Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

Crise, oh ma crise, Da Doo Ron Ron...

Il paraît, me souffle-t-on dans l'oreillette, que sur BFMTV, on annonce que la crise est passée, tout au moins dans certains pays comme l'Italie ou l'Irlande. Pourquoi pas, après tout ? Les présidents successifs de ce pays, Nicolas Sarkozy en tête n'ont ils pas martelé que tout était réglé ? Le FMI et autres institutions internationales ne se félicitent-elles pas à chaque accord sur un "plan de sauvetage de la dernière chance" ?

Il paraît, me souffle-t-on dans l'oreillette, que sur BFMTV, on annonce que la crise est passée, tout au moins dans certains pays comme l'Italie ou l'Irlande. Pourquoi pas, après tout ? Les présidents successifs de ce pays, Nicolas Sarkozy en tête n'ont ils pas martelé que tout était réglé ? Le FMI et autres institutions internationales ne se félicitent-elles pas à chaque accord sur un "plan de sauvetage de la dernière chance" ? L'ABE n'a-t-elle pas organisé des stress tests pour mesurer la bonne santé des banques européennes ? La plupart d'entre elles n'ont-elles pas passé haut la main ces tests ? Passons sous silence que des établissements qui avaient passé les tests sans souci ont fait faillite par la suite, c'est sans doute la "marge d'erreur" nécessaire et habituelle. Non, franchement, tout va bien.

D'ailleurs, si l'Irlande commence à aller mieux, c'est que tout va aller mieux car, vous le comprendrez aisément, la macro-économie c'est du binaire, on analyse un agent dans son coin et on le déclare sain ou pas. Impossible qu'il interagisse avec d'autres agents. Comme les autres pays de la zone euro ou le reste du monde.

Non, franchement, tout va bien.

Il n'y a que les mauvais coucheurs pour dire que rien n'est fini. Comme votre serviteur.

Mais pas uniquement.

Le FMI a publié une intéressante étude selon laquelle les banques espagnoles (qui ont déjà englouti 100 milliards d'euros pour être "sauvées") et italiennes détiendraient un potentiel de créances douteuses auprès des entreprises pour un montant de 230 milliards d'euros. Une bagatelle.

S'il n'y avait que cela... Les banques européennes placent des créances sur les pays faibles de la zone comme collatéral auprès de la Banque centrale européenne qui à son tour accorde des liquidités aux banques en difficulté. Les banques mentent à la BCE sur la valeur réelle de ce collatéral, la BCE fait semblant de ne rien voir.

Non, franchement, tout va bien.

Ah, il y a aussi ces mauvais coucheurs qui font remarquer que les banques européennes ont un leverage ratio de 26 pour 1 (elles empruntent 26 lorsqu'elles ont 1 en caisse, pour faire simple), un chiffre que Lehman Brothers avait juste dépassé lors de sa faillite dont on connaît les effets.

Mais rassurons-nous, les banques européennes vont être auditées en profondeur par les autorités de la zone. C'est Peter Praet, responsable des ressources humaines et membre du directoire de la BCE qui le dit au Monde. Le Monde titre d'ailleurs ainsi son interview de Peter : La BCE fera une évaluation des banques "sans concession". Entre nous, sachez que le secteur bancaire tremble depuis la publication de cet entretien, les téléphones sonnent, c'est le brans-le-bas de combat ! Pour preuve : toutes les lumières sont allumées aux derniers étages des tours des banques ce soir à Paris. Ça cogite. Ça flippe.

_ Quelles sont les conditions pour que l'évaluation des bilans bancaires soit crédible ? _Elle devra être transparente et rigoureuse. Nous prenons cet exercice très au sérieux et nous mettrons tout en œuvre pour qu'il soit sans concession.

Notez que l'ABE disait la même chose à chaque exercice de stress tests. On sait à quoi cela a ressemblé...

Non, franchement, on est rassurés, tout va bien.

La crise est derrière nous.

Attention toutefois, elle court vite...

 

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