Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Fabrice Epelboin

SOS Racisme plaide pour un régime Orwellien

Renforcer l'arsenal juridique contre internet, "principal outil de la diffusion de la haine raciale", pour Cindy Léoni, "il y a urgence à y mettre un coup d'arrêt". Le moins que l'on puisse dire c'est que la première sortie médiatique de la toute nouvelle présidente de SOS Racisme, dont le fondateur vient d'être nommé (à défaut d'être "élu" démocratiquement) à la tête du Parti Socialiste, est une catastrophe.

Renforcer l'arsenal juridique contre internet, "principal outil de la diffusion de la haine raciale", pour Cindy Léoni, "il y a urgence à y mettre un coup d'arrêt".

Le moins que l'on puisse dire c'est que la première sortie médiatique de la toute nouvelle présidente de SOS Racisme, dont le fondateur vient d'être nommé (à défaut d'être "élu" démocratiquement) à la tête du Parti Socialiste, est une catastrophe.

(intégralité de la vidéo ici)

Comme il est permis de douter que cette idée brillante sorte de ce qui lui sert de cerveau, il est - du même coup - permis d'avoir très peur de ce que nous réserve le nouveau pouvoir en place en matière de contrôle social et de mise sous surveillance de l'internet Français.

Dura Lex, Sed Lex

Initié dans un grand élan populaire dans les années 80 (full disclosure, j'étais à l'époque à fond là dedans), SOS Racisme a rapidement dégénéré en poussant le pouvoir en place vers une solution législative au problème du racisme. Solution qui s'est rapidement retrouvé être la seule et unique approche proposée par l'organisation.

Testing, et punition des contrevenants. De l'entrée de boites de nuits à l'envoi de candidatures à des offres d'emploi, la présidente de SOS Racisme convient elle même que les résultats font peur. A croire que la méthode est parfaitement innefficace pour lutter contre le racisme. Pourtant, il n'est nullement question de la remettre en cause, bien au contraire, SOS Racisme lance carrément un appel au gouvernement afin d'étendre l'arsenal juridique anti racisme Français à internet, afin d'y faire appliquer, par exemple, la loi Gayssot.

Surveiller (et bannir ?)

Par chance (pour Cindy), la méthode qui consiste à "surveiller et punir" se décline fort bien sur internet. Autre chance (toujours pour Cindy), les technologies qui permettent cela sont l'un des points forts de l'économie numérique Française. Elles ont été testées et approuvées par Ben Ali, Kadhafi et sont en cours d'installation chez Mohamed VI et dans de nombreux autres pays "amis de la France". Tout va bien pour Cindy, ou presque. Elle oublie juste un détail : ces contrées sont loin d'être des démocraties. On y nomme les dirigeants plutôt que de les élire (comme Harlem Désir, en pratique... comme quoi...).

Autant il est permis de trouver des excuses aux ainés de Cindy - trop vieux pour comprendre internet - autant Cindy est absolument inexcusable. En plaidant pour l'instauration d'un Big Brother en charge de traquer sur internet les propos racistes, ce n'est ni plus ni moins la surveillance généralisée du peuple Français que Cindy préconise. Elle ne s'en rend peut être pas compte, mais est-ce une excuse pour autant ?

La surveillance de l'internet, si l'on s'en réfère aux propos de Cindy Léoni, est déjà l'une des missions dont s'est saisi SOS Racisme. Mais voilà : la tache est "titanesque", et comme le souligne pernicieusement le journaliste qui l'interroge, il est impossible de faire cela "à la main". Cindy en convient, et en rajoute une couche : même en s'appuyant sur un vaste réseau de dénonciateurs (une tradition Française), pas moyen d'en venir à bout.

Que Cindy se rassure : la France, dans sa bienveillance, a su mettre au point des technologies suceptibles de surveiller une nation toute entière et de traquer sans répis les dissidents. Pétain en a rêvé, Amesys l'a fait. Peut importe que ceux-ci soient des opposants Lybiens sous Kadhafi, des militants des droits de l'homme Tunisiens sous Ben Ali ou des racistes Français sous Hollande, tout cela n'est qu'une question de paramétrage.

Evidemment, on sera invité à demander des comptes à SOS Racisme au cas - tellement improbable - où ceux contre lesquels elle lutte arriveraient au pouvoir en France, et modifieraient quelque peu le paramétrage du Big Brother voulu par SOS Racisme afin de surveiller autre chose.

Merci Cindy. Le Changement, c'est violent. Ceci dit, plus de doute, c'est maintenant.

1984, avec trois décennies de retard.

Rassurons nous, le réseau internet Français n'est pas encore prêt à être mis intégralement sous écoute. Il faudra pour cela en modifier de façon significativement l'architecture. C'est d'ailleurs le sens de la proposition 25 du rapport Bockel - signe que la remarque de Cindy s'inscrit dans une certaine cohérence en matière de politique du cyberespace national.

Une fois ces rectifications faites et les recommandations de Jean-Marie Bockel mises en application, on pourra enfin mettre la totalité de population française sous écoute, afin de traquer tout propos raciste en vu de le sanctionner. Pas d'affolement, étant donné la quantité d'infractions anticipée, le plus simple sera d'adjoindre à la surveillance un brin de censure - ce que préconise et met en œuvre dès à présent SOS Racisme. Ca tombe bien, ces technologies - surveillance et censure - sont faites pour fonctionner ensemble. Ca n'a donné aucun résultat probant jusqu'ici, raison de plus pour continuer dans le cyberespace, non ?

S'attaquer au racisme comme on fait le ménage : en mettant la poussière sous le tapis et en espérant que cela passera inaperçu ? On fait ça depuis trente ans, et ça commence à se voir.

Peut-être est il temps d'innover ?

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