Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Jacques Duplessy, Antoine Champagne - kitetoa

10 raisons de mettre ou remettre son gilet jaune

Le 21 septembre devrait marquer la "rentrée" du mouvement

Samedi 21 septembre, dans les rues, il y aura des gens en lutte pour le climat, des syndicats contre la réforme des retraites et des gilets jaunes. Tous ont des raisons d'y être... Tout le monde évoque une possible convergence des luttes.

Manifestation en mars dernier - © Reflets

1) La mort de Zineb Redouane, de Steve Maia Caniço ne doit pas nous laisser indifférents.

L'IGPN a montré ses limites et ressemble plus à une machine à blanchir les membres des forces de l'ordre qu'à un service d'enquête indépendant. Le Canard Enchaîné a montré par exemple que la police judiciaire qui enquête désormais sur la mort de Steeve Maia Caniço met à mal la version de l'IGPN :

Au mieux, c’est une erreur ; au pire, un mensonge... Dans son « rapport de synthèse », rendu public le 30 juillet par Edouard Philippe et Christophe Castaner, l’IGPN, la police des polices, écrit, au sujet de Steve Maia Caniço, disparu la nuit de la Fête de la musique et retrouvé le 29 juillet noyé dans la Loire : "Le téléphone de la personne disparue déclenchait un dernier relais téléphonique à 3 h 16 le 22 juin 2019." Sous- entendu : soit le téléphone n’avait plus de batterie, soit le jeune homme était tombé à l’eau avec son mobile, qui avait alors cessé d’émettre. Dans cette hypothèse, sa chute se serait donc produite plus d’une heure avant l’intervention musclée des forces de l’ordre sur le quai Wilson, à Nantes – manœuvre destinée à faire cesser la musique.

Pas de chance, la PJ a consulté toutes les données téléphoniques concernant Steeve et son portable a continué d’émettre jusqu’à 4 h 33... soit treize minutes après le début de l’intervention policière... Il "bornait" encore à cette heure là. C'est à dire qu'il se révélait aux tours d'antennes environnantes.

En ce qui concerne Zineb Redouane, octogénaire décédée le 2 décembre 2018 à Marseille après avoir reçu dans le visage une grenade lacrymogène (elle fermait ses volets), rien n'est ressorti de l'enquête en cours. Les CRS ne se reconnaissent pas, ni leurs collègues, sur les images des caméras de surveillance. Les armes utilisées n'ont pas été fournies à l'IGPN, malgré ses demandes. Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur explique : « Je ne voudrais pas qu’on laisse penser que les forces de l’ordre ont tué Zineb Redouane. Parce que c’est faux. » En d'autres termes, Zineb Redouane est morte, selon lui, parce qu'elle a fermé ses volets...

Il faut des enquêtes indépendantes. Pas de paix sans justice...

2) Le gouvernement maintient qu'il n'y a pas de violences policières alors que l'on compte 315 blessures à la tête, 24 personnes éborgnées et 5 mains arrachées

Le journaliste David Dufresne (Davduf) tient un décompte macabre du résultat du maintien de l'ordre à la française, façon Castaner, Philippe et Macron. Ce maintien de l'ordre, en 2018/2019, nous l'avons détaillé, tel que nous avons pu l'observer au coeur de quasiment chaque manifestation : des nasses indues, qui durent trop longtemps, des gens qui veulent sortir et viennent immanquablement au contact, des jets de projectiles (souvent de simples bouteilles d'eau), une réponse disproportionnée (tirs nourris de lacrymogènes et de LBD). Cette politique a généré des blessés graves dont nous avions parlé très tôt ici.

3) Christophe Castaner, comptable de ce bilan est toujours à son poste et a le soutien du président et du premier ministre

La mort de Malik Oussekine avait déclenché des manifestations monstres dans toute la France. Visiblement, le temps n'est plus à la solidarité, les marches, de nos jours ne rassemblant au mieux que quelques milliers de personnes quand ce ne sont pas simplement des centaines. A l'époque, Alain Devaquet, ministre de l'éducation (sa réforme était contestée par les étudiants) avait démissionné. Le ministre de la défense Charles Hernu avait pour sa part démissionné en 1985 après l'attentat (perpétré par la DGSE) contre de Rainbow Warior (bateau de Greenpeace). De nos jours, quand deux personnes meurent que des centaines sont blessées gravement, on reste à son poste, avec la bénédiction du premier ministre et du président. Selon David Dufresne, on compte 2 448 blessés, 561 signalements déposés à l'IGPN, 313 enquêtes judiciaires de l'IGPN, 8 enquêtes administratives, 15 enquêtes judiciaires de l'IGGN, 180 enquêtes transmises au Parquet, 19 071 tirs de LBD, 1 428 tirs de grenades lacrymogènes instantanées, 5 420 tirs de grenades de désencerclement , 474 gendarmes blessés et 1 268 policiers blessés.

4) L'exécutif s'entête dans ses réformes ultra-libérales, ses cadeaux aux classes les plus aisées de la population

Le président des riches reste le président des riches, même s'il a mangé une pizza cet été. N'en déplaise à Christophe Barbier...

Les réformes d'Emmanuel Macron creusent les inégalités, ce n'est pas Reflets qui le dit, mais Challenges, un journal qui n'est pas connu pour ses prises de position gauchistes. Le Monde, lui, estime que "Les ultrariches" sont les "grands gagnants de la fiscalité Macron". Comme ses prédécesseurs, Emmanuel Macron met l'accent sur la lutte contre la fraude aux prestations sociales qui "coutent un pognon de dingue, mais oublie opportunément la fraude aux cotisations sociales, opérées elles par les entreprises.

Illustration réalisée par Lemonde.fr - Le Monde
Illustration réalisée par Lemonde.fr - Le Monde

5) Une réforme du chômage défavorable

Durée d'affiliation rallongée pour pouvoir bénéficier du chômage, modification du calcul de l'allocation, plafonnement des indemnités aux prud'hommes, les réformes d'Emmanuel Macron sont un peu plus dures pour les petits que pour les très riches (fin de l'ISF, flat tax...).

6) APL : nouvelle baisse en vue

Une nouvelle baisse de l'aide personnalisée au logement est prévue en janvier 2020. Le 2 juillet dernier, Le Canard Enchaîné expliquait que :

la réforme, qui consiste à prendre en compte les revenus des douze derniers mois au lieu de l’année n – 2, fera 1,2 million de perdants (sur 6,5 millions d’allocataires). Comme « Le Canard » l’a raconté (5/12), la perte moyenne pour ces veinards s’élèvera à... 1 000 euros par an, selon les calculs explosifs de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) ! De quoi faire remonter quelques gilets jaunes sur les ronds-points...

7) La réforme des retraites

Très angoissé par une possible explosion sociale face à ce projet, le gouvernement Philippe marche sur des oeufs et le fait savoir partout. On va y aller doucement, prenons notre temps, les éléments de langage se retrouvent tous dans tous les journaux. Mais s'il veut prendre son temps, il est certain que le gouvernement ne veut pas renoncer à ce projet qui repose sur des points acquis. Une aubaine puisque les gouvernements suivants pourront à loisir abaisser la valeur de ces points. L'âge de départ en retraite à taux plein est également reculé dans les faits à 64 ans (pas dans le texte).

8) La casse du système de santé et un personnel hospitalier à bout

Austérité... Ce mot-valise des ultra-libéraux s'applique à tous, sauf à eux-mêmes. Supprimer l'ISF mais laisser les hôpitaux se débrouiller avec des moyens minimaux. Résultat, 249 services d'Urgences en grèves en septembre.

9) Un "grand débat" bidon

Que reste-t-il du "grand débat" ? Rien, évidemment... si ce n'est une habile manœuvre de diversion. Ce qui a été retenu des propositions est juste ce qui correspond au programme du gouvernement. Plutôt qu'un grand débat biaisé, un référendum d’initiative citoyenne !

10) La privatisation d'ADP

Vous avez aimé la privatisation des autoroutes ? Voici celle d'Aéroports de Paris...

Les lieux de rendez-vous pour samedi 21 septembre sont listés sur cette page.

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