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par Antoine Champagne - kitetoa

Chypre : des stress tests pas stressés

Il y a comme une impression de déjà vu. Le temps file et l’on constate qu’à Chypre, comme en Irlande précédemment, les banques qui passaient haut la main les « stress tests » des autorités de régulation bancaire européennes ne sont finalement pas dans un si bon état que ce qu’il semblait. Fin 2011, la European Banking Authority (EBA) menait des tests de « résistances » des banques européennes face à un hypothétique scenario, adverse.

Il y a comme une impression de déjà vu. Le temps file et l’on constate qu’à Chypre, comme en Irlande précédemment, les banques qui passaient haut la main les « stress tests » des autorités de régulation bancaire européennes ne sont finalement pas dans un si bon état que ce qu’il semblait. Fin 2011, la European Banking Authority (EBA) menait des tests de « résistances » des banques européennes face à un hypothétique scenario, adverse.

En cas d’aggravation de la crise, resteraient-elles suffisamment capitalisées pour survivre ? Oui, bien sûr pour la très grande majorité, expliquait benoitement l’EBA.

Et parmi les banques passées à la moulinette figurait les désormais célèbres banques « Laïki » et Bank of Cyprus. Dans le pire des cas, l’EBA estimait le ratio Core Tier One (le noyau dur des fonds propres de base nécessaire à une « bonne santé » de l’établissement) à 5.3%  à la date du 31 décembre 2012 pour la Laïki et à 6,2% pour la Bank of Cyprus. Dans le cadre de ses stress tests, l’EBA estimait qu’une banque qui ne passait pas « l’examen » avait un ratio de moins de 5% après application du scenario. Tout devait aller bien, donc pour la ces deux banques.

Chypre n’est pas tombée au fond du gouffre en un jour. Pas plus que l’Espagne, le Portugal, la Grèce ou l’Irlande. Une telle chute se prépare, prend du temps. Et personne n’a rien vu venir ? Pas même l’EBA ? Elle répondra volontiers que les informations financières concernant les banques stressées « sont basées sur des données  fournies par chaque banque, via leurs autorités de tutelle respectives. La précision de ces données est de la responsabilité des banques participantes et de leurs autorités de supervision. L’EBA ne peut être tenue pour responsable d’éventuelles erreurs ».

Pas responsable… Mais coupable ? Peut-être un peu, dans ma mesure où elle a franchement failli à son rôle de supervision du système bancaire européen. D’autant que l’EBA a pour objet de promouvoir une « stabilité du système financier, la transparence des marchés et des produits financiers ainsi que la protection des déposants et des investisseurs ».

Les déposants chypriotes ne lui disent pas merci…

L'apparente légèreté avec laquelle les autorités de contrôle du système financier scrutent les établissement est intrigante. Reflets planche actuellement sur un autre sujet assez proche qui permet de juger de la fragilité d'une banque. Les chiffres qui filtrent sont étonnants et laissent entrevoir un avenir bien sombre.

Pour autant, l'autorité de contrôle française et la fédération française des banques nous ont répondu ne pas disposer de ces chiffres. Voilà qui rassure sur les mesures prises pour encadrer un secteur qui présente un risque systémique fort...

 

 

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