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par Antoine Champagne - kitetoa

Qosmos et FSI : restons optimistes, il reste quelques dictatures et quelques Etats policiers

Pendant qu'Amesys (désolé de troller cher Aziz Ridouan et chère Fleur Pellerin) voit les soucis judiciaires arriver, pendant que Bull maquille une pseudo vente de la partie Eagle en la cédant à son ancien dirigeant, Qosmos bouge. Cette autre entreprise spécialisée dans le Deep Packet Inspection et qui avait été prise la main dans le pot de confiture syrien est, comme Bull/Amesys, bénéficiaire de fonds publics via le Fonds stratégique d'investissement.

Pendant qu'Amesys (désolé de troller cher Aziz Ridouan et chère Fleur Pellerin) voit les soucis judiciaires arriver, pendant que Bull maquille une pseudo vente de la partie Eagle en la cédant à son ancien dirigeant, Qosmos bouge. Cette autre entreprise spécialisée dans le Deep Packet Inspection et qui avait été prise la main dans le pot de confiture syrien est, comme Bull/Amesys, bénéficiaire de fonds publics via le Fonds stratégique d'investissement.

Visiblement, en dépit de ces investissements, Qosmos ne va pas bien. Selon la lettre A (du 20 décembre 2012), l'objectif de chiffre d'affaires ne sera pas atteint :

"Qosmos, spécialiste du deep packet inspection (DPI), dans lequel le FSI a investi une dizaine de millions d'euros en septembre 2011, ne présente pas non plus un brillant compte de résultats. L’objectif de 14 millions € de chiffre d’affaires cette année ne sera pas atteint. S'ajoute à ces éléments la perspective d'un procès pour "complicité de torture" suite aux plaintes de la FIDH et de la Ligue des droits de l'homme pour le concours qu’aurait apporté l’entreprise - à travers certains sous-traitants - au régime syrien de Bachar al-Assad. Il faudra toutefois plus que ces arguments éthiques et financiers pour que le FSI se désengage. Pas question d'abandonner cette start-up véritablement stratégique qui permet de lire les flux de données sur le net".

Pourtant, en 2011  à l'époque de l'entrée du FSI au capitale de l'entreprise, tout le monde avait l'air si heureux, si optimiste :

Thibault Bechetoille, Président et CEO de Qosmos : « Cet investissement marque une étape importante dans la dynamique que l’entreprise a su mettre en place ces dernières années et valide plusieurs points : notre positionnement stratégique, notre business model de fournisseur de composants logiciels et notre vision de devenir le principal acteur spécialisé dans la technologie d’intelligence réseau. Nous nous réjouissons de l’arrivée de nos nouveaux partenaires à l’heure où le développement de l’entreprise s’intensifie à l’international. Cette collaboration intervient également à une période où nous devons répondre à la demande de fonctionnalités pointues de la part de nos clients éditeurs et équipementiers, et où nous envisageons de nouveaux cas d’application dans les secteurs des télécoms, de l’entreprise et de la cybersécurité. »Jean d’Arthuys, Directeur, Membre du Comité Exécutif du FSI : « Qosmos dispose d’un savoir faire unique, reconnu dans l’Intelligence Réseau, et avec un rayonnement international. L’investissement du FSI vise à donner les moyens à Qosmos d’accélérer son développement, et maintenir son avance technologique. Cet investissement confirme par ailleurs la volonté du FSI d’être moteur dans le secteur du numérique en France, et d’accompagner les sociétés françaises innovantes à fort potentiel de croissance. »

Nicolas Celier, partenaire chez Alven Capital et actuel membre du conseil de surveillance de Qosmos : « Les réseaux occupent plus que jamais une place essentielle dans notre quotidien. La technologie de Qosmos améliore leur efficacité et leur utilité, en contribuant à renforcer la sécurité et la disponibilité de ces réseaux pour tous ceux qui en dépendent. Nous sommes ravis d’accroître notre participation dans Qosmos à une époque où cette technologie vitale est amenée à jouer un rôle de plus en plus important dans l’économie numérique. »

Ahhh... Le bel et bon développement à l'international... Comme le répète Reflets, quitte à se faire traiter de troll par le porte-parole de Fleur Pellerin (ce qui dénote un étonnannt respect des victimes des technologies d'Amesys ou de Qosmos), ces infrastructures de surveillance à l'échelle d'un pays, ça ne peut se vendre, en principe, qu'à des dictatures ou des régimes policiers. Donc, à l'international...

Manque de chance, le printemps arabe, l'AmesysGate révélé par Reflets, Owni et le Wall Street Journal ont un peu freiné ce développement international...

Thibault Bechetoille a beau répéter qu'il ne vend pas à des dictatures, l'épisode syrien laisse rêveur. Il a beau utiliser un jargon marketing rigolo en parlant "d'intelligence réseau" pour dire surveillance en profondeur de tous les contenus passant sur un réseau IP, le FSI était assez clair dans son communiqué :

"Qosmos fournit une technologie de Network Intelligence (NI) qui offre une visibilité sans précédent sur le trafic réseau. Son environnement de développement logiciel et ses sondes IP intelligentes sont capables de reconnaître des milliers de protocoles et d’attributs protocolaires pour retranscrire le plus fidèlement possible l’activité du réseau. Allant au-delà de la technique du Deep Packet Inspection (DPI), Qosmos traite le réseau comme une véritable base de données, afin d’identifier, de rechercher et d’extraire des données de trafic avec une précision et un niveau de détail inégalé."

On peut difficilement faire plus précis...

Départ de Jean-Jacques Damlamian, le visionnaire

Dans la liste des membres du conseil de surveillance de Qosmos, Reflets avait repéré Jean-Jacques Damlamian. Une vieille connaissance. Directeur du développement de France Telecom, qui confiait devant votre serviteur, en marge d'une conférence de presse au début du Net, que France Telecom ferait tout pour ralentir son développement en France, au profit du Minitel nouvelle génération et du Kiosque Micro..."

Un visionnaire, comme le disait 01net.

Voici que Jean-Jacques quitte Qosmos. Toujours visionnaire ?

Sans doute pour raisons personnelles. Nous n'en savons rien.

C'est donc désormais Philippe Germond qui va "surveiller". Vous ne le connaissez peut-être pas. C'est le patron du PMU. Un vrai pari qu'il fait là sur l'avenir... Mais au delà des paris et des chevaux, cet homme est un expert dans le domaine des télécoms et des équipements réseaux puisqu'il a eu des postes très importants chez SFR, Atos ou Alcatel. Il sera appuyé par Pascal Daloz, directeur général adjoint de Dassault Systèmes...

Allez, encore un effort et les ventes à l'international vont décoller. Il reste pas mal de dictatures et d'Etats policiers, tout n'est pas perdu.

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