Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

Qui des gouvernants des oligarchies ou des root auront le dernier mot ?

Les premiers tweets en provenance du FIC2013 ne laissent aucun doute. Les dirigeants des oligarchies et les responsables du secteur de la sécurité informatique n'ont rien appris. L'avenir est toujours aussi sombre, notamment dans ce secteur. Pour donner le ton, Jean-Claude Bourret est venu ouvrir le congrès. Reflets n'y était pas et nous ne pouvons dire s'il a parlé des ovnis qui mettent en péril le cyber-monde ou pas.

Les premiers tweets en provenance du FIC2013ne laissent aucun doute. Les dirigeants des oligarchies et les responsables du secteur de la sécurité informatique n'ont rien appris. L'avenir est toujours aussi sombre, notamment dans ce secteur. Pour donner le ton, Jean-Claude Bourret est venu ouvrir le congrès. Reflets n'y était pas et nous ne pouvons dire s'il a parlé des ovnis qui mettent en péril le cyber-monde ou pas. Mais lorsqu'un tweet de @zataz indique : "Une bombe de 250 kilos est moins dangereuse qu'une cle USB infectée, placée dans un centre de commandement.", là... On se dit que rien n'a évolué, au contraire.

La cyber-guerre fait des cyber-morts et ce n'est pas bien grave.

En revanche, la volonté appuyée le l'oligarchie et de ses relais d'hygiéniser le cyber-monde (gagnons tout de suite un point Godwin, ça fera gagner du temps), de créer un sentiment de peur, d'incertitude et de doute (FUD) dans la population pour faire passer des textes de plus en plus violents, de criminaliser à outrance tout acte lié de près ou de loin au piratage informatique, reste bien ancrée dans leurs esprits.

I know you were afraid. Who wouldn't be? War, terror, disease. There were a myriad of problems which conspired to corrupt your reason and rob you of your common sense. Fear got the best of you, and in your panic you turned to the now high chancellor, Adam Sutler. He promised you order, he promised you peace, and all he demanded in return was your silent, obedient consent. (...) Fear became the ultimate tool of this government. (...) Fear got the best of you.

N'ont-ils pas compris tous ces catastrophistes, ceux qui dépeignent les hackers comme d'affreux terroristes, un couteau entre les dents, une canette de Dr. Pepper à côté de la main qui tape les lignes de code maléfiques devant mettre à genoux les infrastructures vitales d'un pays ?

N'ont-ils pas compris que leur délire paranoïaque mène à des drames ?

N'ont ils pas entendu le message terrible envoyé par Aaron Swartz ? Son suicide est-il donc passé inaperçu pour eux ? Parce que chez certains, il a fait l'effet d'une bombe. Dans la communauté des hackers, bien entendu, mais aussi chez certains politiques.

La peur est un tel moteur qu'il est toujours plus simple et plus utile de parler de "cyber Pearl Harbor", de "Cyber Armageddon", que d'exposer des faits. Non, même si cela défrise certains vendeurs de matériels et d'applications, la "cyber guerre" n'a jamais tué personne. C'est un concept inventé par les militaires et la communauté du renseignement américain  pour continuer d'obtenir des budgets conséquents après la chute du mur de Berlin. Concept qu'a embrassé le secteur de la sécurité informatique pour vendre à ses clients gogos, des outils qui ne les protègeront qu'en partie.

En matière de sécurité informatique, les militaires américains sont des buses. Comme à peu près tous ceux qui se sont aventurés sur le Net. Cela n'a pas changé depuis 1994 et cela ne changera pas.

Comme partout, le principe "nemo auditur propriam turpitudinem allegans" (nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude) est jeté aux orties.

On est nuls mais quand on se fait trouer, au lieu de chercher les principaux responsables (soi-même), on pointe les "cyber-terroristes" qui ont failli mettre à mal le monde entier par leur injection SQL...

Le ridicule ne tue plus. Fort heureusement.

En revanche, leur volonté de condamner à plusieurs dizaines d'années de prison des informaticiens ayant franchi une ligne jaune, elle, tue.

La preuve.

"Do not fuck with us"

Au FIC2013, me direz-vous, ils ont conscience de ce qui se passe. N'y a-t-on pas entendu "Il n'existe pas aujourd'hui dans notre vie quotidienne de pan de la société qui ne dépende pas de l'informatique ou des télécoms".

En revanche, il semble qu'ils n'aient pas entendu Tyler Durden leur dire : "Look, the people you are after are the people you depend on: we cook your meals, we haul your trash, we connect your calls, we drive your ambulances, we guard you while you sleep. Do not fuck with us."

Qu'est-ce qu'ils n'ont pas compris dans ces cinq mots : "do not fuck with us" ?

Continuer à criminaliser des actes qui n'ont quasiment aucune incidence sur les autres êtres humains, créer un storytelling sur la dangerosité des hackers et des pirates (ce sont deux choses différentes) ne peut mener qu'à deux choses : des actes désespérés comme celui de Aaron Swartz ou à une escalade.

Dans un conflit ou une incompréhension entre deux "mondes", la radicalisation ne mène qu'au conflit physique ou armé. On n'a pas inventé les diplomates pour rien.

Parmi les gens qui commencent (c'est très lent, il faut en convenir) à trouver que tout ça va trop loin (même des entreprises ayant pignon sur rue) il y a ceux qui sont root sur vos machines messieurs les catastrophistes. Et franchement, vous ne devriez pas radicaliser votre relation avec eux.

Surtout s'ils sont en passe de trouver un sens à cette tirade et qu'ils se fâchent ici ou là :

Fairness, justice and freedom are more than words, they are perspectives.

Certains ont la quarantaine. Un passé de hackers bien terrible. Ils se sont fondu dans la société. On accédé à des postes de responsabilité. Mais surtout, comme à leurs débuts, ils se parlent. Ils se parlent horizontalement, en dehors de toute hiérarchie. Règlent des problèmes techniques loin des regards de leurs N+x. Ils n'ont pas besoin de vous. Vous ne comprenez rien à ce qu'ils font. Mais vous, vous avez vraiment besoin d'eux. Tout cela devrait franchement vous inquiéter.

 

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée