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par Antoine Champagne - kitetoa

C'était vendredi... Jour de répression et toujours pas de données sur l'échelle ouverte de l'ONU

Les manifestations se sont poursuivies ce vendredi au Yémen, en Jordanie, en Syrie, à Bahreïn... La répression aussi. Paradoxalement, il y a entre certains pays en ébullition et la Libye quelques parallèles macabres qui incitent à se reposer la question de l’échelle ouverte de l’ONU. Et de celle de Nicolas Sarkozy, bien entendu. Tétanisé par l’effet « Alliot-Marie »  (mauvais pour les sondages, paraît-il), Nicolas Sarkozy a choisi de se rattraper avec la Libye. Et pas qu’un peu.

Les manifestations se sont poursuivies ce vendredi au Yémen, en Jordanie, en Syrie, à Bahreïn... La répression aussi. Paradoxalement, il y a entre certains pays en ébullition et la Libye quelques parallèles macabres qui incitent à se reposer la question de l’échelle ouverte de l’ONU. Et de celle de Nicolas Sarkozy, bien entendu.

Tétanisé par l’effet « Alliot-Marie »  (mauvais pour les sondages, paraît-il), Nicolas Sarkozy a choisi de se rattraper avec la Libye. Et pas qu’un peu. Il voulait être le premier sur tout. Le premier à reconnaître les insurgés comme seuls interlocuteurs valables. Grillant la politesse à ses alliés qui l’ont, évidemment, mal pris. Le premier à survoler la Libye. Quitte à y aller sans concertation véritable, sans préparation. Le premier à tirer. Officiellement, quatre tanks explosés par un avion français. Dans les minutes qui ont suivi, les américains sont entrés dans la danse, démontrant qui était le patron : Plus de 100 missiles Tomahawk se sont écrasés en quelques minutes sur la Libye de Kadhafi. Un peu plus tard dans la soirée, le porte-parole de l’armée américaine expliquait sans détour que les Etats-Unis géraient cette opération. Nicolas Sarkozy pouvait rengainer ses petits poings musclés. Il était, une nouvelle fois, ridicule sur le plan international.

L’effet « Alliot-Marie », c’était pourtant lui. Mais il lui fallait une victime expiatoire, un responsable. Un Nicolas Sarkozy ne se trompe, ni ne s’excuse, jamais. A n’en pas douter, Nicolas Sarkozy est le « patron » de ce groupe qui gère la France. Il ne délègue pas. Et en France, pour les non-comprenants, on n’envoie pas de troupes, fussent des policiers anti-émeutes, dans un pays étranger sans l’aval du chef de l’Etat. La proposition de Michèle Alliot-Marie n’était donc pas faite sans l’aval du chef de l’Etat. Le manque de réactivité de la diplomatie française était également un loupé de l’équipe gouvernementale, pour ne pas être méchant avec son véritable patron.

Pour ce qui est de l’opération en Libye, Nicolas Sarkozy est donc parti trop vite. Comme toujours, dans la précipitation et sans la concertation nécessaire. Le pire, c’est qu’il a embarqué beaucoup de monde dans son caprice. Et ces gens-là ne le lui pardonneront pas. Barack Obama, par exemple, qui n’était pas partisan d’une telle opération est désormais l’objet de critiques virulentes dans son pays, y comrpis de la part des représentants du peuple. Pire, à l’OTAN, on pense que l’opération durera au moins trois mois…

Car après quelques jours, il n’y a plus un seul commentateur sérieux pour dire que cette opération libyenne sera un succès. Tout le monde note son manque de préparation et d’organisation, ses effets mitigés et le fait que les frappes ne seront pas suffisantes pour écarter le colonel Kadhafi du pouvoir.

Mais surtout, c’est une forme d’incompréhension qui se met en place et qui sème les graines de la colère. L’opération libyenne, comme l’a expliqué à plusieurs reprises Reflets.info, met en place une coalition qui crée des alliances de circonstance complexes, et même incongrues.

En s’alliant avec l’Arabie Saoudite ou les Emirats Arabes Unis (qui répriment les manifestations à Bahreïn) contre la Libye,  comment, dès lors, s’insurger du traitement réservé aux peuples de ces pays lorsque cela sera nécessaire ?

Comment expliquer aux peuples en lutte contre des tyrans de la pire espèce que non, désolés, mais là on est très occupés avec la Libye et on ne peut pas s’occuper de vous. Bien entendu, vos luttes à vous, les Syriens, les Yéménites, les Jordaniens, les Bahreïnies, les… sont tout à fait respectables. Et nous enjoignons vos « dirigeants » à la retenue et aux changements. Mais bon, on ne va quand même pas bombarder les commissariats de Bahreïn, les palais de Damas, que sais-je ?

Pourtant, ce vendredi, au moins 20 personnes sont mortes en Syrie, à Daraa, alors que le président syrien avait, tout comme Kadhafi, tenu un discours d’apaisement à l’adresse des occidentaux en annonçant moult réformes et libérations de prisonniers.  Comme le colonel Kadhafi, ce tyran-là était l’un des invités d’honneur de Nicolas Sarkozy à Paris, pour le défilé du 14 juillet en France. A Damas aussi, la police a tiré sur  les manifestants (trois morts). Les arrestations se sont multipliées ce vendredi. Selon l’AFP, 10 personnes sont mortes à Sanameïn. Pour le ministre de l’information, « la situation est totalement calme dans les villes syriennes et les terroristes ont été arrêtés ». Encore des terroristes d’Al-Qaida sans doute… Comme au Yémen.

Au Yémen où le président Saleh annonce être prêt à « passer le pouvoir entre des mains responsables » après avoir fait tirer sur la foule par des snipers cette semaine avec un bilan de 52 morts. Il y a comme un bug dans sa communication… Il est responsable, lui, lorsqu’il ordonne des massacres de ce genre ?

En Jordanie on déplore officiellement un mort. Contrairement, bien entendu à l’annonce officielle faite par les autorités qui juraient, la main sur le cœur, que les forces de l’ordre avaient reçu l’ordre de ne tirer sous aucun prétexte, y compris si elles étaient l’objet de tirs.

En côte d’Ivoire, on compterait plusieurs centaines de morts dans les affrontements entre partisans des deux présidents, Ouattara et Gbagbo. Près d’un million de personnes pourraient rapidement être déplacés dans ce pays, créant une situation intenable.

Encore un vendredi ordinaire avec son cortège de morts qui, ceux-là n’émeuvent pas plus Nicolas Sarkozy que l’ONU. Mais comment diable est composée leur échèle d’indignation ? A partir de combien de morts se décident-ils à agir ? Comment ces gens pensent-ils pouvoir avoir l'air sérieux quand ils fonctionnent avec un système deux poids, deux mesures de ce type ?

Tant qu’on y est, Reflets.info interroge régulièrement via Twitter l’Elysée sur l’endroit où l’on peut consulter la liste des avoirs libyens saisis en France. Sans le moindre succès. Y’a quelqu’un à l’Elysée ? A part pour déclencher des guerres ?

 

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