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Édito
par Antoine Champagne - kitetoa

Une bonne claque aux p'tites mauvaises odeurs ?

Militant du parti Jobbik en Hongrie - Photo: Reuters Il y a comme une odeur pestilentielle qui s'étend sur cette planète. A Toulouse, à Paris, à Copenhague, à Bruxelles, au Proche et au Moyen-Orient, l'antisémitisme, l'intolérance, la haine, le racisme s'étendent. Un voile noir s'étend. Bien entendu, il est possible de chercher des explications. Et même d'en trouver. Mais certainement pas d'excuser ces dérives.

Militant du parti Jobbik en Hongrie - Photo: Reuters

Il y a comme une odeur pestilentielle qui s'étend sur cette planète. A Toulouse, à Paris, à Copenhague, à Bruxelles, au Proche et au Moyen-Orient, l'antisémitisme, l'intolérance, la haine, le racisme s'étendent. Un voile noir s'étend. Bien entendu, il est possible de chercher des explications. Et même d'en trouver. Mais certainement pas d'excuser ces dérives.

La crise économique qui touche la planète, génère, comme les précédentes, une recherche de boucs émissaires. Mais comme l'expression l'indique, le bouc émissaire n'est pas responsable de ce dont on l'accuse. Le manque d'accès à la culture, le désintérêt pour l'Histoire (que le gouvernement de Nicolas Sakozy voulait supprimer en première S), le repli sur soi, la déshumanisation liée à la vie dans les grandes agglomérations, les relations interpersonnelles qui se tendent sur les lieux de travail, on en passe. Oui, il y a des causes à la multiplication des actes antisémites, islamophobes, racistes. Mais pas d'excuses.

La France peut se cacher derrière un panneau "Je suis Charlie", il n'empêche... Elle a généré Mohammed Merah. Elle a généré Chérif et Saïd Kouachi, Amedy Coulibaly. Elle a généré un bande de décérébrés qui ont profané 250 tombes et un monument aux victimes de la Shoah du cimetière juif de Sarre-Union. Au nom de quoi ? De la politique du gouvernement d'Israël ? Quelle part de responsabilité ont les Juifs éparpillés dans le monde dans les décisions abjectes de bombardement de la bande de Gaza l'été dernier ? Aucune. Doit-on tuer des innocents au nom de décisions d'un gouvernement ? A quoi ressemble-t-on lorsque l'on tue des enfants pour "venger" ceux qui sont tués par d'autres ? Aux autres, justement...

Avec un président "décomplexé" qui a tant fait pour libérer la parole raciste à grands coups de "débat sur l'identité nationale", de tests ADN pour les immigrés candidats au regroupement familial, avec ses ministres pour qui "Quand il y a en a un, ça va... C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes!", la France a fait un bond en avant vers l'ignominie.

Décomplexé - Patrick Timsit par patricktimsit

La décomplexitude, la libération de la parole, c'est aussi un journaliste, Jean-Jacques Bourdin qui se sent autorisé à poser la question suivante à un homme politique : "Il [Manuel Valls] est sous influence juive ?" On pourrait s'interroger sur l'influence rance qui mène un journaliste à poser cette question. La réponse puante de Roland Dumas n'est pas plus excusable que la question de Jean-Jacques Bourdin. Les deux personnages sont tout aussi décomplexés... Ils mettent tous deux de l'huile sur le feu et participent à cet antisémitisme ordinaire que la France traîne depuis la nuit des temps et qui a tant prospéré quand l'Allemagne lui a offert des conditions idéales.

Le virage guerrier de la présidence Hollande nous mène sur la même route que celle tracée par Nicolas Sarkozy. « la France est en guerre contre le terrorisme, le djihadisme et l’extrémisme islamique » martèle Manuel Valls. « Nous devons agir là-bas pour nous protéger ici. », poursuit-il en traduisant quasiment mot à mot George Bush : « We will fight them overseas so we do not have to fight them here at home. ». Mieux, en reprenant à son compte l'expression « islamo-fascisme » prisée, justement, par les gens d'extrême-droite («Pour combattre l'islamo-fascisme, puisque c'est ainsi qu'il faut le nommer, l'unité doit être notre force»), le premier ministre s'engage sur une voie qui a déjà démontré ses effets. L'esprit guerrier de George Bush, celui de Nicolas Sarkozy en Libye, ont généré le chaos sur lequel prospèrent les fous sectaires de Daesh ou d'AQPA. En outre, reductio ad Hitlerum ne semble pas être une tactique rhétorique très efficace.

Hors des lieux où elles sévissent principalement, les principales victimes des disciples de ces sectes folles sont des Juifs. Etonnamment, avant que les actes terroristes ne touchent Charlie, personne n'avait pensé à décréter un deuil national ou une mise en  berne des drapeaux. Un peu comme si les attentats précédents étaient considérés par la communauté nationale comme une sorte de "guerre tribale" entre "Arabes et Juifs".  Mohamed Merah avait pourtant tué de sang froid des enfants. Probablement le plus abject des meurtres. A cette époque, ni deuil national, ni 4 millions de personnes dans la rue. Il nous faut sans doute aussi réfléchir à cela et nous confronter à notre échelle d'indignation. Même si les actes n'ont pas encore les mêmes conséquences (une longue litanie de morts), la spirale infernale est en route. Les tueries des frères Kouachi et de Coulibaly ont déclenché des actes islamophobes. Le cercle vicieux est bien enclenché. Ces actes ne peuvent être pardonnés non plus. Ils sont sans doute les prémices d'autre chose, plus grave.

Et ce n'est pas en parlant de guerre ou d'islamo-facsisme que les choses vont s'arranger. Car chaque camp de décérébrés sautera sur l'occasion pour justifier et encourager ses propres actes de "guerre", entendez, de terrorisme.

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