Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

Visibull : visiblement pas au point

Coucou... Revoilà Bull/Amesys. C'est l'été, il faut s'amuser. Du lulz pour tout ! Chez Reflets, on ronronnait paisiblement au soleil (pour un mois de décembre, il fait plutôt beau), en sirotant une boisson sucrée pétillante lorsque DaHubbleVisionPowa© nous a alerté. Le message, en voix de synthèse métallique disait à peu près ça : "dites donc les gars, vous avez vu à quoi ressemble le discours de Bull/Amesys sur les fuites de données dans les entreprises ?

Coucou... Revoilà Bull/Amesys. C'est l'été, il faut s'amuser. Du lulz pour tout ! Chez Reflets, on ronronnait paisiblement au soleil (pour un mois de décembre, il fait plutôt beau), en sirotant une boisson sucrée pétillante lorsque DaHubbleVisionPowa© nous a alerté. Le message, en voix de synthèse métallique disait à peu près ça : "dites donc les gars, vous avez vu à quoi ressemble le discours de Bull/Amesys sur les fuites de données dans les entreprises ? Non, parce que vu ce que je récolte sur la galaxie Amesys et ce que vous racontent les cadres de Bull, il me semble que les cordonniers sont les plus mal chaussés". Ni une ni deux, n'écoutant que notre fibre journalistique, nous voici sur le pont.=

  • Ohé, vigie, vois-tu quelque chose à propos des fuites de données et des offres de Bull/Amesys ?

  • Oui capitaine, là, au loin ! Un VisiBull ! Du DPI au service de l'entreprise.

Ah, oui, ça on connaissait. Mais encore ? Et bien, il y a là leur discours commercialo-marketing.

Lisons...

Wahou! VisiBull "fait la chasse aux fuites d'informations". Commençons donc par là. Deux petits points :

  • Cher client Bull/Amesys, il y a des informations que vous voulez cacher au public ? Vous avez vendu vos produits sensibles à un dictateur notoire, vos produits servaient à chasser les opposants ? Il ne faudrait pas que cela se sache, l'expérience de Bull/Amesys sur ces points précis va vous aider à éviter une mauvaise publicité! Ayez confiance. Ils sont experts.
  • Pourquoi doit-on éviter des fuites de données ? Il y a des choses qu'une entreprise doit cacher à ses clients, au public, aux gouvernements ? Au monde qui l'observe ? Pour quelle raison ?

Bull, qui s'y connait en la matière, n'y va pas par quatre chemins : "Outre une réputation altérée, ces fuites peuvent avoir pour l'organisation qui en est victime de graves conséquences économiques et juridiques".Voyez-vous cela...

Et pour se protéger de ce genre de souci qui peut mener votre entreprise en Une de la presse internationale... "Bull a développé visibull, une solution novatrice de Data Leak Monitoring (DLM)".

Un doux nom pour ne pas dire un mini DPI, à l'échelle d'une entreprise. Après avoir aidé Kadhafi à pister ses opposants, après avoir aidé le roi du Maroc à pister ses opposants, Après aidé l'émir du Qatar, Hamad bin Khalifa al-Thani à pister ses opposants, et l'on en passe, Bull/Amesys aide les entreprises à pister les salariés qui pourraient être tentés de jouer les whistleblowers.

Et attention, hein, ce "machin", c'est du lourd, de l'intelligent : "La force de visibull est de se fonder sur des signatures intelligentes". Heureusement, parce que si c'était sur des signatures connes, les clients seraient bien ennuyés.

Et si les clients ne sont pas assez malins pour mettre en place visibull correctement, "tout au long de cette démarche qui associe métiers et sécurité, Bull accompagne ses clients par du conseil et des services spécialisés pour un usage optimal de visibull".

Que des pros, on vous dit. D'ailleurs, dans un autre document marketingo-commercial, Bull/Amesys, nous le précise : la sécurité est "une affaire d'experts".

Ce n'est pas que nous soyons obtus, mais tout de même... Il va falloir nous expliquer comment les "experts" de la sécurité" qui ne peuvent éviter à leur entreprise d'avoir l'air très bête et de se retrouver en Une du Wall Street Journal avec tous ses petits secrets exposés au grand jour, font -concrètement-  pour aider les autres à se protéger de ce genre de déconvenue.

Nous expliquer aussi comment Reflets a pu recevoir autant d'informations sur Bull/Amesys, sans rien pirater, bien entendu, mais en écoutant les salariés de Bull et d'Amesys qui avaient des choses à dire. Comment nous avons pu savoir que Amesys avait financé pour près de 130.000 euros le 10ème festival mondial des Arts Nègres, comment Amesys avait acheté pour 2 millions de dollars de matériel IBM à ServiWare pour monter le projet Eagle marocain avec l'aide de Alten, comment le patron de Bull, Philippe Vanier, avait fait retirer 3000 euros en liquide pour les faux frais lors de son voyage en Libye au début de la révolution qui a renversé son client. On en passe.

Le vrai savoir-faire d'Amesys, finalement, c'est peut-être le lulz...?

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée