour la concurrence, c'est un vœu pieux plus proche du fantasme ou du blocage mental que d'une réalité possible à atteindre. Sauf que les penseurs de la chose économique ne proposent qu'une alternative, et celle-ci est donc faite d'un seul mot d'ordre : la politique de l'offre (forcée).

Le président français fait partie de ce club des penseurs de l'économie à sens unique et vient d'en démontrer la quintessence avec son "pacte de responsabilité" : l'allégement des cotisations pour les entreprises en échange d'embauches. Pour faire court, Hollande croit que ce qui coûte cher dans le prix d'un produit, c'est le salarié. Sauf que le coût salarial représente 20% en moyenne dans le prix de production. Avec ses réductions de charge, les entreprises vont gagner entre 2 et 3% de coût de production. Pour un produit à 10€, il ne coutera plus que 9,70 à produire. Décoiffant ! Avec un tel avantage financier, assez risible, Les entreprises vont faire une seule chose, comme à chaque fois, parce qu'elles ont réduit leurs marges, et qu'une entreprise, ça sert à faire de la marge : elles vont reconstruire leurs marges. Pour embaucher, il faudrait qu'il se passe autre chose : que les carnets de commande augmentent. Avec une croissance à 0,9% ou 1,2% selon les pronostics, elles ne pourront pas.

Europe, Asie, USA : le grand perdant est ?

La crise financière s'est résorbée provisoirement sous l'effet des tours de passe des banques centrales. La crise des dettes est en stand-by tant que les fonds spéculatifs ont décidé que ça les intéressait moins d'attaquer des pays plutôt que de récupérer de l'argent pas cher via les banques centrales. Au final, si rien n'est fini pour autant, l'Europe est partie pour une bonne décennie de marasme économique aux contours inquiétants. La compétition mondiale, si rien n'est fait d'un point de vue protectionniste, est perdue d'avance : les émergents, asiatiques en tête, sont en plein boom et ne s'embarrassent pas de lois protectrices, qu'elles soient sociales, environnementales ou politiques. Alors que peuvent bien faire les dirigeants européens dans leur infinie sagesse ? Pratiquer le protectionnisme pour sauver le peu qu'il reste à sauver et empêcher la compétition totalement déloyale qui s'exerce et va finir par tout ruiner ? Lancer des grands chantiers modernes autour des énergies renouvelables pour redonner de l'oxygène aux industries et aux services ? Forcer les banques à financer l'économie réelle et en finir avec l'évasion fiscale qui écroule les caisses des Etats ? Non. Rien de tout ça. Il semble que l'Europe va tenter d'ouvrir encore un peu plus les vannes de la compétition en participant à un grand espace libéral transatlantique sponsoriée par les Etats-Unis, qui bien que reporté à juin pour cause de grogne populaire, sera mis en avant pour "sauver l'Europe du déclin".

Les grandes entreprises mondialisées y trouveront leur compte. Les citoyens ? C'est nettement moins certain. L'euro est une monnaie étrange puisque unique et non pas commune, ce qui l'amène à être surévaluée et empêche toute dévaluation par des pays qui en auraient bien besoin. Comme la France, l'Italie, la Grèce, l'Espagne ou le Portugal. Tenir une compétition mondiale, contre des pays comme les dragons asiatiques est sans issue, perdu d'avance dans ces conditions, en termes de performance globale des pays. Il y aura donc ajustement sur les capacités de financements sociaux des Etats, et un écart déjà visible entre performance des géants de l'International et le reste : PME, artisans, salariés, etc…

Difficile de savoir comment va tourner l'économie européenne (et mondiale), mais une chose est certaine, dans tous les cas de figure, si rien n'est fait pour changer le cap du système économique, ses fondamentaux, les populations souffriront de plus en plus. Qui s'en préoccupe ? Pas les responsables politiques, visiblement. Puisqu'en réalité, cette économie n'est pas faite pour l'amélioration du bien commun, elle est une forme subtile d'achat de la planète par les plus puissants, au détriment de ceux qui en font pourtant la richesse : les peuples.

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