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par bluetouff

Alcatel Shanghai Bell et Deep Packet Inspection en Birmanie

Après avoir distribué quelques cyber quiches à Amesys, Bluecoat ou à Qosmos, Reflets hésitait un peu entre Thalès et Alcatel Lucent pour la suite de sa petite saga sur le Deep Packet Inspection, cette technologie bien de chez nous que les dictatures du monde entier nous envient... et que nous leur vendons dans le plus grand mépris des droits de l'homme et de toute déontologie. Nous avons donc opté pour Alcatel Shanghai Bell, la filiale chinoise d'Alcatel Lucent issue de ses actifs belges.

Après avoir distribué quelques cyber quiches à Amesys, Bluecoat ou à Qosmos, Reflets hésitait un peu entre Thalès et Alcatel Lucent pour la suite de sa petite saga sur le Deep Packet Inspection, cette technologie bien de chez nous que les dictatures du monde entier nous envient... et que nous leur vendons dans le plus grand mépris des droits de l'homme et de toute déontologie. Nous avons donc opté pour Alcatel Shanghai Bell, la filiale chinoise d'Alcatel Lucent issue de ses actifs belges. Alcatel Shanghai Bell, c'est aussi le bras numérique armé de la junte militaire birmane.

L'affaire n'est pas récente, elle est même assez connue. Pourquoi vous en reparler alors ? A la lumière des informations que nous avons obtenus concernant le rôle d'Amesys en Libye et de celles apportées par OWNI sur les autorisations inexistantes car ces "armes technologiques non létales" ne sont pas des armes selon les marchands de mort qui les intègrent et les vendent à des dictatures... Il ne nous paraissait pas idiot de revenir sur ce dossier. Du coup, avec notre mauvais esprit, nous nous sommes demandés si chez Alcatel Lucent on pouvait continuer à se regarder dans la glace en sachant que l'entreprise contribue activement à une répression particulièrement violente de l'opposition politique.

"on a fourni une infrastructure, après la façon dont un réseau est exploité et comment il est exploité ne relève pas de nos prérogatives" Laurent Dunoyer de Segonzac - Alcatel Lucent 

Au passage si vous postulez pour un Job de communicant chez Alcatel Lucent, le "comment" est une question qu'on a le droit de poser, en revanche le "par qui" (dans notre cas les généraux birmans), est une question à soigneusement éviter.

Cette phrase totalement hallucinante, illustre parfaitement le malaise qui nous anime au sujet des ventes d'armes numériques à des dictatures. Vous vous souvenez bien évidemment du GLint/Eagle qu'Amesys a vendu au régime de Kadhafi. Chez Alcatel Lucent, niveau Deep Packet Inspection on est pas non plus en reste. Nous vous avons d'ailleurs déjà parlé de cette splendide gamme de routeurs de services, les 7750, capables d'intercepter le trafic Web, GPRS, GSM... petits dessins à l'appui, issus d'une présentation PowerPoint  nommée ALU_IP_Products.ppt (Powerpoint - 7,8Mo), qui a étrangement disparu du Web... Sauf sur un site chinois que Crazysky a réussi à récupérer et nous l'en remercions !

Reflets s'interroge aujourd'hui sérieusement sur le type d'infrastructure qu'Alcatel Shanghai Bell a pu mettre en place pour le régime birman et ne serait pas surpris de mettre en évidence la présence d'une solution intégrée d'interception, de stockage et d'indexation des communications des dissidents birmans... comme pour la Libye.

Les démentis d'Alcatel Lucent paraissent bien ridicules face aux éléments accablants qui pointent du doigt l'entreprise franco-américaine. Les bureaux d’Alcatel-Shangai-Bell, se trouvent, bien cachés, au 5ème étage de l’Hôtel Sedona (Rangoon). Disons le clairement, Reflets ne croit aucunement qu'Alcatel Shanghai Bell a déployé un réseau neutre et acentré, ni même un réseau de communication performant... mais bien un réseau le plus simple possible à écouter, le plus centralisé possible, dans la cyber-ville de Yadanabon.

Reflets a récemment rencontré Paul Moreira, auteur d'un passionnant documentaire "Spécial Investigation", diffusé par Canal+ en mars 2010 sur les activités d'Alcatel Shanghai Bell. L'entretien fut très riche mais nous ne vous en dirons pas plus pour le moment, nous espérons revoir Paul prochainement pour recouper quelques informations issues de nos diverses recherches à propos des différents cas sur lesquels nous avons travaillé. Tous démontrent une évidente carence législative sur ces outils que le grand public appréhende mal, tant ils semblent être tout droit sortis d'un mauvais roman de science-fiction.

Alcatel Shanghai Bell en Birmanie :

Et voici la presentation des 7750 d'alcatel (merci Fivestars et à Mehmnoch) qui ont repéré le document sur un site chinois.

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