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par Antoine Champagne - kitetoa

CNN concrétise ce qu'il y a derrière l'expression "traitement de l'information"

Dans la presse, comme dans tout métier, il y a des petits trucs de fabrication. Et puis des habitudes. Mais aussi, des bons et de mauvais journalistes. Il y a ceux qui croient tout savoir, ceux qui imposent une version d'une réalité qui est la leur. La seule possible. Ceux qui regardent le doigt et pas la lune. Bref, il faut de tout pour faire un monde. Les méthodes journalistiques feront l'objet d'un prochain article...

Dans la presse, comme dans tout métier, il y a des petits trucs de fabrication. Et puis des habitudes. Mais aussi, des bons et de mauvais journalistes. Il y a ceux qui croient tout savoir, ceux qui imposent une version d'une réalité qui est la leur. La seule possible. Ceux qui regardent le doigt et pas la lune. Bref, il faut de tout pour faire un monde.

Les méthodes journalistiques feront l'objet d'un prochain article...

Arrêtons-nous simplement ici sur un point particulier qui a le mérite d'être tellement explicite, qu'il faudrait le citer dans les écoles de journalistes. Dans la presse, on parle souvent du "traitement de l'information". Une expression qui peut avoir plusieurs sens... Regardons comment CNN traite une informations sur la Libye et la CIA.

Pour évoquer la présence de la CIA au sol en Libye, CNN décide de faire appel à un ancien des services américains, Michael Scheuer. Deux femmes déguisées en journalistes présentent la situation puis donnent la parole au "spécialiste". Et là... C'est le drame.

Celui-ci n'a pas la langue dans sa poche et n'est pas sur la même ligne que les deux présentatrices.Et ça... C'est mal.

Que dit-il ?

Que, bien sûr il y a des troupes au sol (un peu comme pour la France, mais qui le dit ?).

Que c'est la seule manière pour Barack Obama de vérifier à qui on donne des armes pour lutter contre les les forces du colonel Kadhafi. Que bien entendu, un scénario catastrophe consisterait à donner des armes à des gens qui se sont déjà battus contre des militaires américains sur d'autres terrains d'opération et qui risquent bien de s'armer à peu de frais. Un scénario d'ailleurs décrit par les services de renseignements français et exposé par le Canard Enchaîné cette semaine.

Jusque là, tout va bien, c'est vendeur "coco".

Malheureusement, ça se corse : l'ancien membre de la CIA explique que ce n'est pas si simple que ça. Que les membres de la CIA sur place rencontreront probablement plein d'insurgés sympas, mais pas les méchants islamistes djihadistes.

Pire, l'ancien de la CIA explique qu'il n'aurait tout simplement pas fallu aller en Lybie. Jusqu'ici, rien n'a marché pour faire partir le colonel Kadhafi. On en est visiblement au moment où l'on va entraîner des gens sur place. Cela prend du temps, explique-t-il. En outre, on approche du moment où la seule alternative sera d'envoyer des troupes au sol, précise-t-il.

Aaah, mais non, ça, personne ne veut de troupes au sol, explique la présentatrice, qui est visiblement très bien informée. L'attachée de presse de la Maison-Blanche le lui ayant probablement expliqué la veille.

Avec le sourire, l'expert de la CIA explique à la gentille dame qu'il y a parfois des développements qui s'imposent d'eux-même. Par exemple, il se pourrait que l'on se rende compte que le colonel Kadhafi reste en place et qu'il faille admettre que la stratégie choisie et tant poussée par notre bon président Nicolas Sarkozy, était une erreur, la seule alternative étant l'envoi de troupes au sol pour se sortir d'un fiasco.

Tentative astucieuse pour éluder la question de l'erreur de choix de la coalition, l'une des présentatrices évoque le risque de transformation de cette attaque contre la Libye en moyen de recrutement de djihadistes à travers le monde.

Absolument, rétorque l'expert.

Aaaaah, oui, mais non, dit la dame, tout le monde précise bien que ce n'est pas une attaque améicaine contre le monde musulman, que c'est l'OTAN qui gère. N'a-t-on pas appris de l'expérience irakienne ?

Hilarité à peine masquée de l'analyste : "cela pourra duper les Américains. Cela ne dupera pas les sympathisants de Ben Laden. Ceci est véritablement une opération dirigée par les Etats-Unis. Vous parlez des pays arabes qui sont membres de cette coalition, leurs gouvernements son haïs par leurs peuples".

Mince, l'expert à peut-être repéré, comme Reflets.info, qu'à Bahreïn, en Arabie Saoudite, au Yémen, en Syrie, il se passe des choses. Parfois même chez des alliés des Etats-Unis et de l'OTAN dans leur opération contre le colonel Kadhafi.

Critiquant la politique de son gouvernement ET de l'opposition, l'ancien de la CIA provoque quelques sourires gênés des présentatrices : "il est clair que vous n'êtes pas fan de la politique menée actuellement". Mince, comment se sortir de ces affirmations non prévues dans le script...?

"C'est un problème des deux grands partis qui aiment intervenir dans la vie de personnes alors que l'on a rien à faire là et à un moment où le pays est pratiquement en faillite", rétorque Michael.

Raaahhhh... Là, ça va trop loin pour les filles.

"Ca c'est une histoire totalement différente (...) L'économie et la Libye, ce sont deux problèmes totalement différents", explique la dame en mimant avec les mains deux pôles bien opposés pour que le téléspectateur américain comprenne bien.

Et là, la touche finale : "nous avons passé pas mal de temps sur cette interview et nous vous avons donné l'occasion de donner votre avis, merci Michael"...

Paf, on passe à autre chose.

Surtout, ne pas sortir du script. Mince, c'est fait...

Zut et re-zut, qui est le débile qui m'a choisi cet intervenant. Ah, non, ça... ça devait être pendant la coupure de pub.

 

 

 

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