Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Yovan Menkevick

Vous étiez 16 millions à voter devant l'écran

A la lecture des commentaires négatifs de l'article de Kitetoa sur la Coupe du monde au Brésil, un sentiment étrange advient. Certains vont penser qu'il ne reflète pas celui du plus grand monde, mais quand même… Les lecteurs de Reflets ont tendance à ne pas adhérer avec les grandes tendances de l'époque, à ne pas s'en "laisser conter" comme on dit.

A la lecture des commentaires négatifs de l'article de Kitetoa sur la Coupe du monde au Brésil, un sentiment étrange advient. Certains vont penser qu'il ne reflète pas celui du plus grand monde, mais quand même…

Les lecteurs de Reflets ont tendance à ne pas adhérer avec les grandes tendances de l'époque, à ne pas s'en "laisser conter" comme on dit. Le lecteur de Reflets n'est pas un con moyen : c'est ce qu'on se dit, parce qu'on doit être un peu plus prétentieux que la moyenne ou naïf, tout dépend comment on regarde la chose. Bref, le lecteur qui ne veut pas qu'on lui en conte, est content qu'on lui dénonce des malversations du système en place. Sur la surveillance numérique, par exemple. Ca lui plaît : il fait partie des gens à qui on "ne la fait pas". C'est bien. Reflets est un bon journal, avec des lecteurs avertis qui ont compris que le monde n'est pas celui décrit par TF1. Et d'un seul coup, une distorsion survient : plein de lecteurs viennent hurler leur amour de TF1. Qu'est-ce ? Mais qu'est-ce donc ?

Ils sont 16 millions : ça va être duraille

Pour faire court, parce que ce billet est un billet d'humeur, comme on dit, vous avez été 16 millions à voter pour Martin Bouygues l'autre soir (désolé, le rédacteur n'a pas retenu la date). Le dit Martin Bouygues s'en est félicité, aidé des 4 millions de tweets de la soirée, qui disons-le, soulignent bien la médiocrité des utilisateurs du web 2.0, tant vanté depuis une décennie. Parce qu'au final, ce que Kitetoa tentait d'exprimer, est une chose toute simple : vous votez pour une société à laquelle vous adhérez en regardant ce mondial de football. Pas parce que c'est du foot. Pas parce que c'est du sport. Mais parce que c'est un système totalement corrompu, celui-là même que vous contestez dans les urnes ou chaque jour de l'année dans vos commentaires ou vos discussions.

Ce système, celui de la FIFA, et du Mondial, est celui de la finance internationale, du néo-libéralisme débridé, de l'écrasement des plus faibles par une poignée de milliardaires à la solde d'une seule chose : le pouvoir sur les masses.

Il est donc possible de renvoyer les fringues fabriquées au Bengladesh à la tête de l'auteur, de relativiser absolument tout pour justifier cette énormité morbide qu'est la Coupe du monde, mais rien n'enlèvera la réalité crasse des 16 millions de téléspectateurs  pro-Bouygues de TF1 du premier match de l'équipe de France au Brésil. Et cette réalité est celle-ci : en finançant Bouygues et ses sponsors par votre adhésion téléspectatrice, vous faites bien plus pour conforter ce système en place qu'en allant voter ou manifester. En réalité, vous le validez.

Et au final : vous n'avez que ce vous méritez.

Donc se plaindre, ensuite, est nul et non avenu. Le mieux est de baisser la tête, surtout quand l'événement sera conclu et que vous aurez à subir une fois de plus les décisions de ceux qui maitrisent le destin des nations : les multinationales.

Vous étiez 16 millions.

Ils sont quelques centaines.

Dommage, quand même.

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