Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

A droite on sécurise l'emploi, à gauche, on voit de la flexibilité... Paradoxal ?

Pour les vieux qui ont connu la franche guerre de tranchées entre droite et gauche à une époque où les blocs de l'Est et de l'Ouest se déchiraient pour savoir qui de l'un ou de l'autre imposerait à la planète sa vision d'un monde heureux et juste, voir le Medef et les journaux classés à droite parler de sécurisation de l'emploi tandis que ceux étiquetés à gauche parlent de flexibilité de l'emploi, il y a de quoi être désarçonné.

Pour les vieux qui ont connu la franche guerre de tranchées entre droite et gauche à une époque où les blocs de l'Est et de l'Ouest se déchiraient pour savoir qui de l'un ou de l'autre imposerait à la planète sa vision d'un monde heureux et juste, voir le Medef et les journaux classés à droite parler de sécurisation de l'emploi tandis que ceux étiquetés à gauche parlent de flexibilité de l'emploi, il y a de quoi être désarçonné.

Drôle de réveil avec France Info il y a quelques jours qui évoque le début des négociations sur l'emploi entre partenaires sociaux en parlant de "sécurisation de l'emploi". L'auditeur un peu averti sait en effet que dans cette négociation, le but recherché par le Medef est avant tout de faciliter les licenciements, ce qui est loin d'une sécurisation de l'emploi pour les salariés. Pourquoi France Info a-t-elle choisi cette appellation pour désigner ces négociations et où l'a-t-elle trouvée ? Le reste de la presse a-t-elle fait de même ? Les journaux marqués à droite évoquent ce sujet avec les mêmes mots, Le Figaro, Le Point, l'Usine Nouvelle et même l'AFP mettent tous en avant la "sécurisation de l'emploi".

Ce terme est issu du  point de presse de la patronne du Medef le 20 novembre. Laurence Parisot en a fait un point particulier de son speech et même, un "intertitre" du compte rendu présent sur le site du Medef.

Dès les premières lignes qui suivent cet intertitre, Laurence Parisot éclaircit son propos. La sécurité de l'emploi se transforme très vite en flexibilisation du marché du travail :

il est absolument indispensable que le concept de flexibilité soit accepté. Pas simplement vaguement entendu de loin ; pas simplement caché sous d’autres mots – adaptation, souplesse, que sais-je encore.(...) Je crois qu’il est temps de – pardonnez-moi ce néologisme – de « détabouiser » le mot de flexibilité. (...) Il s’agit,  premièrement,  de diminuer l’aléa judiciaire qui pèse sur toutes les procédures – que nous soyions dans une logique de relation individuelle ou de relation collective.

Paradoxalement, l'Humanité parle de flexibilité dans son titre et l'oppose à la "sécurité" qui ne serait pas dans les plans actuels du Medef.

Un peu comme si le Medef et l'Humanité donnaient le même sens au mot "sécurité". En effet, l'Humanité, pleine d'optimisme, semble voir dans ces négociations, un outil de sécurisation du travail pour les salariés. Pourtant, pour le Medef -et le compte-rendu de son point de presse de novembre le démontre, la "sécurisation de l'emploi" est un simple "intertitre" qui une fois développé, devient "flexibilité" et plus de facilités pour licencier.

Faire en sorte que la presse présente les négociations sur l'emploi entre partenaires sociaux comme un moyen de sécurisation de l'emploi n'est pas neutre. Cela permet de se placer, dans l'esprit des salariés concernés, dans le rôle du "gentil". Et dans cette configuration, il n'est pas impossible que, si ces négociations devaient échouer, le Medef accuse les syndicats d'avoir fait achopper les fameuses discussion sur la "sécurisation de l'emploi". Ça passerait mieux que "les syndicats ont fait échouer les discussions sur la facilitation des licenciements". Pourtant, les mots ont un sens... Dit-on.

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