Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
Édito
par Antoine Champagne - kitetoa

Allez, hop, virage à droite toute, ça va nous sauver de la méchante crise de la dette !

Coucou, vous vous réveillez ce matin avec une Espagne qui a élu des représentants de droite avec une large majorité. Après la Grèce qui avait viré à droite aussi, avec même de l'extrême droite inside, on comprend que les choses vont aller mieux. Les méthodes avancées pour sortir du bourbier de la crise de la dette souveraine sont claires : plus d'austérité et pour la faire passer, le prétexte de "l'unité nationale". Nul doute, dans un an, la Grèce et l'Espagne seront sorties d'affaire.

Coucou, vous vous réveillez ce matin avec une Espagne qui a élu des représentants de droite avec une large majorité. Après la Grèce qui avait viré à droite aussi, avec même de l'extrême droite inside, on comprend que les choses vont aller mieux. Les méthodes avancées pour sortir du bourbier de la crise de la dette souveraine sont claires : plus d'austérité et pour la faire passer, le prétexte de "l'unité nationale". Nul doute, dans un an, la Grèce et l'Espagne seront sorties d'affaire.

Ne soyons pas sectaires, il y a aussi les virages à gauche annoncés. Comme en France. Nul doute que là encore, tout ira mieux après.

Oui, sauf que non.

Pourquoi ? Parce qu'austérité ou pas, le monde (je n'ai pas écrit un pays ou un autre) le monde, donc, ne sortira pas de la crise dans laquelle il s'enfonce. Reflets a expliqué longuement en quoi cette crise vient de loin. Elle est le résultat de décisions toutes les plus idiotes les unes que les autres mais qui mises bout à bout, créent une crise profonde. Tellement profonde que toutes les cures d'austérité de l'univers ne permettront pas de la régler.

Passons sur le fait que les cures d'austérité minent la croissance et donc réduisent les chances de faire redémarrer la machine (la Grèce est un exemple parlant). Passons sur le fait que les cures d'austérité pénalisent les plus pauvres et aident les plus riches à passer le cap sans trop de pertes (le sauvetage récurrent du secteur financier en est un exemple).

Non, attardons-nous sur ce qui n'est pas fait. Sur ce qui reste une constante. Sur ce qui mine l'économie réelle. De petits détails qui ne sont jamais évoqués par les dirigeants lorsqu'il s'agit de préconiser des solutions de sortie de crise. Ou qui rentrent au stade des déclarations d'intention.

Tant qu'ils disposeront d'armes nucléaires, les marchés continueront de les utiliser. Donnez un jouet à un enfant, il jouera avec tant qu'il l'aura à disposition. C'est humain.

Les marchés financent l'économie réelle ? Vraiment ? Ils se financent eux-mêmes. L'économie réelle est leur combustible. Lorsque vous parvenez à 5.000 cotations par seconde sur une valeur, vous n'avez plus aucun lien avec l'économie réelle. Vous spéculez.

Lorsque vous pouvez balancer des millions d'ordres par jour dont la majorité sont annulés, tout ça pour enfumer les algorithmes des voisins, façon DDoS, vous ne financez pas l'économie réelle.

Est-il nécessaire d'avoir des dizaines de places de marché pour financer l'économie réelle ? Dont une bonne partie sous forme de boite noire (dark pools) ? Est-il raisonnable de laisser la majorité des décisions d'achat et de vente aux machines ? Est-il raisonnable de laisser des gens dans des tours de verre décider des prix des matières premières, pour leur plus grand profit, au détriment des producteurs ?

Et si l'on désarmait les marchés plutôt que de parler de cures d'austérité ? Une petite cure d'austérité pour le secteur financier, ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée...

 

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée