Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

Ca coûte très cher le temps, mon bon monsieur Sarkozy...

Reflets vous recommande la lecture de l'article en page 3 du Canard Enchaîné de cette semaine. Un joli résumé de la réalité concernant la crise financière actuelle. Vous vous êtes tous réveillés ce matin avec les titres sur le sauvetage de l'Euro cette nuit par Super Sarko et Super Angela. La joie des commentateurs sur BFMBusiness n'était pas feinte. Victoire ! Le CAC gagne près de 4% ! Enfin, on est sauvés. Business as usual... Tout reprend comme cela doit être. Mais pour combien de temps ?

Reflets vous recommande la lecture de l'article en page 3 du Canard Enchaîné de cette semaine. Un joli résumé de la réalité concernant la crise financière actuelle. Vous vous êtes tous réveillés ce matin avec les titres sur le sauvetage de l'Euro cette nuit par Super Sarko et Super Angela. La joie des commentateurs sur BFMBusiness n'était pas feinte. Victoire ! Le CAC gagne près de 4% ! Enfin, on est sauvés. Business as usual... Tout reprend comme cela doit être.

Mais pour combien de temps ? Avec l'accord trouvé hier, Nicolas Sarkozy a acheté du temps. Assez pour tenir jusqu'à l'élection présidentielle ?

En fait, rien n'est réglé. On ajoute de la dette à la dette pour résoudre une crise... de la dette. Dans quelques mois, le problème actuel va se poser à nouveau. Mais de manière plus violente.

Dans son article, le Canard rapporte quelques discussion de Nicolas Sarkozy avec ses proches : "Si les solutions sont trouvées pour sortir de la crise, j'apparaîtrai lors comme celui qui a sauvé la situation et ma réélection sera bien partie". A l'inverse, "Si nous perdons le triple A, je suis mort. C'est là-dessus que se jouera le différentiel de compétence avec Hollande. Il n'y a pas d'alternative, nous ferons tout pour le garder".

Nul doute, Nicolas Sarkozy va exploiter jusqu'à plus soif l'accord d'hier dans les semaines à venir. A commencer par ce soir, où il sera interrogé par des experts économiques et financiers de renom, Jean-Pierre Pernaut et Yves Calvi.

Il y a un certain nombre de points sur lesquels il ne s'étendra pas au cours de cette interview sans concessions.

En voici quelques uns :

  • La France devra participer à l'augmentation de la force de frappe du FESF. Cela pèsera sur ses finances et la perspective de conserver le triple A s'éloigne.
  • Les marchés ne sont toujours pas désarmés et il vont se lâcher à nouveau dans un avenir très proche
  • Les marchés vont rapidement s'attaquer aux points faibles du plan qui ne seront pas mis en avant par leurs concepteurs. Par exemple : le haircut de 50 % ne s'applique qu'à une faible partie de la dette grecque (le FMI estimait à 60% le haircut nécessaire, sur tout l'encours) et les banques s'en sortent très bien sur ce coup là (elles en profiteront). Notez que les actifs grecs détenus par la BCE ne sont pas concernés par ce haircut (hahaha, ah bon ?). Par ailleurs, le pouvoir du FESF qui n'est peut-être pas celui annoncé. A-t-on pris en compte le fait que dans les garanties que peut apporter le FESF, il y a des montants correspondant à des pays en mauvaise position ? Par exemple l'Espagne, l'Italie, le Portugal, l'Irlande, ... La Grèce ?
  • Le fait de nier que le haircut sur la dette grecque équivaut à événement de créditva poser un petit souci sur le front des CDS.
  • Le renforcement du FESF est un simple déplacement du risque. Les marchés vont vite le comprendre.
  • Les européens tablent sur l'aide de la Chine et de quelques autres pays pour les aider à sortir du trou. Oups, la Chine est dans une situation pre-crise. Quelqu'un le leur à dit ?

 

 

 

  • Les chiffres annoncés pour le refinancement des banques sont une blague, comme toujours. Souvenez-vous, lors des derniers stress tests, les banques européennes avaient besoin, selon l’Autorité Bancaire Européenne (ABE), de 2,5 milliards pour passer le cap de la crise. Aujourd'hui, trois mois plus tard, le montant annoncé est de 106 milliards... Si l'on prenait le même pourcentage d'erreur (4140%), il faudrait en réalité aujourd'hui (ou dans trois mois, une fois les chiffres à nouveau révisés) quelque 4494.40 milliards ?...
  • Les banques ont à nouveau recapitalisées. Elles vont donc pouvoir continuer à faire des conneries. Comme celles décrites dans l'article du Canard. Ainsi, les banques françaises qui sont les plus exposée à la dette grecque, italienne, irlandaise, espagnole ou portugaise, n'ont eu de cesse que de distribuer des dividendes confortables et des bonus au lieu de renforcer leurs fonds propres. Pas grave, l'Etat est de nouveau là pour les sortir du trou.

 

 

Jusqu'ici, tous les beaux plans de sauvetage de l'euro (en gros, quatre plans) ont échoué. Ils ont "rassuré" les marchés pendant un temps plus ou moins long. quel sera le "temps de vie" de celui-ci ? 5 jours ? Plus ? Les paris sont ouverts.

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée