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par Antoine Champagne - kitetoa

Démocratie française : le virage

Oh, bien entendu, il est assez naturel de blâmer François Hollande, Manuel Valls et dans une moindre mesure leur supplétif, Bernard Cazeneuve. Oui, ils sont responsables des violences policières actuelles. Et elles ne sont pas anecdotiques. Mais se contenter de reprocher aux hommes politiques leur dérive sécuritaire, leur entrain à faire basculer la Démocratie dans... Autre chose, c'est un peu court. Non, il faut aussi se lancer dans une petite introspection.

Oh, bien entendu, il est assez naturel de blâmer François Hollande, Manuel Valls et dans une moindre mesure leur supplétif, Bernard Cazeneuve. Oui, ils sont responsables des violences policières actuelles. Et elles ne sont pas anecdotiques. Mais se contenter de reprocher aux hommes politiques leur dérive sécuritaire, leur entrain à faire basculer la Démocratie dans... Autre chose, c'est un peu court.

Non, il faut aussi se lancer dans une petite introspection. Nous, les Français, qui avons accepté de signer un contrat social, celui qui nous unit et qui octroie à quelques politiques le droit de disposer de notre pouvoir souverain, devrions réfléchir aux transformations que l'on nous impose. Elles ne sont pas dans le contrat. Devons-nous les accepter ? L'article 3 de la constitution est pourtant clair : "La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum". Ne voyez-vous pas le basculement en cours imposé par vos représentants sans votre consentement ?

Prenons un exemple. Quelle différence voyez-vous entre la répression des printemps arabes qui s'opposaient à un pouvoir en place et celle de ceux qui s'opposent à la Loi Travail ? Elle est simple. Dans le premier cas, les forces de maintien de l'ordre tiraient à balles réelles. Dans le second, elles utilisent des grenades de désencerclement et des balles en caoutchouc. Jusqu'à quand ? Déjà plusieurs cas de policiers sortant leurs armes à feu pour intimider les manifestants ont été rapportés. Combien de temps avant qu'un manifestant ne soit tué dans un dérapage ? Aujourd'hui on compte déjà des éborgnés par flash-ball, un jeune-homme dans le coma après qu'un policier ait lancé une grenade vers lui sans aucune raison, des femmes tabassées, des grand-mères blessées... Le tout sans conséquences juridiques notables. Y compris lorsque les victimes sont des enfants.

Demain, ce sera vous, votre enfant, votre grand-mère...

Accepter ce changement dans votre contrat social, ce n'est pas simplement être passif face aux blessés actuels. Se dire que cela ne vous concerne pas parce que vous ne vous rendez pas dans les manifestations, c'est un calcul à courte vue. Demain, lorsque la Démocratie aura fini de basculer, vous serez la cible. Ou vos enfants... Ils tabassent déjà des grand-mères comme si elles étaient de dangereux casseurs.

Photo : @gaelic69 - http://gaelic.fr/ - http://bit.ly/gaelic-LoiTravail © gaelic.fr

En ne sanctionnant pas les actions des représentants, les Français leur accordent un droit implicite à continuer, à durcir encore leur position. C'est une responsabilité collective, des Français, de la presse qui fait tourner en boucle les images de casseurs, mais pas celles des violences policières pourtant abondantes, des hommes et femmes politiques qui continuent à donner des moyens surdimensionnés au gouvernement afin qu'il mène une politiques ultra-sécuritaire là où elle n'est pas nécessaire, à part, peut-être, pour tenter de maintenir un système à bout de souffle.

Peut-être n'avez vous pas eu l'occasion de voir à la télévision ou de lire dans la presse la trop longue liste des dérapages des forces de maintien de l'ordre ces dernières semaines, cela explique peut-être pourquoi vous n'avez pas réagi ?

Violences policières lors de la manifestation du 17 mai (auteurs Nathalie Loubeyre et Joël Labat) from Reporterre on Vimeo.

Où est passée l'énergie?

On est bien loin de l'énergie positive qui s'était dégagée après les attentats. Le pays semblait s'unir, rêver d'un avenir commun. Le gouvernement en place a réussi à gâcher cette opportunité. Il y avait une fenêtre pour mettre un terme à la montée de l'individualisme, de la haine, du racisme et de la xénophobie. Elle a promptement été refermée. A croire que François Hollande et Manuel Valls excellent dans le rôle de l'enfant qui casse le beau jouet que l'on vient de lui offrir. Les espoirs après cinq ans de sarkozysme étaient immenses. Ils ont tous été déçus. Mieux, le gouvernement a fait imploser la gauche qui va se faire laminer lors de l'élection présidentielle, laissant la place à la droite ou même l'extrême-droite. C'est dire si "lui président" a bien fait les choses...

 

Et pendant ce temps... Les enfants et les adultes meurent aux portes de l'Europe et le gouvernement a tout le loisir de s'en désintéresser sans que personne ne s'en émeuve outre mesure. Comment peut-on le laisser faire ?

 

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