Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
Édito
par Antoine Champagne - kitetoa

A vendre, bradé : caca de taureau

C'est probablement, avec la connerie humaine, l'un des trucs les plus répandus. Du coup, c'est souvent bradé. Pas plus tard qu'hier, sur eBay... Plus sérieusement, deux déclarations ces derniers jours méritent de figurer quelque part (ici, du coup) pour être relues posément dans quelques mois (semaines ? Jours ?). La première nous vient tout droit d'Amesys qui dans son communiqué sur sa page Web unique, remplaçant tout son contenu habituel (faudrait pas laisser de vieux fichiers PDF trainer....

C'est probablement, avec la connerie humaine, l'un des trucs les plus répandus. Du coup, c'est souvent bradé. Pas plus tard qu'hier, sur eBay... Plus sérieusement, deux déclarations ces derniers jours méritent de figurer quelque part (ici, du coup) pour être relues posément dans quelques mois (semaines ? Jours ?).

La première nous vient tout droit d'Amesys qui dans son communiqué sur sa page Web unique, remplaçant tout son contenu habituel (faudrait pas laisser de vieux fichiers PDF trainer.... oups, ah bon quand on les enlève ils sont toujours sur le Web?), nous explique sans rire que sa solution vendue à la Libye était destinée à surveiller quelques milliers de comptes Internet.

Citons Amesys :

Le contrat concernait la mise à disposition d’un matériel d’analyse portant sur une fraction des connexions internet existantes, soient quelques milliers. Il n’incluait ni les communications internet via satellite – utilisées dans les cybercafés -, ni les données chiffrées – type Skype -, ni le filtrage de sites web. Le matériel utilisé ne permettait pas non plus de surveiller les lignes téléphoniques fixes ou mobiles.

Maintenant revenons à ce que disait Amesys en Mai 2011 à la brochure d'information du salon Milipol, celui où se vend et s'achète à peu près tout ce que les marchands de mort savent faire.

 

Amesys y décrivait son système Eagle, celui qui a été installé en Libye:

 

Résumons... Amesys a donc vendu au colonel Kadhafi une solution"permettant à un gouvernement de contrôler toutes les communications, qu'elles entrent ou qu'elles sortent du pays".

Mais elle a vendu cette solution énorme pour surveiller une "fraction des connexions internet existantes". Du coup, on peut raisonnablement se demander si Amesys n'a pas un peu gonflés le contrat et la facture. Peut-être que quelque chose de bien plus modeste et bien moins cher aurait pu suffire ?

Une deuxième déclaration a marqué notre esprit ces jours-ci. Celle du Quai d'Orsay rapportée par Lemonde.fr

Le ministère des affaires étrangères français a par ailleurs indiqué, mardi 6 septembre, que du matériel électronique destiné à espionner les opposants et les rebelles libyens avait bien été vendu à Tripoli par la société française, Amesys. "Le logiciel Eagle ne fait pas l'objet d'un contrôle à l'exportation, a précisé le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, l'Etat n'a pas de visibilité sur son exportation ; nous démentons donc toute implication dans des opérations d'écoute de la population libyenne." La DGSE s'est refusée à tout commentaire mais a tenu à rappeler que l'ensemble de ses activités en Libye s'inscrivait dans la lutte antiterroriste et notamment dans la traque, après 2001, des membres d'Al-Qaida et ses alliés, dont les combattants d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). De source proche de la DGSE, on ajoute que les contacts avec Tripoli "se sont avérés décevants car les Libyens ont fait preuve d'un faible engouement dans la lutte antiterroriste".

Décidément, dans cette affaire, tout le monde rejette la faute sur les autres. Amesys d'abord qui pense sans doute que vendre un tel matériel avec les risques pour les populations que cela induit dans une dictature notoire, c'est tout à fait normal quand votre gouvernement entretient de bonnes relations avec le dictateur notoire en question. Pour le ministère des affaires étrangères qui dit que le gouvernement n'est au courant de rien.

 

 

"Le logiciel Eagle ne fait pas l'objet d'un contrôle à l'exportation", a précisé le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, l'Etat n'a pas de visibilité sur son exportation ;

Le porte parole Bertrand Valero ferait bien de potasser son code pénal.

Il ne s'agit pas de contrôles à l'exportation. Mais de type de matériel. Amesys, pour le vendre y compris dans le Poitou, doit disposer des autorisations nécessaires qui sont données par le premier ministre ou, sur délégation, par le secrétaire général de la défense nationale. Dommage qu'il n'y ait pas de prix Busiris pour les assertions de ce genre. Quoi que.. On ne sait jamais...

Si l'état n'a pas de "visibilité" sur les exportations des produits de ce genre par Amesys/Bull, il y a des condamnations et des amendes à la clef qui ne sont pas négligeables. Humour en vue...

 

 

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