Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Yovan Menkevick

#Syrie : continuer à réfléchir ?

Des articles traitant de la propagande, dont un à propos de la Syrie et de Meyssan, mais aussi au sujet de l'influence de masse, ont été publiés sur Reflets. Ces sujets sont centraux si l'on veut continuer à comprendre le monde actuel. Et l'information qui nous parvient. Pour éviter de plonger dans une vaste bouillie intellectuelle et se laisser entraîner sur des pentes plus que glissantes.

Des articles traitant de la propagande, dont un à propos de la Syrie et de Meyssan, mais aussi au sujet de l'influence de masse, ont été publiés sur Reflets. Ces sujets sont centraux si l'on veut continuer à comprendre le monde actuel. Et l'information qui nous parvient. Pour éviter de plonger dans une vaste bouillie intellectuelle et se laisser entraîner sur des pentes plus que glissantes. La propagande, l'influence ne sont pas seulement du côté des Etats, elles sont aussi le fait de ceux qui haïssent les Etats : il devient parfois difficile de savoir ce qui n'est pas propagande ou tentative d'influence. Sur la Syrie, la nécessité de prendre du recul est grande. Afin de réfléchir en s'extirpant de l'aspect émotionnel ou partisan. Pour regarder de plus près, ce qui, de façon factuelle, est sur la table. Et mieux comprendre ce qu'il se trame, peut-être…? Allons-y, avec le sourire,  hein, parce que sinon…

Y a t-il de l'eau dans le gaz avec le Qatar ?

Il est établi que le royaume du Qatar, troisième plus gros producteur de gaz au monde après la Russie et l'Iran, finance massivement des factions rebelles syriennes. Trois milliards de dollars  depuis le début de la guerre, selon les calculs du Financial Times. Pour acheter des armes, beaucoup d'armes magzines de p0rn qui détendent les rebelles. D'où le fait qu'une armée régulière, celle dirigée par Bachar el-Assad, n'arrive pas à mater cette rébellion. Ce financement qatari n'est pas le premier à travers le monde en conflits, et le Qatar est le fief des frères musulmans. Les frères, ces fossoyeurs des révolutions arabes. Des islamistes fondamentalistes, adeptes de l'islam politique, qui tentent en permanence de se faire passer pour des progressistes, comme en Egypte. Ce qu'ils ne sont pas, pas plus que le pays qui les a créés, le Qatar. Sinon, cela se saurait. Le Qatar a réuni en novembre 2012 le Conseil national syrien (CNS) : une organisation réunissant les opposants à Bachar el-Assad. Le CNS a une vocation politique, puisqu'il doit remplacer le pouvoir en place une fois celui-ci tombé. Que s'est-il passé à la fin de ces "Assises de Doha" ? La signature d'un protocole, du même nom que le lieu qui accueillait ces assises : le protocole de Doha. Que contenait-il ce protocole? Les 13 points suivants, dont le N°7, très intéressant :

«1- réduction du nombre des soldats de l’armée syrienne à 50 000;

2- la Syrie ne pourra faire valoir son droit à sa souveraineté sur le Golan que par les moyens politiques. Les deux parties signeront des accords de paix sous l’égide des Etats-Unis et du Qatar;

3- la Syrie doit se débarrasser, sous la supervision des Etats-Unis, de toutes ses armes chimiques et bactériologiques et de la totalité de ses missiles. Cette opération doit se dérouler sur les terres de Jordanie;

4- annulation de toute revendication de souveraineté sur Liwa Iskandaroun et désistement au profit de la Turquie de certains villages frontaliers habités par les Turkmènes dans les «mouhafadhas» d’Alep et d’Idlib;

5- renvoi de tous les membres du Parti des travailleurs du Kurdistan, ceux recherchés par la Turquie lui seront livrés. Inscription de ce parti sur la liste des organisations terroristes;

6- annulation de tous les accords et conventions signés avec la Russie et la Chine dans les domaines des forages du sous-sol et de l’armement;

7- permettre le passage à travers le territoire syrien d’un gazoduc qatari à destination de la Turquie puis de l’Europe;** 8- permettre le passage à travers le territoire syrien des conduites d’eau en provenance du barrage Atatürk et à destination d’Israël;**

9- le Qatar et les Emirats arabes unis s’engagent à reconstruire ce qui a été détruit par la guerre en Syrie à la condition que leurs sociétés aient l’exclusivité de la reconstruction et de l’exploitation du pétrole et gaz syrien;

10- gel des relations avec l’Iran, la Russie et la Chine;

11- rompre les relations avec Hezbollah et les mouvements de résistance palestinienne;

12- le régime syrien sera islamique et non salafiste;

13- le présent accord entrera en application dès la prise du pouvoir» (par l’opposition, Ndlr). Fin de citation.

Eau et gaz à tous les étages comme dirait le défunt chanteur français.

Quelques billes en plus

Les saoudiens, salafistes, détestent le Qatar, parce qu'ils détestent les frères qui aiment bien déstabiliser les régimes en place. Tout comme ils détestent encore plus l'Iran et tout ce qui est chiite. Ils participent aussi à influencer l'opposition syrienne, les saoudiens. D'ailleurs le nouveau président du CNS est un pro-saoudien. Ca c'est cool pour la famille Saoud. Mais le Qatar n'est pas content. Parce que le Qatar discute depuis 2009 avec la Turquie pour faire passer son gaz par voie terrestre. Et le nœud de passage, le hub, c'est la province d'Al Qousseir, où se situe la ville de Homs. La ville que tout le monde veut prendre ou reprendre. Parce que Bachar a signé un projet de gazoduc, lui aussi, avec l'Iran, en juillet 2011. Le pipeline chiite, Iran-Irak-Syrie. Et les tracés des gazoduc passent tous par là. Quant aux Russes, ils n'aimeraient pas du tout que le Qatar amène son gaz en Turquie pour le vendre à l'Europe : ils sont les premiers fournisseurs des européens en gaz, les Russes…

Tout ça est à méditer, bien entendu.

Pas la peine de s'embarquer dans une explication simplifiée du conflit syrien avec le gaz qatari pour seul motif. Mais savoir que le financement de la rébellion par les pingouins de Doah n'est pas motivée par :

1) l'humanisme

2) La seul haine des allaouites

3) Une envie de dépenser sans compter parce qu'ils ont trop de caillasse

Mais plutôt : avoir un pouvoir sunnite de type frères musulmans qui les aidera à se libérer d'Ormuz et des méthaniers sous contrôle iranien, avec de grandes possibilités d'accords intéressants de tous types. C'est vrai, pour tirer le pipeline, il faut que l'Arabie saoudite soit d'accord qu'il traverse son territoire, et ça, ce n'est pas gagné. Mais avec le temps et des amis bien placés…allons savoir.

Tiens, un type qui réfléchit là dessus, un peu spécialiste de la région, et de ces questions, sur une chaîne internationale francophone :

 

Et la France des droits de l'homme ?

Oui, et aussi le prix nobel de la paix 2009 président de la plus grande démocratie du monde qui défend la veuve et l'orphelin, tel batman ? Mais ils attendent. Avec une obligation d'envoyer trois ou quatre missiles sur des bâtiments officiels pour montrer qu'ils haïssent le méchant dictateur (qui est méchant, et qui est dictateur, au passage), et qu'ils ne font ça que parce qu'ils sont les les gentils bisounours du monde qui punissent les méchants, parce que les armes chimiques #cestmal. Personne n'ira dire que les armes chimiques #cestbien, ça ne mange pas de pain. Lancer des missiles pour leurs propres intérêts ? Allons donc, vous pensez bien qu'il n'y en a pas, d'intérêts. Le Qatar n'a rien à voir avec la France, l'énergie, les investissements et tous ces trucs, c'est trop compliqué pour elle,  la France du petit président normal. Et les States, on sait bien qu'ils préfèrent bouffer du bison dans la prairie en jouant de l'harmonica ou écouter du rap sous a douche, plutôt que d'aller se mêler de tout, un peu partout, pour faire avancer leur business mondial…

Bon vent à vous. Et surtout : ne vous énervez pas, y'a pas de raison objective. Tout est sous contrôle.

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