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par Antoine Champagne - kitetoa

Regardez comme il est beau et intelligent mon Jeannot!

Dans la série des faits marquants du quinquennat qui s'achève, il faut retenir ce qui peut sembler un épiphénomène : le népotisme dont fait preuve Nicolas Sarkozy. Son fils Jean a été au centre de toutes ses attentions. Au point que l'inconcevable est vite devenu pour Nicolas Sarkozy quelque chose de très normal. Tout a commencé avec un accident de scooter. La Justice, se basant sur les opinions d'experts, a jugé que non, cet accident n'avait jamais eu lieu.

Dans la série des faits marquants du quinquennat qui s'achève, il faut retenir ce qui peut sembler un épiphénomène : le népotisme dont fait preuve Nicolas Sarkozy. Son fils Jean a été au centre de toutes ses attentions. Au point que l'inconcevable est vite devenu pour Nicolas Sarkozy quelque chose de très normal.

Tout a commencé avec un accident de scooter. La Justice, se basant sur les opinions d'experts, a jugé que non, cet accident n'avait jamais eu lieu. Non, Jean Sarkozy n'a jamais tamponné la voiture de M’Hamed Bellouti. D'ailleurs, ce n'est pas parce que ce dernier a relevé un numéro d'immatriculation correspondant au scooter du fils du président de la république que c'est bien le fils du président qui est l'auteur de l'accident. Sait-il seulement écrire les chiffres auvergnats correctement, ce monsieur ? Et puis merde, d'ailleurs ce scooter, il a été volé. OK, on a demandé à la police de faire des relevés d'ADN pour retrouver les voleurs. Et ça a miraculeusement marché. Et bien justement, si ça se trouve, ce sont les auvergnats (oui, les auvergnats sont spécialisés, comme les Roms d'ailleurs, dans le vol de poules et de scooters)  ayant chouravé le scooter, qui sont à l'origine de l'accident. Pendant leur fuite de Paris vers le neuf-trois ? Comment ça "trop gros, passera pas?"...

Non, tout cela, c'était juste un avant goût. Pour rire. Pour amuser le petit peuple et lui montrer comment tout cela allait évoluer.

Le meilleur est venu plus tard. Il y a eu l'exécution des basses oeuvres à Neuilly, puis la récompense. Les prémices d'un coup fumeux qui a failli être fumant. La nomination du Jeannot à la tête l'Etablissement public d'aménagement du quartier d'affaires de la Défense. Une des plus grosses machines à cash de la république. Pas con... D'autant que toute l'UMP était catégorique, Jeannot était l'homme idéal pour ce poste. 23 ans, aucun diplôme, aucune expérience. Tout pour réussir. Et tous de faciliter sa course vers le sommet, comme le précisait à l'époque Le Monde :

Pour Thierry Solère, conseiller général de Boulogne-Billancourt, l'ambition de Jean Sarkozy de briguer ce poste est légitime : "Jean Sarkozy souhaite assumer ses responsabilités et cela ne fait pour moi aucun doute qu'il aura le soutien de l'ensemble des conseillers généraux de la majorité", a affirmé l'élu. Pour accéder à la présidence de l'EPAD, Jean Sarkozy devra tout d'abord en intégrer le conseil d'administration. L'un des administrateurs, le conseiller général des Hauts-de-Seine Hervé Marseille, a déjà fait savoir qu'il démissionnerait de son poste à l'EPAD pour le lui laisser.Jeudi soir, sur France Inter, Jean Sarkozy a justifié sa candidature : "Je suis président de la majorité départementale depuis maintenant près de deux ans et, à ce titre, j'ai eu à connaître de tous les dossiers qui intéressent le département", a-t-il déclaré, jugeant la polémique "assez inutile et franchement facile", en réponse aux critiques formulées sur sa candidature. "Je demande à être jugé non pas sur l'état civil mais sur les actes et sur les résultats", a insisté le fils du chef de l'Etat.

Notez que Thierry Solère n'est pas payé en retour puisqu'il a servi, à son tour, de fusible il y a quelques temps. Claude Guéant veut se faire élire. Parlementaire, c'est une bonne planque et ça paye bien. Du coup il a fallu trouver un point de chute parachutage intéressant. Ce sera Boulogne-Billancourt. Thierry Solère est prié de laisser sa place. Las, il refuse. Pas grave, on l'exclut de l'UMP...

Oui, et alors ?

Je te vois venir ami lecteur... Nicolas Sarkozy place son fils à un poste fromagesque. Oui, bon et alors ? Ils l'ont tous fait, non ?

Peut-être, mais cet épiphénomène du quinquennat est révélateur de quelque chose et c'est ce quelque chose qui nous intéresse.

Nicolas Sarkozy n'a aucun souci éthique pour mobiliser les ressources de l'Etat au profit de ses proches. Ni pour accaparer les revenus possibles liés à l'exercice du pouvoir. Takkiedine, Bettencourt, appartement de Neuilly, il y a d'autres exemples dans ce sens.

Mais il y a aussi dans cette histoire de Jeannot, une méthode d'exercice du pouvoir qui transpire. Et elle n'est pas ragoutante.

Elle ne varie pas et s'applique à tous les domaines. On lance une idée. La plus inconcevable possible. Celle qui viendra le plus en contradiction avec le ciment de notre pacte social. On voit si ça passe. Si cela ne passe pas, on fait marche arrière. Mais pas complètement. Et c’est là que ça devient intéressant. C’est le principe suivant : deux pas en avant, un pas en arrière. Ou encore celui de la maskirovska.

Et ça marche à tous les coups. Couplez cela à une gestion pointue du rythme d’apparitions de maskirovskas, et vous obtenez un cocktail merveilleux qui vous permet de faire passer n’importe quoi. Laissez les media et l’opinion s’emballer, faites mine de ne pas reculer, puis, lâchez du lest. Et avant que qui que ce soit ait le temps de réfléchir au fait que vous avez fait deux pas en avant et un seul en arrière, lancez une nouvelle polémique. Oubli garanti pour la précédente. Le tour est joué.

L’affaire de l’EPAD et de Jean Sarkozy s’est finalement déroulée avec le même tempo.

Annonce publique de la nomination du fils du président à un poste pour lequel il n’est évidemment pas armé. Tollé. On tient le cap pendant deux semaines. Puis on annonce que l’on renonce. Soulagement général, de gauche à droite. Certains parlent même de « maturité » du petit qui annonce son retrait de la course à la tévé… Oubli complet. Plus personne ne parle de l’affaire.

Sauf que… A bien y regarder, Jean Sarkozy, 23 ans, le bac en poche, est nommé élu administrateur de l’EPAD. Bien sûr il renonce à se faire nommer élire président de l’établissement. Mais il est tout de même administrateur. Etrangement, personne ne conteste à Jean Sarkozy ses capacités à être administrateur de l’EPAD. Pourtant, entre le début de la polémique et sa fin, Jean Sarkozy n’a pas obtenu de diplômes, n’a ni gagné en âge ni en maturité...

cDc ownz you

Accaparer les ressources de l'Etat ne passe pas uniquement par des nominations opportunes.

Le livre de Sophie Coignard et Romain Gubert, L'oligarchie des incapables cite quelques exemples déprimants d'intervention directes de la Caisse des dépôts et consignations.

La Caisse a ainsi investi dans Naïve, la boite qui produit les albums de Carla Bruni et qui était en difficulté. Un investissement essentiel pour la France, tout le monde l'aura compris.

Mais il n'est pas isolé. Il y a aussi le soutien opportun à François de la Brosse, ex créateur de la Web TV de Nicolas Sarkozy pendant la campagne précédente. Ou encore, l'aide à Véolia, Qosmos, Amesys... On en passe.

Vivement que Jeannot soit élu président de la république.

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