Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

Autopsie de la mort à Johnny

C'était attendu. La mort de l'organe national français... Aujourd'hui, Johnny est mort et le tsunami, attendu lui aussi, a déferlé sur le pays gaulois. Télés, radios, journaux, tous ont mis à Une le rocker, sorti les nécros peaufinées depuis des mois, si ce n'est des années. La mort à Johnny a éclipsé sur les médias mainstream toute l'information produite par la population mondiale.

C'était attendu. La mort de l'organe national français... Aujourd'hui, Johnny est mort et le tsunami, attendu lui aussi, a déferlé sur le pays gaulois. Télés, radios, journaux, tous ont mis à Une le rocker, sorti les nécros peaufinées depuis des mois, si ce n'est des années. La mort à Johnny a éclipsé sur les médias mainstream toute l'information produite par la population mondiale. Sur France-Info, de quatre heure du matin (paraît-il, on dormait, désolés) jusqu'à ce soir, il n'y en avait que pour celui qui mimait les stars américaines du rock and roll, allant parfois jusqu'à franciser très approximativement les paroles de tubes ricains. Sur les tévés d'information en continu, le mot continu n'a jamais été aussi à propos, à part peut-être lors des attentats qui ont secoué la France. La hiérarchie de l'information a disparu, l'espace d'une journée (on verra si cela dure encore demain) et la loi de proximité, chère aux médias, s'est enflée au point de tout balayer.

La mort à Johnny, c'est aussi un truc dingue qui a transformé instantanément tous les journalistes en fans inconditionnels du grand homme, personne ne s'aventurant à dire que tout de même, il nous cassait un peu les oreilles avec sa prose profonde comme "noir c'est noir et gris c'est gris" (ah bon ?). Le risque étant de s'attirer l'opprobre de la nation toute entière, paraît-il en deuil, comme l'avait prédit il y a bien longtemps l'immense Eric la Blanche :

Non, il fallait tout suivre, les fans devant sa maison à Marnes-la-coquette, planter des caméras devant l'Olympia ou l'idole s'était produite par le passé, on en passe.

Et il fallait y aller fort, pour la mort à Johnny. Certains allant même jusqu'à le comparer à Victor Hugo. Vivement les oeuvres de Johnny dans la Pléiade que l'on puisse enfin se cultiver.

Non franchement, cette mort à Johnny, mérite une petite autopsie. Il serait utile d'essayer de comprendre ce qui pousse les médias mainstream à fabriquer l'opinion, à créer de toutes pièces un deuil national autour d'un chanteur dont le talent est, comme pour tout artiste, discutable. Ce paroxysme d'auto-création de l'événement est une illustration de ce qui est fait chaque jour pour toutes les petites phrases vides de sens montées en épingle, pour tous les faits-divers français qui éclipsent les cohortes de morts, les tonnes de malheur qui ravagent la planète. Cette loi de la proximité qui dénature l'information et sa naturelle hiérarchie.

Où va la presse ? Qui conduit le bousin ? N'accentue-t-elle pas le risque des dérives idiotes d'un Jean-Luc Mélenchon réclamant un "tribunal de la presse", des envolées lyriques d'une extrême-droite inspirée par les vieux démons puants qui parle de "merdias" et de "journalopes" ?

Doit-on vraiment creuser sa propre tombe en enterrant Johnny ?

 

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