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par Antoine Champagne - kitetoa

Dis donc "droite décomplexée", tu crois pas que tu pousses le bouchon un peu loin ?

Un lecteur réagissait à l'article de Bluetouff sur les "DNS de France" qui seront bientôt opérés par les ayants-droit. Voici ce qu'il disait : Bilouse on 3 décembre 2011 at 23 h 13 min Admettons qu’ils trouvent matière à mettre en place leur fantasme sécuritaire. Il est évident que nous pourrons les considérer comme les complices, comme ceux qui ont permis la mise en place d’une dictature en France ? Dit comme ça, ça fait toujours rigoler, mais m’est avis qu’on n’en a jamais été aussi près.

Un lecteur réagissait à l'article de Bluetouff sur les "DNS de France" qui seront bientôt opérés par les ayants-droit. Voici ce qu'il disait :

Bilouse on 3 décembre 2011 at 23 h 13 minAdmettons qu’ils trouvent matière à mettre en place leur fantasme sécuritaire. Il est évident que nous pourrons les considérer comme les complices, comme ceux qui ont permis la mise en place d’une dictature en France ? Dit comme ça, ça fait toujours rigoler, mais m’est avis qu’on n’en a jamais été aussi près.

C'est un commentaire assez intéressant. Il faut toujours, à mon sens, observer les événements en les replaçant dans un contexte historique large. Sans quoi, on ne peut les analyser correctement.

Oui, Bilouse, on n'en a jamais été aussi près. Et justement, le rythme risque de s'accélérer. Pourquoi ? Il vous faut lire et relire un million de fois le Livre de la voie et de la vertu de Lao Tseu. Tout y est expliqué par un auteur dont on ne sait même pas s'il a existé mais dont l'oeuvre date de plus de 500 ans avant Jésus Christ. Étonnant, non ?

Faisons simple... Plus deux forces s'opposent, plus la pression entre les deux origines de la force en question va croître. Pour un résultat nul. Sauf à penser que l'une des forces prendra le pas sur l'autre. Par ailleurs, toute action entraîne une réaction.

Bref. Revenons en arrière. Il y a cinq ans, Nicolas Sarkozy était élu par 53% des votants à la présidence de la République. Il avait annoncé qu'il se retirerait dans un monastère pour prendre la mesure du poste qui lui était confié. Que fit-il ? Il prit des vacances sur le yacht d'un industriel de ses amis. Et quand tout le monde se demandait s'il était bien raisonnable qu'un président se plaçât dans une position où il serait redevable vis-à-vis d'un industriel ayant des relations commerciales avec l'Etat, il répondit : je ne vais pas m'excuser. Pourquoi ? Parce qu'il avait annoncé la couleur. Il était l'emblème d'une "droite décomplexée". Lisez ces articles de l'époque :

La "droite décomplexée" se lâche. C'est sa nature. Elle fait ce que bon lui semble et ne tient compte d'aucun avis. Elle a la science infuse.

Du coup, voyez-vous, Nicolas Sarkozy s'est lâché toutes ces années. Il a détricoté le droit du travail, mis en pièces les acquis nés d'un programme commun déployé juste après la guerre par toutes les tendances politiques du pays. L'inverse, donc. C'était de la concertation, la recherche du bien commun...

Il a mis à mal la voix de la France dans le monde. On peut citer les journaux -très sérieux- comme El Pais qui le qualifiaient tout simplement de "fou". Cet épisode a culminé avec Michèle Alliot-Marie qui proposait l'aide des troupes anti-émeutes de la France à Ben Ali.

On notera aussi une sorte de dédoublement de la personnalité ou d'effet girouette intriguant lorsqu'il vend à Kadhafi tous les outils nécessaires pour surveiller, arrêter et probablement torturer les opposants, puis lorsqu'il décide d'envoyer les troupes pour chasser le très méchant Kadhafi du pouvoir et soutenir ainsi les opposants qu'il avait aidé à faire arrêter quelques mois plus tôt.

Décomplexé. Je fais ce que je veux, et même le contraire. Et surtout, si vous n'êtes pas contents, ben... cassez vous pov' cons...

Bref.

A force de faire ce qu'il voulait, et ce que voulaient ses amis, il a détruit le contrat social qui nous unit. Et ça, c'est un souci. Parce que s'il n'y a plus de contrat social, il va y avoir une sorte de rébellion contre le pouvoir en place qui persiste à écraser les classes sociales se trouvant "en dessous" de lui.

 

Isaac Newton, ce visionnaire...

 

Toute action entraînant une réaction, le cercle vicieux de la confrontation va dégénérer.  Le pouvoir pousse le reste de la société à s'énerver. Prenant alors peur, il tente d'appliquer un ordre plus dur. Pour "calmer" la société énervée. Plus de surveillance, plus de lois sécuritaires, plus de paupérisation des populations... Et de l'autre côté, toute force imprimée générant, généralement, une force identique, la population va s'énerver encore plus. Le pouvoir va se radicaliser un peu plus. Jusqu'où ? La question rejoint le commentaire de Bilouse. Le pouvoir peut mettre en place une dictature (elle peut prendre de nombreuses formes). Et le peuple se libèrera de cette dictature un jour ou l'autre. voilà qui nous ramène à Lao Tseu, qui disait assez finement que dans l'univers, tout est rond. Bref, que la roue tourne toujours. Et tout ce qui monte finira par redescendre. Un concept étoffé plus tard par Isaac Newton...

Ceux qui ont beaucoup à perdre sont ceux qui développeront le plus de "force" contre la population. Et plus ils se sentiront menacés, plus ils tenteront de se goinfrer.

Avez-vous noté la montée de contre-pouvoirs, comme le mouvement des Anonymous, les #OccupyThePlanet, etc. ? Ils sont le fruit d'une "oppression". Un cycle. Une roue qui tourne. Relisez les papiers Yovan Menkevik. Depuis des années, on se lâche dans la dérégulation, celle qui permet de faire de juteux bénéfices. Et dans un jeu à somme nulle,  quand quelqu'un gagne, c'est que quelqu'un perd...

Ceux qui ont beaucoup perdu en ont un peu marre. Et ils le disent haut et fort. Ceux qui ont gagné prennent peur. Alors ils durcissent le ton aussi. Et ceux qui avaient déjà beaucoup, tentent de se gaver au maximum, pour tenter de faire des provisions. Au cas où... On ne sait jamais de quoi demain est fait. Je dois avoir une sorte de don de prémonition (je vais tenter de m'installer comme marabout, ça rapporte, il paraît) qui peut se vérifier lorsque, a posteriori, on relit ma prose du 16 novembre, donc bien avant l'affaire de l'assignation des ayants-droit.

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